L'ouvrage de François Morin s'interroge sur les dysfonctionnements de l'économie globalisée et financiarisée, et sur le moyen de sortir de la crise dans laquelle elle s'est enfoncée. Dans cet essai, l'enjeu est éminemment politique. En effet, selon l'ancien membre du Conseil général de la Banque de France, la situation de l'entre-deux-guerres en France se répète, mais à l'échelle mondiale, en mettant en confrontation directe un monde de l'argent tout-puissant avec la sphère politique. Le Cartel des gauches entre 1924 et 1926 a été défait par deux fois par le pouvoir financier. Les gouvernements Herriot et Painlevé-Caillaux ont ainsi chuté en se heurtant à ce « mur de l'argent » selon les dires du Président du Conseil Herriot. En 1933, Daladier avait connu le même destin face aux « deux cents familles ». À l'époque, les banques étaient accusées de défier et dominer la sphère politique. Aujourd'hui, les banques internationales, évoluant dans un environnement globalisé, mais surtout libéralisé, détiennent un pouvoir de marché (les taux swaps pris comme référence par exemple) et écrasent l'économie réelle. La question est alors de trouver un pouvoir capable de réguler cette finance globalisée qui s'emballe.
François Morin va ainsi paraphraser Herriot pour taxer cette domination de « nouveau mur de l'argent ». Il va ainsi filer la métaphore pour étudier tour à tour les fondations de ce mur, sa hauteur, ce pourquoi il gagne du terrain, le ciment qui le maintient, les failles possibles, et enfin qui en est le maître d'ouvrage, avant de conclure sur une solution possible afin de juguler cette expansion sans fin.
[...] Le mur de la finance globalisée est ainsi susceptible de céder sous le poids des dérives spéculatives. L'auteur distingue le spéculateur classique, celui dont la fonction est d'endosser le risque et sur lequel il ne faut pas porter de jugement négatif, des spéculateurs savants et des spéculateurs manipulateurs. Les vraies dérives spéculatives sont à chercher du côté des deux autres types de comportement spéculatif. Le spéculateur savant est celui qui multiplie les dérivés sur un même sous-jacent, il crée des sous- produits ou des multiproduits dont la valeur peut dépasser excessivement la valeur du sous-jacent. [...]
[...] Le second enjeu est celui de la stabilité. Deux cycles récursifs ont lieu concurremment : le premier est financier et est porté par cet impératif de valeur actionnariale qui pousse les firmes à des prises de risques excessives ; le second porte sur les produits dérivés, dont le marché est hautement spéculatif, ce qui conduit à la création d'une bulle sur ce dernier. Le dernier enjeu est celui de la légitimité. Exit les modèles de capitalisme anglo-saxon et rhénan. Place à un nouveau modèle de capitalisme dit de marché financier qui fait intervenir trois acteurs : les banques internationales, les investisseurs institutionnels (et parmi eux, essentiellement les gestionnaires de compte pour tiers) et les firmes. [...]
[...] Par leur petit nombre, elles forment un oligopole bancaire puissant disposant d'un pouvoir de marché, notamment à travers le prisme des contrats de gré à gré de type swaps et la fixation de ces taux, considérés désormais comme les taux d'intérêts de référence ; autrefois, ce rôle incombait aux taux d'intérêts des titres de la dette publique. Également, cet oligopole, en plus de son pouvoir de marché, est puissant au moyen de des rendements importants de l'ordre de 15%[8]. Conclusion : laisser faire ou faire front Bien évidemment, le but affiché de l'ouvrage est de dessiner les contours d'un nouveau pouvoir de régulation globale à la mesure de la finance globalisée. Les autorités existantes étant dépassées par le phénomène. [...]
[...] Cela laisse ainsi penser à une vision très court-termiste de la part de ceux qui endossent le risque en contrepartie, et donc laisse présager le spectre de comportements spéculatifs. Ainsi, on voit bien se dessiner un écrasement de la sphère réelle par la sphère financière. Ainsi, les transactions du seul marché des actions totalisent une fois et demi le PIB des Etats-Unis des transactions mondiales relève du domaine de la finance, et ce à cause des béquilles coûteuses que constituent ces produits dérivés, seul moyen d'assurance sur des marchés financiers incertains. [...]
[...] Les gouvernements Herriot et Painlevé-Caillaux ont ainsi chuté en se heurtant à ce mur de l'argent selon les dires du Président du Conseil Herriot. En 1933, Daladier avait connu le même destin face aux deux cents familles À l'époque, les banques étaient accusées de défier et dominer la sphère politique. Aujourd'hui, les banques internationales, évoluant dans un environnement globalisé, mais surtout libéralisé, détiennent un pouvoir de marché (les taux swaps pris comme référence par exemple) et écrasent l'économie réelle. La question est alors de trouver un pouvoir capable de réguler cette finance globalisée qui s'emballe. [...]
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