La Taxe Tobin (Tobin Tax) permet de lutter contre la spéculation financière. Elle a été imaginée, comme son nom l'indique, par James Tobin, ancien conseiller du Président John Kennedy, professeur à l'Université de Yale et prix Nobel d'économie en 1981. Dès 1972, le professeur a émis l'idée d'une taxe qui serait imposée sur toutes les transactions de change afin de décourager « les spéculations qui effectuent des allers et retours en quelques semaines ». En effet, instaurer une telle taxe serait infiltrer « un grain de sable dans le mécanisme bien huilé des marchés», selon les mots du professeur. La Taxe Tobin est donc directement liée au phénomène de spéculation, et par là aux mécanismes de change sur le marché financier. Même si elle n'a pas encore été mise en place, la Taxe Tobin a été encouragée par certains, refusée par d'autres (Mundell et Friedman), détournée de son objectif original (par ATTAC), mais a au moins permis d'expliciter et d'apporter une solution au paradoxe entre une sphère financière totalement déconnectée de la sphère réelle où des spéculateurs peuvent s'enrichir, parfois même aux dépens des Etats, et une pauvreté accablante et insupportable dans les pays du Sud.
[...] Quel est alors son mécanisme ? * Une taxe qui permettrait de diminuer les opérations de transaction, et donc, de spéculation. Ce serait une taxe à l'échelle mondiale avec un taux de très faible montant (de l‘ordre de aujourd'hui on considère des taxes dont le taux dépasse 0.25 qui serait collecté à la source. Cette taxe s'appliquerait à toutes les transactions, sur les produits dérivés, au comptant ou à terme, sur les opérations d'achat comme de ventes, sur le marché des changes. [...]
[...] En milliards de dollars étaient échangés par jour. Mais avec le développement de l'informatique et des technologies de l'information, la situation s'est considérablement empirée Aujourd'hui, chaque jour, près de milliards de dollars transitent de mains en mains sur les marchés financiers. Ils fonctionnent 24h sur 24 : lorsque les marchés ferment à New York, ils ouvrent à Tokyo. La sphère financière est donc totalement déconnectée de la sphère réelle, et les états n'y ont aucun pouvoir. Or parmi ces échanges, plus de 80% sont d'origines spéculatives. [...]
[...] Aujourd'hui, on considère que ce taux doit osciller entre 0.1 et On peut noter que si le taux est de il sera de pour l'agent qui conserve ses devises pour un mois, de 10% pour celui qui les conserve une semaine et de 48% pour celui qui réalise des transactions quotidiennement. Depuis sa naissance, la Taxe Tobin a évolué. Mais ce n'est pas son créateur qui a participé à sa maturation. D'autres économistes mais aussi d'autres associations l'ont récupérée et y ont ajouté des éléments. * Les prolongements du projet de Tobin. [...]
[...] Tel n'était pas au départ son objectif. En effet, les bénéfices engrangés seraient, pour ceux provenant des pays riches, totalement redistribués à des associations participant au développement des pays pauvres, et ceux provenant des PED, totalement réintégrés à l'économie nationale. Sur la base des chiffres de 1998, Brunhoff et Jetin considèrent que l'on pourrait, avec une taxe de dégager des recettes de 228.5 milliards. Griffith Jones, Arestis et Jetin ont développé l'idée que la Taxe Tobin pourrait également servir à lutter contre les crises de change. [...]
[...] Qu'est- ce qui a pu mener à faire dire à Mundell que la Taxe Tobin était une "idée idiote" ? II) Une Taxe si simple, séduisante, s'appuyant sur des hypothèses si réductrices voire naïves, qu'elle ne peut être qu'utopique voire dangereuse Une Taxe qui ne tient pas compte des difficultés pratiques * Une universalité inatteignable. Les opposants à cette taxe mettent en avant les difficultés administratives qui seraient trop lourdes à gérer. Tout d'abord, il faut que cette taxe soit universelle et simultanée, sans cela tous les effets positifs seraient annulés par un transfert des transactions aux aléas des systèmes judiciaires, mettant ainsi à l‘écart les marchés qui ont adopté l‘impôt. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture