En quelques mois, la tarification des services bancaires aux particuliers a vécu deux bouleversements majeurs : la suppression du dernier verrou de régulation tarifaire avec l'abolition du « ni-ni » - ni facturation des chèques, ni rémunération des dépôts -, et le refus du gouvernement de sommer les banques de réduire leurs tarifs, jugés exorbitants par l'UFC-Que Choisir. Ces deux événements signent la fin d'une gestion administrée des tarifications.
Toutes les hypothèses sont permises : une accélération de la hausse des tarifs, la réduction du nombre de produits gratuits, comme les chèques, une tarification à l'usage. Jamais les banques n'ont eu la voie plus libre. Mais, à l'inverse, les pouvoirs publics exigent plus de transparence, donc une concurrence renforcée et à la clef un ajustement à la baisse des prix. C'est une réflexion de fond qui s'engage.
C'est la chute des marges d'intermédiation (marges sur les opérations avec la clientèle et les opérations de trésorerie), entraînée par la baisse de l'inflation au début des années 1990, qui remet en cause cet équilibre et pousse les banques à basculer vers un modèle de commissions. Dès lors, la facturation des services de base est un levier qu'il a été tentant d'actionner.
Mais aujourd'hui, à l'heure où les banques françaises accumulent des bénéfices record, la hausse des tarifs risque de compliquer leurs relations avec les clients.
[...] Ainsi, pour que le compte courant soit rémunéré au premier euro brut, il faut avoir opté pour un forfait Satellis Essentiel qui moyennant 6 euros par mois (72 euros par an) comprend, entre autres, une carte bancaire Visa, un service de banque à distance et diverses assurances. Attention : dans ce cas, le solde sera rémunéré uniquement jusqu'à 2.500 euros. En d'autres termes, que l'on dispose de 2.500 euros ou de 25.000 euros de trésorerie, le compte rapportera la même chose, à savoir euros bruts par an. Certes une rémunération de (toujours avant impôt) est possible à partir de 2.500 euros de solde. Mais cela suppose de passer à un forfait plus cher (12 euros par mois, soit 144 euros par an). [...]
[...] Les banques ne tiennent donc pas comptes de cette recommandation, tant qu'ils n'ont pas reçu l'onction des tribunaux. En attendant que la Justice se prononce sur ce sujet problématique, ces clauses produisent leur effet dissuasif sur les clients tentés de changer de banque Le comportement tarifaire des banques incompréhensible La technique du leader Les banques pratiquent la technique du leader. On peut la définir par le fait qu‘elles commencent par fournir des services gratuitement, puis une fois les clients habitués, ces services sont facturés de plus en plus cher. [...]
[...] Ils vont également souvent de pair avec une surfacturation des découverts. Une étude menée fin 2004, auprès de 66 banques de neuf pays européens, par la publication spécialisée " PubliNews en partenariat avec le cabinet de conseil Sherwood Alliance, montre que sur l'ensemble des banques qui rémunèrent les comptes courants, seules d'entre elles le font uniformément pour l'ensemble de leurs clients. De plus, cette étude révèle d'abord que dans les pays voisins, où les banques se trouvent libres de rémunérer les dépôts, cette rétribution n'est pas systématique. [...]
[...] Un peu moins de des établissements n'accordent aucune rémunération. C'est notamment le cas, en Allemagne, de Dresdner Bank et de Commerzbank. Les politiques tarifaires ne sont donc pas homogènes par pays, mais plutôt par type de banques. Les gagnants : les grandes entreprises Ce sont les entreprises qui profitent le plus de la nouvelle législation et pour être plus précis les grandes sociétés qui disposent d'une trésorerie importante. Au lieu d'avoir de l'argent qui "dort" ou bien d'acheter des SICAV, les entreprises pourront laisser l'argent où il est et éviter des mouvements bancaires. [...]
[...] Cependant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Hollande, les services bancaires de base sont considérés comme des produits secondaires, proches de la gratuité. Les différences de tarification sont encore considérables entre les pays, avec l'Italie la plus chère et les Pays Bas le moins cher La détermination du tarif est fonction de 5 facteurs clés : poids du secteur bancaire dans le PIB, coût du travail, taille du marché, environnement réglementaire et concurrentiel. À noter qu'il n'existe aucun lien direct entre les niveaux de tarification des pays et leur situation économique (coefficient d'exploitation, taux d'intérêt ou aucun autre grand indicateur macro-économique). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture