Le modèle “défection (exit), prise de parole (Voice) et loyauté (loyalty)” concepts dominants de l'ouvrage d'Hirschman (1972) intitulé “Face au déclin des entreprises et des institutions ”, trouve son origine dans les premiers travaux de l'auteur qui l'amènent à souligner l'importance des blocages d'ordre micro-économique dans le développement des pays en développement (Hirschman, 1958). Les dysfonctionnements constatés dans les chemins de fer nigériens l'incitent à proposer une analyse théorique des défaillances des firmes et des organisations et à présenter les modalités visant la résolution de celles-ci (Hirschman, 1972).
L'auteur s'interroge sur les comportements de deux groupes: client/membre et firme/organisation dont la relation donne lieu à un dysfonctionnement. Hirschman entend ainsi analyser les imperfections de la coordination. En première approche et selon lui, le client/membre peut réagir de trois manières : faire défection, ce qui traduit un comportement de rupture, de fuite ; prendre la parole, ce qui induit un comportement de discussion visant à aplanir collectivement la défaillance tout en maintenant la relation et/ou choisir la loyauté en demeurant fidèle envers sa firme ou son organisation. À ce titre, Hirschman place son modèle dans la tradition des principes et forces qui fondent l'équilibre du système économique, social et politique. Les concepts de défection, de la prise de parole et de la loyauté cherchent à unifier l'appréhension intellectuelle des mécanismes d'équilibre tels qu'ils sont représentés en science politique par la notion de “ contrat social ” et en sciences économiques par la loi de l'offre et de la demande (Hirschman, 1986). Bien qu'issus de disciplines différentes, les concepts opèrent de manière symétrique, et c'est vers la fusion de leurs fonctionnalités que Hirschman se penche.
Malgré cette grille d'analyse remarquable, certaines études montrent que son analyse demeure insuffisante pour être considérée comme modèle de l'action collective et protestataire.
[...] Exemple 4 : Lorsqu'il est entré au service de l'Université Monsieur X en partageait pleinement les objectifs et se réjouissait d'apporter à leur réalisation sa contribution enthousiaste. Cependant, les contraintes de l'autorité n'ont pas tardé à se faire sentir et à limiter ses initiatives. Mécontent, mais néanmoins confiant dans l'expérience de ses dirigeants, Monsieur X se soumettait de bonne grâce à leur autorité, sans perdre son attachement aux finalités de l'organisation. Avec le temps, Monsieur X a pris de l'assurance et, convaincu d'avoir raison, il s'est permis de critiquer la direction et de suggérer des modifications. Ses efforts pour améliorer l'organisation de l'intérieur furent mal accueillis. [...]
[...] Même en Afrique, elle tend vers le déclin, son sens original se rétrécit et se vide de toute signification d'antan. Donc, pour que la loyauté soit dotée d'une quelconque efficacité, elle doit sans cesse brandir la menace d'une possible défection (P.86). Approche méthodologique Nous pouvons donc dire que l'approche analytique d'Hirschman trouve son originalité dans sa démarche pluridisciplinaire. Il puise ses sources dans les différents domaines des sciences sociales (l'économie, la politique et autres disciplines) et tente de les réconcilier par une grille d'analyse riche de sens et nourrie de thèmes variés : les écoles privées et publiques, les partis politiques de différents régimes démocratiques, la coexistence d'entreprises en situation de concurrence et de monopole, etc . [...]
[...] BIBLIOGRAPHIE 1.- Hirschman constate que les transports ferroviaires nigérians ne parvenaient pas de lutter efficacement contre la concurrence des transports routiers 2.- CYERT March R et all (1963), Behavioral Theory of the Firm, Prentice- Hall, Englewood Cliffs, N.J., cité par l'auteur, p.17 3.- Simon H.A.(1952), Behavioral Model of Rational Choice”, Quarterly Journal of Economics pp.98-118, cite par l'auteur, p.17. 4.- MILGROM P. et ROBERT J. (1997), Économie, organisation et management, De Boeck Université, p.661 5.- BEAUCHEMIN, Malorie (2008), Deux adéquistes traversent la chambre Politique québécoise, Cyberpresse, htt : //www.cyberpresse.ca/actualité/quebec-canada/politique- quebecoise/200810/23/01- 2008-11 BAJOIT, Guy,(1988), Exit, Voice, Loyalty and apathy. [...]
[...] Fr rééd. Fayard,, Coll. L'espace du politique” - POLLACK (1993), Exit, Voice and the Fate of the German Democratic Replic: An Essays in Conceptual History, World Politics, and Vol Cité par HIRSCHMAN, A.O. (1993:174) - FREEMAN R., MEDOFF J. (1984), What Do Unions Do? New York, Basic Books 10. - GILLIGAN C., (1986), “Exit/Voice Dilemmas in Adolescent Development”, in Foxley A. ET all. Development, Democraty and the Art of Trespassing: Essays in Honor of A. [...]
[...] Partant, l'analyse doit s'ouvrir sur l'étude des processus qui permettent de résoudre ces défaillances temporaires et potentiellement remédiables. Défection La défection est le principe spontanément envisagé par l'économiste. Le déclin d'une firme sujette à des défaillances se traduit par une baisse de compétitivité qui, dans un régime concurrentiel, entraîne une perte de clientèle au profit des autres firmes. Il s'agit d'un mécanisme indirect. Par exemple, si la qualité des biens offerts par une firme se détériore, une partie de la demande se tourne vers une offre alternative, ce qui aura pour conséquence soit d'alerter l'entreprise de sa défaillance et la conduire à en corriger l'origine, soit d'entraîner sa faillite si elle ne peut ou ne veut pas réagir. [...]
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