Les « logiques financières » sont désormais incontournables dans les grandes questions d'actualité économique. La dimension financière est ainsi omniprésente dans les problématiques liées à la gouvernance des entreprises, aux revenus des grands patrons, aux retraites, etc. On parle d'ailleurs de « capitalisme financiarisé » pour caractériser la forme actuelle du système économique. Cette financiarisation du capitalisme s'illustre par la capacité du pouvoir actionnarial de contrôler les entreprises en prenant appui sur l'opinion boursière, indépendamment même du seul contrôle direct des capitaux. Les avis émis par les agences de notation ont ainsi un impact visible sur le cours des actions, alors même que ces agences ne sont pas détentrices de capital.
La question-clé est de savoir si les marchés financiers sont à même de produire une évaluation correcte de la valeur d'une entreprise - autrement dit, de savoir si le cours d'une action reflète sa bonne santé économique dans l'« économie réelle ». Or les économistes spécialistes des questions financières sont partagés sur la question.
[...] Cependant, cette thèse néoclassique apparaît déconnectée de la réalité. En effet et en règle générale, les comportements irrationnels loin de diverger et de se neutraliser mutuellement, concordent : dès lors, l'irrationalité peut avoir un impact important sur les marchés. Dans ce cadre, il peut s'avérer rationnel d'encourager les comportements irrationnels, par exemple en suivant une tendance haussière irrationnelle profiter de la hausse, puis revendre ses actifs avant que la réalité ne rattrape les autres opérateurs et ne conduise à une chute brutale du cours des actions. [...]
[...] En effet, lorsqu'on cherche à tester empiriquement cette théorie, on se rend compte que l'évolution des prix sur les marchés financiers ne correspond que très partiellement aux informations nouvelles émises sur l'état de santé économique des entreprises. Dès lors, il semble que la valeur des actifs soit désolidarisée de l'économie réelle. Comment expliquer cette dichotomie ? La théorie comportementaliste Les économistes comportementalistes expliquent cette dichotomie par deux raisons fondamentales : Tout d'abord, les agents intervenant sur le marché financier ne seraient pas tours rationnels : leur comportement ne serait donc pas entièrement dicté par la situation réelle des entreprises. [...]
[...] Dès lors, le cours des actions est déterminé par les croyances des investisseurs, et l'on assiste à un krach ou à la formation d'une bulle spéculative en cas de saillance c'est-à-dire de conjonction entre les attentes des opérateurs boursiers[1]. Dès lors, les perturbations frappant les marchés financiers sont bien dues à la rationalité des agents, et l'on est en droit de penser qu'elles sont inévitables, car liées à la structure même de ces marchés. Lire à ce sujet J. Mehta, C. Starmer et R. Sugden American Economic Review juin 1994. [...]
[...] Les marchés financiers sont-ils rationnels ? D'André Orléan L'auteur Diplômé de l'Ecole polytechnique en 1971, André Orléan entame une carrière d'administrateur à l'INSEE (1976-1987) tout en poursuivant ses études à l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique (de 1976 à 1987) et à l'Université Paris I-Panthéon-Sorbonne (dont il sort doctorant en 1980). Il se consacre ensuite à la recherche, au sein du CNRS puis de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, dont il est directeur d'études depuis 2006 ; en 1993, il devient membre du Conseil scientifique de la Commission des Opérations de Bourse puis de l'Autorité des marchés financiers qui lui succède en 2004. [...]
[...] La théorie néoclassique La majorité des économistes considèrent que les marchés financiers constituent en règle générale un bon indicateur de la santé économique des entreprises. Ils s'appuient sur la théorie néoclassique des marchés financiers, laquelle postule la rationalité des opérateurs boursiers (les agents et l'existence d'une transparence parfaite sur les marchés financiers. Pour ces économistes, on peut donc parler d'efficience des marchés financiers lorsque les prix des actifs (actions, obligations ) reflètent toute l'information disponible sur les entreprises : le degré d'efficience du marché étant proportionnel à son degré de transparence. [...]
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