L'ouvrage s'inscrit dans la suite de La Mondialisation financière, genèse, coût et enjeux, paru en 1996, que F.Chesnais entend réactualiser à la lumière des phénomènes apparus depuis.
Les processus de libéralisation et de mondialisation financière s'inscrivent dans le cadre de rapports politiques et militaires internationaux, observables dans le raidissement des forces sociales et des États les plus étroitement liés à la finance mondialisée face aux oppositions venues de ceux que les libéraux désignent pudiquement comme les «perdants de la mondialisation». Comment expliquer cependant que ces «perdants» soient si nombreux ? Pourquoi a-t-on assisté à une concentration encore plus grande de la richesse depuis vingt ans entre un très petit nombre de mains, dont la majeure partie vit dans un très petit nombre de pays ?
C'est au sujet de cette question que le livre cherche à apporter un élément de réponse, par l'attention qu'il porte sur le «pouvoir de la finance», en cherchant à en souligner les racines sociales ainsi que certains des sous-bassements et des conséquences politiques.
[...] Les Etats les plus puissants ( . ) ont décidé de libérer les mouvements de capitaux, de déréglementer et décloisonner leurs systèmes financiers. Mais ils ont également favorisé et facilité la centralisation des fonds liquides des entreprises et de l'épargne des ménages. Le tout dans le contexte particulier de recyclage (à partir de 1976) des pétrodollars sous forme de crédits des banques internationales aux gouvernements du tiers-monde. Reprenant Fitoussi qui parle de «dictature des créanciers», Chesnais rappelle qu'il n'y a pas de dictature sans coup d'Etat. [...]
[...] Ces acteurs contribuent à l'instabilité croissante des marchés financiers en multipliant les transactions et les opérations de placement de plus en plus risquées. L'accumulation financière produite par l'institutionnalisation de l'épargne a conduit à l'accroissement de la demande de placement en actifs financiers, à la hausse de leur prix ainsi qu'à leur volatilité. Ce faisant, les fonds ont participé à la formation et à l'entretien d'une bulle chronique qui a fini par se dégonfler brutalement en 2000. Catherine Sauviat révèle aussi que malgré leurs engagements de long terme, les fonds de pension et gestionnaires de mutual funds ont tendance à se comporter davantage comme des traders focalisés sur les opportunités de profit financier engendrées par les mouvements de cours des titres que comme des investisseurs soucieux de la capacité de l'entreprise d'engendrer un flux de profit durable. [...]
[...] Ceci dément l'affirmation conventionnelle selon laquelle les marchés financiers observent avec répulsion l'usage de la violence militaire. Après les guerres en Afghanistan et en Irak, les «marchés» américains sont peut-être en train d' «internaliser» dans leur comportement l' «inéluctabilité» de nouvelles guerres et d'opérations militaires, de forger en quelque sorte une convention «guerre sans limites», dans laquelle l'utilisation discrétionnaire de la force armée par les Etats-Unis constitue leur nouvel horizon. Cette convention est fondée sur l'espoir que la suprématie militaire permettra aussi longtemps qu'il est possible l'économie américaine à l'abri des conséquences produites par un mode de production et de consommation «insoutenables» pour une large partie de la planète. [...]
[...] On peut distinguer deux sous-périodes pour analyser l'insertion financière des pays en développement : 1970-1981 & 1990-2000. Les prêts bancaires, qui constituaient plus des deux tiers de l'ensemble des flux dans la première période ne représentent plus que 11,7% dans le total de la seconde période. Les prêts bancaires ont cédé de plus en plus la place à des flux d'investissement directs et de portefeuille. Toutefois, le processus d'intégration financière ne se réduit pas à une trajectoire unique que l'ensemble des pays en développement emprunterait. [...]
[...] La montée rapide du déficit commercial a aussi pour cause l'appréciation en termes réels du taux de change (conséquence aussi du succès des politiques de lutte contre l'inflation). La libéralisation et la déréglementation, ainsi qu'une politique de taux d'intérêt élevés vont attirer des capitaux spéculatifs. Dans un premier temps, cette entrée de capitaux assure les financements du service de la dette et du déficit de la balance commerciale. La crédibilité ainsi acquise est telle que les capitaux affluents, que les réserves des banques centrales augmentent et enfin que les monnaies nationales s'apprécient encore davantage. [...]
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