Le budget offre aux actionnaires et aux partenaires de l'entreprise une image positive et dynamique. Il correspond à un contrat passé entre l'entreprise et ses actionnaires. Ces derniers attendent le niveau de rentabilité qui leur a été proposé par la direction, lors de la présentation du budget. Ainsi, le budget est l'expression du contrat de gestion qui permet la délégation du pouvoir. Cette notion de délégation est héritée de l'organisation en centre de responsabilité mise en place chez General Motors par A. Sloan. D'autre part, le budget permet de présenter la situation et la structure financière d'une société telles qu'elles devraient être dans un futur proche. Le budget fourni à la direction un document permettant de voir et prévoir les actions à mener pour atteindre les objectifs fixés. C'est une représentation chiffrée et détaillée du "business plan" qui permet de savoir précisément comment le plan prévisionnel d'exploitation sera réalisé.
La création des budgets est un travail long qui requiert la participation de tous les acteurs de l'entreprise. Chaque service évalue les ressources qui seront nécessaires à son fonctionnement, et, pour les services commerciaux, le chiffre d'affaires que son activité va rapporter à l'entreprise. Ainsi, lors de la consolidation de l'ensemble des budgets, il est possible de représenter la situation future de l'entreprise, et donc de savoir si les objectifs à moyen terme, présentés aux actionnaires et détaillés dans le "business plan", seront réalisables. (...)
[...] En particulier, un système de récompenses ou sanctions peut être mis en place en fonction du respect des objectifs budgétaires. A condition d'être bien utilisé, ce système de récompenses - sanctions peut avoir une influence positive sur la motivation des managers. Cependant il peut aussi être un facteur important de dysfonctionnement. En vue d'atteindre les objectifs fixés et la récompense qui en découle, des comportements égoïstes peuvent naître au détriment de la bonne marche de l'entreprise. La construction du budget faisant l'objet de négociation entre le manager et son supérieur, les objectifs vont être négociés de façon à ne pas risquer de compromettre l'obtention des récompenses par le manager. [...]
[...] Dans cette situation, le manager sera plus préoccupé par la recherche d'argument justifiant l'adéquation entre ses réalisations et le budget réajusté que par l'atteinte des objectifs initiaux. Pour limiter le conflit entre évaluation et motivation, Barrett et Fraser (1978) proposent l'utilisation de budget glissant (Gervais M., 2009). Ceux-ci s'effectuant sur des périodes relativement courtes, ils limitent l'incertitude et sont donc plus réalistes. L'évaluation est souvent associée à la rémunération. Mais ce lien peut engendrer des effets pervers sur la performance de l'entreprise. On constate dans les entreprises que l'obtention de bonus peut être corrélée à l'atteinte des objectifs. [...]
[...] Et enfin la disponibilité limitée des moyens oblige à gérer la pénurie et anticiper les besoins. Le budget est donc un outil de stabilité qui permet d'anticiper le futur plutôt que de le subir. Selon Bouquin H. (2004), le budget est (ou devrait être) l'expression comptable et financière des plans d'action retenus pour que les objectifs visés et les moyens disponibles sur le court terme (l'année en général) convergent vers la réalisation des plans opérationnels. Le processus budgétaire est donc un moyen de décliner la stratégie de l'entreprise et de la traduire en termes financiers. [...]
[...] Mais ce relâchement de la pression hiérarchique ne signifie pas absence de contrôle. Le budget a un double rôle de délégation des responsabilités en déclinant les objectifs à atteindre mais aussi en permettant une surveillance des comportements grâce à l'analyse des écarts entre les prévisions et les réalisations. Cependant, cette gestion des hommes entre en conflit avec le rôle de domestication de l'incertitude qui conduit à accroitre la précision et le détail des budgets ce qui a pour conséquence de les rendre trop stricts La délégation du pouvoir Le budget peut être appréhendé comme un outil de contrôle des actions des managers. [...]
[...] Le manager sera ainsi tenté d'attendre le 31 décembre pour lancer un projet afin que celui-ci ne détériore pas son évaluation en termes de respect des objectifs budgétaires. Cependant, dans un contexte d'évolution rapide des marchés, le retard engendré par ce comportement opportuniste peut mettre en péril la survie de l'organisation si les concurrents exploitent ce retard. De même, en cas de bons résultats durant l'année, le manager va être tenté de ralentir son activité en fin de période afin de ne pas trop dépasser son objectif. [...]
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