De nos jours le budget de l'Etat est synonyme du très journalistique « mille milliards de dettes ». Cet argument massue du panier percé donne à la population l'idée que le budget de la France n'est qu'un jeu positif ou négatif en terme de comptabilité, dans la plus pure tradition du mercantilisme voire du bullionisme. Cela raye d'un trait les avancées majeurs du XXème siècle en matière de science économique.
Malgré tout, cette inquiétude latente vis-à-vis de la dette publique, et au regard de la faible croissance économique et d'un fort taux de chômage, pose un question fondamentale : le budget de l'Etat reste t-il un instrument important de politique économique ?
Au sens strict, le budget de l'Etat est une loi votée par le Parlement qui prévoit et autorise les dépenses et recettes de l'Etat.
La politique économique, quant à elle, est l'ensemble des interventions de l'Etat dans l'économie. Ces interventions sont caractérisées par la hiérarchie des objectifs poursuivis et le choix des instruments mis en œuvre pour l'atteindre.
Historiquement le budget de l'Etat servait à accomplir ses fonctions régaliennes (police, justice, armée et quelques bien collectifs). Mais avec la récurrence des crises et des défaillances du marché et de l'économie (avec comme point culminant la crise de 1929), l'Etat est apparu comme le seul agent économique capable d'agir.
[...] L'Etat injecte donc dans l'économie, en investissant (new deal), en subventionnant, en embauchant plus de fonctionnaires, ou bien en baissant l'imposition et les charges tout en conservant un même niveau de dépenses. Selon le schéma IS/LM, cette politique budgétaire en traîne une augmentation des richesses nationales. L'augmentation du taux d'intérêt est compensée par une action de politique monétaire expansive de la part de la banque centrale. Sur le plan de la courbe de Philips l'inflation a progressé, mais le chômage a baisé. C'est donc une politique de relance budgétaire contra cyclique, doublée d'une politique monétaire d'accompagnement. Ce modèle d'intervention budgétaire a marché durant les Trente Glorieuses, en Europe et aux Etats-Unis. [...]
[...] L'Autriche, les Pays-Bas respectent le Pacte de stabilité. Mais il n'en va pas de même pour la Grèce, l'Italie. De plus les deux grands pays moteurs de l'Union ont, à partir des années 2000, à subir de gros déficits publics. L'Allemagne et la France sont sous le coup de sanctions. Mais chose extraordinaire, les ministres des finances réunis décident de lever les sanctions pour ces deux pays, en 2004. Cette rébellion face au Pacte de stabilité et de croissance crée un précédant sans commune mesure. [...]
[...] De plus la récurrence des politiques budgétaires crée des anticipations adaptatives ce qui fait que les agents, en prévoyance d'une future inflation n'embauchent pas où investissent moins. De même les ménages, prévoyant une hausse future des impôts, consomment moins et augmentent leur épargne. De plus en économie ouverte, ce qui est le cas avec la mondialisation des années 1980, les exportations sont misent à mal. Les entreprises nationales embauchant moins et investissant moins sont donc moins compétitives sur le marché international. Face à la faiblesse du marché intérieur, le regain d'activité crée par la politique budgétaire profite donc surtout aux importations de l'extérieur. [...]
[...] Après un temps de forte remise ne cause, le budget de l'Etat est de nouveau réintégré comme instrument à part entière de la politique économique. Non seulement son pouvoir de stabiliser les crises économiques et de relancer les économies atones est reconnu, mais son action est primordiale dans certains secteurs. Malgré tout il convient de rappeler un changement important qui a été opéré. Lors des politiques contra cycliques de relance keynésienne, la politique budgétaire guidait l'action de l'Etat et la politique monétaire servait d'accompagnement. [...]
[...] Ces dépenses se font au détriment d'investissements économiques ou d'aides sociales. Pour éviter cette contrainte trop pénalisante, les économistes ont découvert la notion de politique budgétaire soutenable La soutenabilité correspond au fait que les finances publiques puissent rester solvables, c'est-à-dire conserver un niveau de dette qui sera couvert à l'avenir par de surplus budgétaires (M. Cabannes, Contraintes et enjeux, Cahiers français n°335). En bref il ne s'agit pas de remettre en cause le recours au déficit budgétaire. I faut que les Etats n'en viennent pas à un jeu à la Ponzi : c'est-à-dire emprunter pour pouvoir rembourser. [...]
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