Dès le XIXe siècle, plusieurs auteurs tels que Saint-Simon ou Auguste Comte se sont intéressés au rôle des experts dans la vie politique française, et ont notamment étudié la question de la légitimité et de l'efficacité d'un « gouvernement des experts ». Deux siècles plus tard, dans un contexte ayant connu des évolutions considérables, le rôle des experts est à nouveau questionné. Désormais plus limité au domaine politique, le rôle des leaders est aujourd'hui étudié « sous toutes ses coutures », et notamment dans les entreprises et organisations.
Les experts sont des individus qui se distinguent des autres. Disposant de connaissances et de compétences techniques certaines et nombreuses, ils sont également dotés de plusieurs autres capacités (parmi lesquelles la capacité à résoudre des problèmes complexes ainsi que des capacités d'intuition et d'analyse puissantes) qui en font des êtres hors du commun. Ainsi, les deux auteurs de l'article de la Harvard Business Review intitulé « The experts in your midst », Michel Prietula et Herbert Simon, montrent au travers d'un exemple tiré de la vie quotidienne que les experts semblent avoir un rôle particulier à jouer au sein des organisations modernes.
[...] Parmi eux figure par exemple Pierre Naville, qui s'interroge notamment sur le rôle de la qualification (qui désigne les qualités d'une activité ou d'une personne) au sein des organisations. Selon lui, deux éléments sont importants dans la notion de qualification : - l'opération (c'est-à-dire ce que l'on demande aux individus d'accomplir) - le temps (il s'agit ici de la durée d'apprentissage). Pierre Naville pense donc que la qualification est intimement liée avec le processus d'apprentissage, c'est-à-dire de contact et/ou de confrontation avec la réalité, le terrain et avec des collègues ayant plus d'expérience. [...]
[...] Ainsi, Michel Prietula et Herbert Simon s'attachent à montrer, tout au long de l'article que nous avons étudié, que les experts sont des individus hors du commun, qu'il convient de traiter comme tels et qui ont un rôle bien particulier à jouer au sein des organisations, concernant notamment la conduite du changement et l'apport d'innovations. Etre expert serait donc un avantage comparatif certain à l'heure où la concurrence sur le marché de l'emploi fait rage. C'est la raison pour laquelle les deux auteurs concluent leur article sur l'éventuelle possibilité de devenir expert lorsque l'on n'est pas né expert. [...]
[...] Ainsi, confier la gouvernance des organisations aux experts semble possible, mais leur confier cette tâche peut s'avérer dangereux. En effet, les experts disposent de certaines capacités de portabilité qui peuvent leur permettre de quitter l'entreprise à tout moment. C'est ce que pensent les trois auteurs de l'article Are leaders portable (également tiré de la Harvard Business Review), B. Groysberg, N. Nohria et A. McLean, qui s'appuyent sur la théorie de Gary Becker. Selon eux, certaines des compétences des experts sont facilement transférables d'une entreprise à l'autre et rendent donc les experts volatiles. [...]
[...] Mais quel rôle faut-il leur donner dans les organisations ? Selon eux, le rôle principal que les experts doivent endosser dans les entreprises et autres organisations de notre ère moderne concerne l'innovation. Ce sont eux qui doivent être chargés de la mise en place de processus innovants, car leurs capacités leur permettent de résoudre les problèmes du présent et d'envisager le futur avec une certaine sérénité. Leur intuition et leur forte capacité d'analyse leur permettent de comprendre rapidement les changements et leur expérience les aide à envisager des solutions. [...]
[...] Ces abandons peuvent avoir des conséquences très graves, notamment si l'on a laissé les experts seuls aux commandes de ces organisations. Il apparaît donc clairement qu'il n'est pas pleinement souhaitable de voir l'ensemble des organisations modernes gouvernées par les experts, mais qu'il est préférable d'allier la présence des experts à une structure organisationnelle solide, dans laquelle tous les collaborateurs seraient compétents et auraient des initiatives. Tous les membres des organisations doivent avoir un rôle à jouer, mais aucun d'entre eux ne doit être absolument indispensable, sans quoi l'organisation peut très rapidement être mise en danger. [...]
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