S'il n'est pas d'activités économiques qui ne soient concernées, à un degré ou à un autre, par les questions touchant à la production et à la transmission d'information, l'économie financière se distingue cependant des autres secteurs par la place centrale qu'elles y occupent : On peut dire que l'information y est tout à la fois la matière première et l'output final.
Cela tient au fait que les marchés financiers sont des marchés d'anticipations. On y évalue des perspectives de profits. Il est significatif à cet égard que ce soit dans le chapitre de la Théorie Générale consacrée à « l'état de la prévision à long terme » que Keynes aborde l'examen des marchés financiers : Il leur assigne pour finalité de « triompher des forces secrètes du temps et de l'ignorance de l'avenir. »
Les marchés financiers ont présenté depuis 10 ans de fortes perturbations : Crises, Booms, Evolutions contraires à celles qui semblent raisonnables. Elles sont dues largement aux comportements des intervenants sur les marchés. Nombre d'économistes ont alors pris leurs distances avec la théorie financière dominante. Celle-ci prétend qu'à tout moment le cours des actions représente la meilleure estimation possible de la valeur des entreprises.
C'est ce que nous présenterons dans une première partie.
La plupart de ces économistes retiennent l'hypothèse d'une brusque folie des marchés financiers. Il est en effet possible de croire que les intervenants sur les marchés financiers sont totalement irrationnels, prennent des décisions aberrantes (certains ont dit qu'ils étaient « paranoïaques »). Il est possible aussi de penser, et ceci fait l'objet de l'essentiel de notre exposé, que les comportements que nous observons sont rationnels ou du moins raisonnables.
André Orléan l'appelle la rationalité autoréférentielle. Les opérateurs déterminent leur stratégie en fonction des estimations des autres intervenants, même si elles leurs paraissent erronées.
Le mimétisme est alors dans ce contexte plus efficace que l'utilisation de l'information ou des convictions privées pour la prise des décisions.
Il résulte de ce type d'attitude des intervenants des marchés, une forte volatilité, des mouvements auto-entretenus des prix et même des biais persistants dans les prix par rapport à ceux qui apparaissent sur un marché efficient.
Nous illustrerons ceci à travers un exemple empirique en troisième partie.
Cette analyse hétérodoxe est très éloignée de la théorie de l'efficience puisqu'elle soutient que les cours boursiers ne sont pas nécessairement des estimations pertinentes de la valeur fondamentale. Pour autant, l'écart à la valeur fondamentale n'y est pas analysé comme le produit de l'irrationalité des investisseurs. Bien au contraire, il est, selon Orléan, dans la nature de la logique financière de produire de tels écarts, ce qui permet de comprendre pourquoi l'on observe la répétition systématique de ces épisodes tout au long de l'histoire financière.
[...] Cependant, ce processus d'exploration mimétique des hypothèses peut se stabiliser durablement lorsqu'une interprétation finit par recueillir l'adhésion généralisée du marché. Dans ces conditions émerge un modèle d'évaluation reconnu par tous comme légitime, c'est ce qu'on appelle une convention. Tant que la convention est acceptée, pour prévoir ce que les autres vont faire, il suffit de se référer à ce que la convention prévoit. Par le jeu des anticipations auto réalisatrices, il s'en suit une relative stabilité de la convention. Ceci explique bien la formation de bulle. [...]
[...] Il y a ceux qui sont convaincus que des facteurs nouveaux, qui justifient la hausse des cours, mènent le jeu . Quant aux autres, apparemment plus astucieux et généralement moins nombreux, ils se rendent compte ou croient se rendre compte qu'on nage en pleine spéculation ; s'ils y participent, c'est pour "chevaucher la hausse" ; mais leur génie personnel, ils en sont persuadés leur permettra de quitter le jeu avant que la spéculation n'arrive à son terme". Pour cette raison, prendre en compte la spéculation autoréférentielle permet d'affiner notre compréhension des foules financières. [...]
[...] Bibliographie Patrick ARTUS : Anomalies sur les Marchés financiers Éditions ECONOMICA (Février 1995) P. [...]
[...] L'imitateur ne se fonde pas sur ses convictions personnelles, il confesse qu'il copie à son coeur défendant : il agit conformément aux tendances du marché tout en reconnaissant que celles-ci sont contraires au bon sens fondamentaliste. Le témoignage suivant d'un trader sur le marché de l'euro est, à cet égard, tout à fait illustratif. Devant l'écart entre le niveau atteint par l'euro en septembre 2000 et ce que donnerait une évaluation fondamentaliste, il explique : "L'opérateur que je suis à beau croire à une appréciation de l'euro, il ne fait pas le poids lorsqu'il constate qu'un peu partout les positions des autres intervenants sur le marché des changes sont à la vente de l'euro. [...]
[...] Lorsqu'une entreprise a besoin de capitaux pour financer un projet d'investissement, elle a le choix entre emprunter auprès de sa banque ou bien de se tourner vers le marché financier. Si elle choisit la seconde voie elle va émettre des actions sur le compartiment des émissions appelé "marché primaire".Ce sont des titres de propriété sur le capital de l'entreprise qui donnent droit à un dividende lorsque l'entreprise fait des bénéfices et au vote lors des assemblées générales des actionnaires. Elle peut également émettre des obligations, ce sont des titres de créances représentatifs de dettes qui donnent droit au paiement d'un intérêt. [...]
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