Il s'agit d'une dissertation en science politique ayant pour objet d'étude le sujet suivant :
« La citoyenneté s'exerce-t-elle nécessairement dans le cadre d'une nation ? ».
Ce document clair, exhaustif et très structuré s'avèrera fort utile pour de nombreux(ses) étudiant(e)s en science politique, sociologie, Droit, IEP, IPAG, AES, GEA… et bien entendu tout(e) autre intéressé(e) comme par exemple pour préparer certains concours.
[...] Le philosophe grec avait pris soin de préciser que l'exercice de la citoyenneté, qui s'inspire de l'idéal de contemplation, ne peut s'accommoder d'une « existence ouvrière et mercantile ». Le dépérissement de la dimension politique de la vie en société au profit de son caractère économique est donc dans la logique même du productivisme capitaliste, qui impose une nouvelle forme de rapports sociaux basée sur le travail. S'attachant à l'analyse de la liberté des anciens comparée à celle des modernes, le célèbre discours prononcé par Benjamin Constant en 1819 présente ainsi un citoyen qui, au contraire de ses ancêtres romains ou athéniens, fuit la sphère des affaires publiques pour s'adonner à ses droits les plus précieux : « choisir son industrie et ( ) l'exercer », « disposer de sa propriété » Le pouvoir politique, dont la fonction essentielle est de garantir l'existence d'un cadre institutionnel permettant les échanges entre particuliers, se trouve donc confié à un groupe de techniciens qui se fait plébisciter au moment des votes. [...]
[...] Si, étant confrontée aux faits, cette distinction symbolique perd de sa signification, elle a le mérite de définir deux façons d'être citoyen d'une nation : l'une est subie, indifférente et induit une conception consumériste de la citoyenneté ; l'autre est active en ce qu'elle réclame de l'individu une manifestation d'ordre politique. Qu'on ne se méprenne pas, ces deux formes d'appartenance sont amenées à coexister dans tout ensemble national et ne tiennent pas à des spécificités locales. Simplement, en tentant d'associer des théories de la nation opposées et, prenons l'exemple de la France, en exigeant des candidats à la naturalisation un geste volontaire d'adhésion aux valeurs nationales, l'Etat moderne a légitimé l'existence d'une citoyenneté double dont les formes diffèrent essentiellement selon le degré de participation à la vie politique qu'elles impliquent. [...]
[...] La principale difficulté est donc de concilier dans une même dynamique citoyenne l'affection portée à des valeurs culturelles traditionnelles et la capacité à s'extraire de toute appartenance nationale "physique". Les tentatives pour dépasser cette tension ont été nombreuses chez les Juifs, peuple longtemps resté sans territoire assigné. Les persécutions dont ils ont été victimes ont contribué à intensifier le lien affectif qu'ils entretiennent avec leurs traditions folkloriques et religieuses mais les revendications de nombre d'entre eux, du fait même de l'existence de la diaspora et du caractère foncièrement discriminatoire des constructions nationales au sein desquelles ils ont vécu, s'inspirent volontiers de l'universalisme. [...]
[...] Parallèlement, le creusement des inégalités entre nations exerce une pression à la hausse sur le solde migratoire des pays les mieux dotés, d'où un durcissement des lois contrôlant l'immigration et une fermeture progressive des frontières, notamment dans un contexte de crise économique. Une telle « marchandisation » des rapports sociaux est également à l'origine d'un dépassement de la nation par le haut. Les faibles débouchés offerts par le cadre national à une économie de plus en plus concentrée incite les détenteurs du capital industriel et financier à franchir les frontières pour conquérir de nouveaux marchés. Dans une brochure publiée en 1916, Lénine dévoilait les caractères fondamentaux de cet impérialisme, qu'il décrit comme le « stade suprême du capitalisme ». [...]
[...] Dérivant des théories contractuelles de l'Etat développées par Hobbes ou Rousseau, ce courant de pensée voit dans l'appartenance à une nation la volonté de chaque individu de s'identifier à une communauté de sentiments soudée par une histoire et des projets collectifs. L'attachement à la patrie manifesté par chacun dans un « plébiscite de tous les jours » (Renan) est ici le fondement de la nationalité. Pour généreuse et humaniste qu'elle paraisse, cette conception n'en est pas moins stratégique et, de fait, elle heurte de front l'approche ethno-culturelle développée outre- Rhin. [...]
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