Comment la microfinance est‐elle en train de s'institutionnaliser ?
A l'heure ou les marchés financiers et leurs récentes dérives sont vivement critiqués pour leur courses effrénées aux profits, leurs prises de risques abusives et les spéculations
destructrices, il semble intéressant de s'intéresser à une forme de finance qui, a priori, va à l'encontre de ces pratiques, puisqu'elle accorde une importance majeure à l'aspect social.
Après l'année 2005, déclarée Année de la Microfinance par l'ONU, et l'objectif de réduction de la misère dans le monde à l'horizon de 2015, cette forme de financement relativement nouvelle revêt un intérêt d'étude tout particulier.
En effet, à l'opposé de la recherche unique de la maximisation des profits, se sont développés au cours des dernières décennies des systèmes de financement alternatifs qui considèrent le prêt non comme une source de revenus mais comme un moyen de sortir les
plus démunis de la misère. Cette vision altruiste qui peut sonner comme un pari risqué a, au contraire connu une croissance fulgurante ces trente dernières années face au rejet de nombreuses personnes aux faibles moyens du système bancaire traditionnel et ce dans
toutes les zones du Monde.
[...] Entre 2004 et 2008, l'actif total d'ACEP a été multiplié par 4 atteignant ainsi plus de 18 millions de dollars. Dans le même temps, ses bureaux sont passés de 14 à 3 et les employés de 43 à 92. L'IMF a donc recentré ses activités dans une zone géographique restreinte malgré des moyens en hausse. Le nombre d'emprunteurs à doublé en 4 ans, pour atteindre 7215 en 2008,pour une valeur totale du portefeuille de 16,5 millions de dollars (multiplié également par 4 depuis 2004), alors que la proportion de crédits accordés aux femmes ont baissé de 10% Le prêt moyen par emprunteur a donc doublé, de 1380 dollars en 2004 à 2291 en 2008. [...]
[...] Cependant, malgré la croissance rapide du secteur, quelques fonds gèrent la majorité des véhicules d'investissement, parmi lesquels BlueOrchard (450 millions de dollars d'actifs dans trois fonds), Procredit Holding AG (390 millions, société mère de 18 IMF) ou Oikocredit (260 millions répartis dans plus de 300 IMF). Evolution du nombre de MIV dans le monde Croissance totale des actifs sous gestion de MIV Source : CGAP 2009 Malgré une croissance fulgurante, ce type de véhicules d'investissements dédiés à la microfinance n'est pas sans soulever un certain nombre d'interrogations. En effet, le manque de transparence et d'information ne permet pas toujours d'évaluer les MIV ni de les comparer entre elles. [...]
[...] Rapidement, l'offre de produits s'est accrue par le jeu de deux facteurs. Le premier, plutôt positif, est que le microcrédit standard, une fois son objectif atteint (à savoir sortir les bénéficiaires de la misère et leur permettre de s'enrichir durablement) ne correspondait plus aux attentes des clients existants. En effet, après un premier emprunt et une activité développée, bien souvent les emprunteurs ont besoin d'une somme plus importante et pendant plus longtemps de manière à s'agrandir plus significativement. De même, quand les emprunteurs sont plus aisés, la demande de produits d'épargne se fait sentir, tout comme celle de s'assurer ou d'emprunter pour acquérir une maison. [...]
[...] Ensuite, l'organisation du marché clairement identifiée les mécanismes éclairés, les phénomènes qu'ont fait apparaitre la microfinance devront d'être étudiés. En effet, la finance était jusqu'à présent régie par le couple risque rendement les deux éléments étant indissociables les uns des autres. Dorénavant, il faudra intégrer la notion de social pour arriver à une équation permettant d'indiquer quelles performances sociales, pour quelles performances financières, pour quelle prise de risque ? Les IMF (Institutions de MicroFinance) ont elles réellement un impact social et comment peut-il être mesuré ? [...]
[...] Plusieurs fonds ont d'ailleurs accepté de respecter certains principes de respect des clients, de l'environnement et de la gouvernance des IMF Partie 2 : Un équilibre social et financier Quand on évoque la microfinance, le terme de double bottom line est souvent employé. La bottom line fait référence au résultat net, dernière ligne du compte de résultat des entreprises et au combien important pour mesurer la performance financière de l'entreprise car elle indique le gain ou la perte réalisée au cours de l'exercice. Dans le cas de la microfinance, on considère que l'objectif final est double : non seulement une performance financière positive, mais également un réel impact social sur les clients. [...]
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