2 907 000 000 000 €. C'est selon le consensus FactSet Estimates la capitalisation boursière partie en fumée pour les 1 000 premières sociétés de la planète entre fin juin 2007 et début février 2008, dont 47 milliards en 24 heures à travers la chute de 13 % de l'action de la General Electrics. Ces mêmes firmes auraient vu leurs profits chuter de 158 milliards d'euros sur la même période. La cause majeure ? La crise du subprime.
Le mot est dans toutes les bouches, dans tous les journaux et sur tous les écrans de télévision depuis le milieu de l'été 2007 : « subprime ». Cet évènement majeur venu des Etats-Unis impacte de manière majeure et globale le système financier mais aussi l'économie de manière générale. Ses conséquences sont lourdes pour le système bancaire mondial, et la France n'est pas épargnée. La dépréciation des créances titrisées entraîne le passage d'importantes provisions, la crise de liquidité entraîne la méfiance des banques les unes envers les autres ainsi qu'une hausse des taux d'intérêt.
Nous analyserons les réactions à moyen et long terme des banques du monde aux perturbations plus ou moins fortes qu'elles ont pu ressentir. Autrement dit, en quoi la modification des portefeuilles d'activité et de métiers des banques peut-elle être une réponse adéquate à la crise du subprime ?
Nous allons donc étudier cette crise et ses conséquences sous l'angle de la stratégie bancaire exclusivement. Bien sûr, cette problématique n'a de sens que si l'on prend pour cible des groupes bancaires ayant à la fois une activité de banque de détail et une activité de Banque de Financement et d'Investissement. Ainsi, en premier lieu nous présenterons succinctement la crise des subprimes et les relations – à la fois cause et conséquence - qu'elle a nouées avec les banques. Cette démarche est nécessaire à une compréhension complète du sujet et aidera à mener une réflexion plus approfondie par la suite. Dans un deuxième temps, nous verrons de quelle manière les banques ont intérêt à répondre à cette nouvelle conjoncture en se recentrant sur leur métier de base. La dernière partie fera l'éloge d'une diversification des métiers bancaires mesurée et sécurisée.
[...] Néanmoins, il est cohérent de se demander si un excès de réglementation ne risque pas de produire des effets pervers. En effet, dans le cas des subprimes, les banques avaient tout simplement logé les crédits à risques en dehors de leur bilan grâce à la titrisation. D'où, accroître la contrainte réglementaire risque de les pousser à imaginer des procédures et des produits plus complexes afin d'y échapper. Doit-on alors laisser le marché s'autoréguler, ou donner les pleins pouvoirs à des autorités régulatrices qui traiteront au cas par cas ? [...]
[...] Pour 2008, les analystes s'attendent à une baisse de des revenus de ces activités plus risquées. Cela revient-il à dire que les banques vont devoir revenir à leur cœur de métier pour faire face aux conséquences de la crise ? La banque commerciale comme solution à la crise Il ne faut jamais trop s'éloigner de ses métiers de base, qui consistent à gérer de l'épargne, à collecter des dépôts et à accorder des crédits à bon escient Baudoin Prot, Directeur Général de BNP Paribas La crise a déjà coûté 11 milliards d'euros en 2007 et provoqué une baisse de 20% du résultat brut d'exploitation des 6 premières banques françaises (Caisse d'Epargne, Banque Populaire, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Crédit Mutuel). [...]
[...] Mais le secteur bancaire, qui en a vu d'autres, a de multiples possibilités de rebondissement. Soit les banques jugent qu'elles sont allées bien trop loin dans la prise de risque et elles se concentrent dorénavant sur les métiers de banque commerciale de base en séparant leurs activités BFI/banque de détail de manière distincte et définitive, soit elles décident de s'autoréguler sur les marchés à risque en renforçant les contrôles en interne, soit elles poursuivent dans une toute autre voie afin de compenser les risques inhérents à leurs autres métiers ces hypothèses de comportement n'étant pas mutuellement exclusives. [...]
[...] Le taux Euribor 3 mois, sur lequel le taux d'intérêt des prêts est axé, était de au 15 juin 2007, de le 15 octobre, atteignant un pic de fin décembre. Cela signifie que les taux du marché de refinancement étaient supérieurs aux taux des crédits long terme sans risque : les banques pouvaient prêter à perte ! Ainsi, le spread Eonia/ Euribor a quadruplé en moins de 6 mois. Afin de pallier à cette hausse, la BCE s'est engagée en décembre 2007 à prêter en quantité illimitée et anonymement au taux de pour deux semaines pour réduire les difficultés à emprunter sur le marché interbancaire. [...]
[...] Nous étudierons brièvement les effets sur l'économie réelle puis nous nous concentrerons sur le cœur de notre sujet, les banques. Les conséquences pour l'économie réelle Les difficultés de financement des banques ont conduit ces dernières à être beaucoup plus regardantes dans leurs octrois de crédits, ainsi qu'à élever leurs taux de prêts aux ménages et aux particuliers. Ainsi, quand une banque perd 1 milliard d'euros sur les marchés financiers, c'est 2,5 milliards qu'elle ne peut pas distribuer sous forme de crédit aux ménages et aux entreprises. [...]
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