La mondialisation des échanges semble aller de pair – et pour certains être la cause - de grandes dégradations économiques, sociales et écologiques. Le débat sur la globalisation amène à aborder des thèmes sociétaux comme l'accroissement de la pauvreté, les risques écologiques, le travail des enfants, le chômage …
Or, si ces sujets sont étudiés dans le cadre de la mondialisation, c'est qu'ils semblent liés à la production des richesses. Dans cette optique, l'entreprise est alors au centre de ces polémiques. Le modèle libéral dominant dans nos économies occidentales fait de l'accumulation des profits la cause d'un bien-être (à l'équilibre), et de l'entreprise l'outil de production de ce profit. Ce dernier est accusé de générer, au contraire de son but initial, un mal-être social, économique, écologique… L'entreprise est donc interpellée sur ces sujets d'ordre éthique, elle aurait un rôle à jouer, celui de rechercher l'amélioration de la vie en collectivité.
Les entreprises ont pris conscience de cette exigence qui provient de nombreuses parties prenantes comme les clients, les syndicats de salariés ou les associations de défense de l'environnement, et tentent d'y répondre dans un souci de préservation de leur image et aussi de rentabilité.
[...] Dans les termes de la théorie de l'agence, on peut affirmer que l'entreprise sera éthique si l'agent obéit au principal (les actionnaires) qui souhaite des actions socialement responsables. Les actionnaires cherchent souvent un profit rapide et sûr. Or, l'éthique est perçue comme rentable dans des termes souvent non monétaires. De plus, les fonds éthiques (placements financiers composés de titres de sociétés connues pour leurs efforts en la matière) semblent abandonnés par les investisseurs en période de crise. L'éthique est alors vue comme un coût qui désavantage la firme face aux concurrents moins scrupuleux. [...]
[...] Dans le cas de Nike la norme utilisée (OSHA) semble insuffisante pour garantir des taux de salaire et des conditions de vie descentes à des salariés coréens, mais assez efficace pour que Nike justifie d'une gestion éthique et conserve des parts de marché. Ensuite, le contrôle de l'entreprise sur sa chaîne de valeur dépend largement du droit applicable dans le pays de peu équipées mais aussi trop peu concernées par le sort des ouvrier(e)s de ces usines. L'entreprise pâtit de ce laxisme en terme d'image mais en profite en terme de marge bénéficiaire puisque les coûts du travail sont dérisoires Telle est la gestion de l'éthique de la firme : un calcul de rentabilité, un arbitrage entre le risque de la perte de client due à une gestion éthique et les bénéfices tirés de cette même gestion. [...]
[...] L'éthique, l'investissement socialement responsable font donc partie de la gestion de la firme ; elle est même un marché en elle-même dont les grands cabinets d'audit, comme PWC, ont l'exclusivité. Les firmes comme Nike cherchent à montrer qu'elles ont socialement responsables en montrant la certification éthique d'un cabinet célèbre. Les critères de la morale entrepreneuriale se retrouvent alors dictés par les sociétés de consulting habituellement spécialisés dans l'audit financier. Conclusion Cette dernière donnée montre bien que le rôle social et éthique de l'entreprise fait partie de sa gestion financière. Parmi les décisions et investissements que doivent examiner les dirigeants, se trouvent des considérations sociétales qu'ils ne peuvent éluder. [...]
[...] Néanmoins, les actionnaires peuvent se montrer soucieux de l'orientation sociale des avertissements de la firme. Exemples : Années 1970 : boycott d'actionnaires contre les entreprises engagées dans la guerre du Vietnam. Années 1980 : boycott contre les sin stocks (actions du pêché) i.e. entreprises de vente d'alcool, tabac, sexe Années 1990 : boycott contre les entreprises en lien avec l'Afrique du Sud (campagne contre l'apartheid) La gestion éthique suppose une bonne gestion des coûts La recherche du profit suppose la minimisation des coûts de production. [...]
[...] La gestion devient morale et rentable lorsque la firme associe ses salariés au mécénat ; elle répond à leurs aspirations à l'épanouissement personnel, valorise leur appartenance à l'entreprise (idée de culture) et justifie l'utilisation de sommes dans un mécénat plutôt que dans l'augmentation des salaires. La rentabilité d'un investissement éthique est donc collective mais elle peut concerner les acteurs internes de l'organisation. Ces derniers influencent le fonctionnement de l'organisation par leurs alliances ou coalitions. Puisqu'il est question de profit, celui issu d'actions éthiques intéresse les actionnaires. La gouvernance de la firme peut-elle être éthique ? [...]
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