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Noter publiquement les citoyens selon leur comportement moral : c'est l'objet d'un épisode de la série d'anticipation Black Mirror, qui prophétise le devenir de nos sociétés contemporaines aliénées par les technologies. Mais c'est également le projet élaboré par la République populaire de Chine, mis en place en ce début d'année 2020.
[...] Puis en 2002, le président Jiang Zemin annonce que le pays doit « établir un système de crédit social compatible avec une économie moderne de marché ». Dans un premier temps, les recherches en la matière s'inspirent essentiellement des systèmes de gestion de crédit étatsuniens. Mais doutant de leur stabilité, les autorités chinoises s'en détachent peu à peu, jusqu'à en faire un anti-modèle suite à la crise des subprimes en 2008. Dès lors, il s'agit d'élaborer un système novateur plus efficace que ceux dont disposent les Occidentaux. [...]
[...] Le système de crédit social chinois nous fascine autant qu'il nous effraie. Cependant, pour mieux comprendre les enjeux d'une telle construction, il convient de nous éloigner du sensationnalisme médiatique et des biais d'interprétation qu'il comporte. Mettre de côté notre imaginaire dystopique, ce qui implique de dépasser l'aspect quelque peu orwellien d'une surveillance généralisée. Pour comprendre un évènement, il ne suffit pas de le décrire et de l'interpréter selon nos cadres représentatifs : il faut le remettre dans son contexte. Nous verrons ainsi que de l'idée d'un système d'information destiné à optimiser l'évaluation des risques financiers, donc à moderniser l'économie du pays, le gouvernement chinois a finalement édifié un outil de gouvernance globale tout à fait unique. [...]
[...] D'abord conçu pour gagner la confiance des acteurs économiques américains et européens, le système de crédit social a rapidement pris la forme d'un instrument de gouvernance interne pour rétablir un ordre moral. Par le biais d'une coopération entre le pouvoir central et les administrations locales, mais également entre les acteurs des secteurs publics et privés, le gouvernement chinois est parvenu à établir un maillage étatique hors du commun. Reste à voir si celui-ci aura les effets bénéfiques escomptés et, dans ce cas, comment l'opinion internationale va évoluer à son égard. Car tout ce qui est efficace devient forcément envisageable. [...]
[...] Moderniser l'économie pour gagner la scène mondiale Le système de crédit social trouve son origine dans l'ascension économique fulgurante de la Chine. Aujourd'hui au coude à coude avec les États-Unis, elle s'est brusquement imposée sur la scène internationale dans les années 1990. Cette évolution a bouleversé les structures économiques et sociales du pays, qui s'est trouvé dans l'obligation de réformer certains domaines pour gagner sa place dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et, ainsi, intégrer pleinement le marché mondial. Définitivement engagée dans la voie du capitalisme d'État, la Chine a ouvert son marché en libéralisant les importations de biens et de services, puis les échanges et les flux de capitaux. [...]
[...] Les modalités de notation et de sanction varient selon les gouvernements locaux, chacun disposant d'une certaine liberté en la matière. Mais globalement, un bon score permet d'être inscrit sur une « liste rouge » de bons citoyens profitant de plusieurs avantages, parmi lesquels la priorité pour un traitement à l'hôpital ou la réduction de certaines factures. Au contraire, un mauvais score valant l'inscription sur une « liste noire » entraîne des sanctions, comme le refus de crédits bancaires ou un accès limité aux services publics. [...]
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