En quoi les "open space" constituent-ils des limites à l'expression des hommes au travail au sein des organisations ?

Résumé du document

Comment ne pas être, aujourd'hui, interpellé par toute la polémique qui entoure l'open space. Notion ambiguë, l'open space nous provient du modèle de gestion anglo-saxon.
Nombreux sièges sociaux de grandes multinationales américaines arrivent à faire rêver les jeunes diplômés européens alors même que ces derniers proposent un aménagement en open space telles que Google, Apple, Pixar,… Mais pourquoi l'importation de ce modèle en France semble être si délicate ?
Dans son rapport sur les suicides survenus au Technocentre de Renault, le cabinet Technologia liste ce modèle d'aménagement des espaces de travail comme l'un des facteurs de risques psychosociaux dans l'entreprise. 
Dans l'open space, personne ne vous entend crier ? Il peut se révéler qu'« un espace dit « ouvert » peut-être enfermant par le regard des autres. » (Baron et Kostrubala – 2009). L'homme au travail se dénaturerait au lieu de s'accomplir se rendant étranger à lui même, se mutilant lui-même ne sachant comment exprimer sa souffrance au travail.  Ce rapport très grave ne peut nous laisser impassibles.

Extraits

[...] Ce contrôle est ainsi vu comme un manque de confiance dans le travail de l'individu et donc en sa personne, celui-ci s'identifiant directement à son travail. En ce sens, Philippe Iribarne affirme : Contrôler passe pour témoigner d'un manque de confiance offensant envers quelqu'un que l'on juge incapable de remplir lui-même les devoirs de son (p46). En conséquence, le contrôle social décrit précédemment, accentué dans l'open space se heurte à la logique de l'honneur des individus. Il s'agit d'une question de confiance devant être rétablie. Finalement, passer en open space n'est pas qu'une question d'organisation de l'espace. [...]

[...] Cela peut être relié à la situation des salariés travaillant en open space, ils n'ont plus d'espace qui leur est réservé et peuvent donc ressentir ce manque d'intimité, d'autant plus que la sphère privée et la sphère professionnelle se mélangent coups de fil personnels devant tout l'open space). Ce phénomène social engendré par le modèle panoptique, qu'on retrouve dans l'open space, entre en contradiction avec la pudeur, le respect de la vie privée et la bulle privée nécessaire à tout homme (L'enfer, c'est les autres. [...]

[...] Au regard de notre étude, on peut finalement conclure que l'efficacité de l'open space dépend de la culture d'entreprise. Elle dépend également de la nature du métier : l'open space fonctionne très bien dans les métiers à tendance créative nécessitant une importante communication, une fluide circulation de l'information (exemple d'Apple, Microsoft, Google). Au final, le souci économique est-il vraiment minimisé puisque les dépenses au niveau du design, des espaces collectifs et autres aménagements inhérents à l'open space sont très importants ? [...]

[...] Mais on peut se demander si l'open space n'est pas plus un nouveau mode de management qu'un mode organisationnel. C'est d'ailleurs le point de vue qu'ont adopté Alexandre des Isnards et Thomas Zuber dans L'open space m'a tué. Or, bien souvent la mise en place de l'open space se limite à ce changement d'aménagement au lieu de changer les pratiques managériales. Mais ce bouleversement impacte directement le modèle culturel français basé sur des valeurs de fierté et de dignité qui ne peuvent disparaître du jour au lendemain. [...]

[...] Pourtant les entreprises continuent de les implanter dans leur organisation. Or cette organisation effraie les managers qui voient leur position remise en question. Dans une société française où la distance hiérarchique est d'autant plus importante, cette situation est souvent mal vécue et décriée d'où une tendance à utiliser à mauvais escient cette organisation de l'espace. Or comme le soulève Muriel Jaouen dans l'article publié en avril 2012 dans Capital L'open space ouvre de nouvelles perspectives aux managers En effet, ce serait l'occasion unique d'introduire de nouvelles manières de manager en positionnant son rôle comme celui qui va accompagner les salariés dans le développement de la polyvalence tel un coach qui travaille directement avec ses équipes. [...]