Dès 2005, la dette publique française est revenue au centre des préoccupations des hommes politiques et des citoyens, à l'issue notamment du rapport Pébereau publié le 14 décembre de la même année. Alors largement décriée par les politiques, elle a été quelque peu éclipsée par la crise économique et financière mondiale qui n'a pas épargné l'Hexagone. Elle restait toutefois en filigrane dans de nombreux discours concernant la politique budgétaire française ; on se souvient à ce titre du premier ministre François Fillon déclarant : « les caisses de l'Etat sont vides ».
Oui mais voilà, la crise économique et financière est passée par là et les politiques semblent avoir changé d'optique : la dette publique n'apparaît plus comme un fardeau mais bien plutôt comme nécessaire et allant de pair avec une relance économique efficace de la France. On en donne pour preuve les derniers chiffres publiés et les discours qui les accompagnent: selon le collectif budgétaire, la dette publique de la France devrait atteindre 73,9 % du PIB en 2009 (contre 66% prévus), et cette tendance haussière devrait se poursuivre puisqu'en 2010, la dette publique française devrait culminer à 78 % du PIB. On est donc bien loin des critères du Pacte de Stabilité et de Croissance selon lesquels la dette publique d'un pays ne doit pas dépasser 60% du PIB et son déficit public la barre des 3% du PIB (la France a un déficit public proche des 8%).
Alors certes, le contexte économique actuel de la France (récession, chômage…) -qui entraîne mécaniquement une baisse des recettes et notamment des recettes fiscales (- 6,5 milliards)- est pour partie responsable du déficit public colossal de la France en 2009, mais le creusement de la dette publique s'explique aussi et surtout par les dépenses relatives au plan de relance (2,65 milliards d'euros pour les mesures d'accompagnement social, 6,9 milliards d'aide à l'industrie automobile). Plan dont on nous affirme qu'il est nécessaire car bénéfique, à plus ou moins long terme, à la France.
[...] On voit alors que globalement, la France produit plus qu'elle ne consomme, ne vit pas à crédit et que chaque nouveau-né est riche de 166666€ à sa naissance (patrimoine public et privé -autoroutes, crèches, - divisé par le nombre d'habitants). Dès lors, ne peut-on nuancer le discours selon lequel la croissance économique n'est d'aucune utilité pour la croissance économique ? III) Des nuances et une certaine utilité de la dette publique Petit retour sur la théorie L'Etat, un agent pas comme les autres. [...]
[...] Au-delà de la régulation conjoncturelle, l'endettement peut jouer un rôle positif sur la croissance économique. La théorie et les faits économiques ont en effet mis en évidence l'influence positive de certaines dépenses publiques : elles peuvent effectivement assurer la cohésion sociale d'une économie nationale ce qui la rend attractive notamment au regard des investissements étrangers, elles peuvent également favoriser la formation de capital humain (éducation, santé ) et le rendre ainsi plus productif ce qui est une externalité positive pour la croissance économique, Les dépenses publiques peuvent également être favorables à l'environnement (infrastructures de transport/communication qui améliorent l'efficacité des entreprises) et créer des externalités positives sur la croissance économique, enfin, la dette publique peut contribuer au financement des innovations, au progrès de la connaissance comme la recherche fondamentale -parfois délaissée par l'initiative privée lorsque les retombées financières sont insuffisantes- qui est un investissement de long terme pour renforcer la croissance économique d'une nation. [...]
[...] La dette publique française connaît un nouveau palier en 2006 puisqu'elle passe de 59% en 2002 à 66% PIB et crève le plafond en 2009 en atteignant du PIB. La France est en dessous du niveau de la zone euro approximativement au niveau de l'UE15 ou des Etats-Unis et très largement en dessous du Japon (159%). En termes de dette nette (dette brute moins les actifs financiers détenus par les administrations), la France est à 44% du PIB contre 58% pour la zone euro ou de l'OCDE et des Etats- Unis La situation de la France est donc loin d'être une exception (graphiques 1 et particulièrement en ce qui concerne la forte croissance de la dette publique française depuis 2008-2009. [...]
[...] La dette publique diminue le stock de capital privé de la nation. La conséquence la plus sérieuse d'une dette publique conséquente est qu'elle fait passer du capital hors du stock privé de la nation. La conséquence est directe puisque cela ralentit le rythme de la croissance économique et donc le niveau de vie future s'affaiblit. Mais comment la dette publique peut-elle influer sur le stock de capital ? On sait que les agents économiques accumulent de la richesse pour diverses raisons : retraites, logements, éducation Ils sont ainsi en possession de deux types d'actifs ; du capital (maisons, actifs financiers comme des actions d'une entreprise ) et des titres de la dette publique. [...]
[...] II) La dette publique : un handicap pour la croissance économique Les tenants de cette approche avancent divers arguments, à la fois théoriques, empiriques et éthiques. Du point de vue de la théorie Des pertes d'efficacité liées à l'impôt. En ce qui concerne les arguments théoriques, le premier que l'on peut avancer est celui des pertes d'efficacité liées à l'impôt. En effet, une dette intérieure nécessite de payer des intérêts aux porteurs des obligations de la dette ; pour ce faire, des impôts vont être prélevés. [...]
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