Depuis Janvier 1999, l'Europe s'est dotée d'une monnaie unique, ce qui, de fait, supprime les mouvements spéculatifs sur les taux de changes des monnaies européennes. Il devient alors possible de baisser les taux d'intérêt c'est-à-dire le prix du capital jusque-là maintenu à des niveaux élevés dans les pays à monnaie faible afin d'éviter une fuite de capitaux. Mais cette baisse, réclamée notamment par les économistes d'inspiration keynésienne, est-elle une condition nécessaire et suffisante à la reprise de l'investissement ? (...)
[...] Les prix des biens exportés par cette économie sur les marchés internationaux s'en trouvent artificiellement augmentés. Dans le cas d'une baisse des taux d'intérêt un mécanisme inverse se met en place. Ainsi cette baisse est-elle susceptible de relancer la demande externe, puisque l'affaiblissement de la parité de la monnaie sur le marché des changes est synonyme d'une compétitivité prix accrue. Par conséquent, les entreprises peuvent être stimulées pour réaliser des investissements de capacité pour faire face à l'afflux de commandes. [...]
[...] On peut en effet observer qu'une variation de l'activité économique (essentiellement liée à la variation de la demande) induit une variation plus que proportionnelle de l'investissement au cours des années quatre-vingt, ce que les économistes qualifient de phénomène d'accélération. Mais, pour que cela ait lieu, il faut que les capacités de production soient pleinement utilisées. B. L'influence des taux d'intérêt est moins importante aujourd'hui, et leur diminution peut exercer des effets négatifs La désynchronisation entre l'évolution des taux d'intérêt et celle de l'investissement peut également s'expliquer par les modalités du financement de ce dernier, conférant aux taux d'intérêt un poids mineur. Du coup, la baisse des taux d'intérêt peut aboutir à des effets non recherchés. [...]
[...] Jusque dans les années quatre-vingt, il s'est opéré de façon intermédiée par recours au crédit bancaire. Aujourd'hui, le financement est désintermédié, c'est-à-dire que l'entreprise est en relation directe avec les agents à capacité de financement. Les capitaux sont donc obtenus essentiellement par émission de titres de propriété (appelés " actions sur le marché financier, c'est-à- dire par accroissement des fonds propres. Dès lors, la baisse des taux d'intérêt n'influe pas forcément positivement sur l'investissement, et peut même avoir des effets négatifs. [...]
[...] La baisse des taux d'intérêt agit, d'autre part, sur la demande interne. En effet, elle décourage l'épargne en la rendant moins rémunératrice, elle peut donc provoquer, par effet de substitution, une hausse de la consommation. Or, comme l'a montré Keynes, celle-ci est bénéfique dans une économie de sous- emploi, puisqu'elle pousse les entreprises à produire, ce qui suppose qu'elles investissent. Ainsi, par ses actions sur le coût du crédit, sur la profitabilité et sur la demande, la baisse des taux d'intérêt semble nécessaire, en ce sens qu'elle favorise l'achat de capital fixe des entreprises. [...]
[...] Il est certain que l'opération, que l'on appelle investissement productif et qui consiste, pour les sociétés et quasi- sociétés ou pour les entreprises individuelles, à acquérir du capital fixe, c'est-à-dire des moyens techniques et durables de production, requiert des capitaux qu'il faut souvent emprunter. De ce point de vue, la baisse des taux l'intérêt est susceptible de favoriser l'investissement des entreprises. Cependant, il n'est pas sûr que cette baisse soit suffisante ni même toujours souhaitable pour la reprise de l'investissement. I. La baisse des taux d'intérêt peut jouer un rôle positif sur l'investissement . [...]
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