Pour un large public, la microfinance est apparue en 2006 avec le prix Nobel de la paix reçu par Mohammed Yunus à la suite des performances de la banque qu'il a créée : la Grameen Bank.
Pour mieux comprendre cette expérience réussie, qui a grandement contribué au développement de la microfinance, je me suis intéressé à un article publié dans la revue Gestion publiée par HEC Montréal qui s'intitule "Concilier responsabilité sociale et rentabilité".
Les 2 auteurs sont donc partis du postulat de Milton Friedman, affirmant en 1970 que l'entreprise n'avait pas d'autre responsabilité que celle de générer des profits pour présenter la Grameen Bank, fondée en 1977.
[...] Cette distinction éthique est donc une clé de lecture essentielle de la microfinance et l'expérience de la Grameen Bank nous éclaire à plus d'un titre, car cela nous permet également de comprendre les mécanismes et les principes de base du crédit solidaire développés dans de nombreux pays (Boyer, Hajdenberg et Poursat, 2009) : - La limitation des montants des crédits octroyés (généralement en dessous du PIB par habitant) - Le renouvellement des prêts avec des montants croissants (création d'une incitation naturelle au remboursement par les clients et permettant à l'IMF de déterminer les facultés de remboursement) - La courte durée des crédits, n'excédant généralement pas un an - Les niveaux élevés des taux d'intérêt par rapport aux institutions bancaires classiques, qui s'expliquent par l'importance des coûts fixes relatifs au montant prêté - La fréquence élevée des remboursements et la rigueur de leur suivi qui permettent aux IMF d'avoir des taux de remboursement très élevés - L'importance de la connaissance de l'emprunteur et de sa moralité au sein d'une communauté qui sont plus simples à déterminer que les éléments classiques nécessaires au montant d'un dossier de crédit - L'usage du crédit n'est pas spécifiquement imposé, une liberté est laissée à l'emprunteur - La proximité des IMF qui se déplacent vers leurs clients Il est important cependant de bien distinguer que la microfinance n'inclut pas seulement le crédit solidaire et il faut également inclure dans notre réflexion les crédits individuels et les produits d'épargne proposés au client, mais l'exemple de la Grameen est le plus marquant et le plus illustratif des questions d'impact social et d'efficacité économique. Je m'intéresserais donc dans la seconde partie à étudier l'impact social de la microfinance, tel qu'il est présenté dans la littérature. [...]
[...] On constate également que les IMF à but non lucratif obtiennent de meilleurs scores que celles recherchant le profit Mais d'autres éléments d'analyse peuvent également être retenus. Ainsi pour Richard Rosenberg, les éléments retenus venant s'ajouter aux éléments d'ordre financier, tels que la qualité du portefeuille de l'IMF ou les ratios de profitabilité, sont le nombre de clients servis par l'IMF et le niveau de pauvreté des clients calculé comme suit : L'auteur reconnait lui-même que ces indicateurs ne recouvrent pas la totalité de la performance des IMF, mais les retient pour leur facilité de calcul par les IMF et comme facteur de comparaison simple et efficace à destination des financeurs de la microfinance. [...]
[...] Yunus déclara donc que la microfinance doit concurrencer les prêteurs informels et non les remplacer (Business Week, 2007). Ces taux et ces résultats furent notamment possibles pour l'IMF du fait de sa situation de monopole. Cette situation est présentée par les IMF comme un élément permettant d'assurer la viabilité du microcrédit (Danel et Labarthe), mais l'auteur réfute très sérieusement cette thèse résumée comme suit : exploitation today will enable future competition that will then reduce exploitation Il existe donc un grand manque de transparence qui est associé à des difficultés de compréhension de la part des clients de la microfinance (une enquête menée en Inde s'est prononcée en ce sens, notamment du fait de l'illettrisme d'une grande partie de la population). [...]
[...] Quel impact social pour la microfinance? Si l'efficacité économique d'une IMF et sa rentabilité ne sont pas des éléments difficiles à déterminer, il en est tout autre de l'étude en termes d'impact social. En effet, quels critères prendre en compte? Un certain nombre d'outils, d'analyse et de constat ont été dressés à ce sujet, permettant d'avoir une idée plus claire des éléments essentiels retenus pour évoquer l'impact social de la microfinance. Tout d'abord, si l'on s'intéresse au bilan général de la microfinance en nous appuyant sur le guide de la microfinance, on constate des résultats importants par rapport aux objectifs affichés, qui sont : - La réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité - Le renforcement de la position sociale de la femme ou de groupes de population défavorisés - L'encouragement à la création d'entreprise - Le soutien à la croissance et à la diversification d'entreprises existantes De nombreuses études menées dans différents pays ont pu conclure à un impact de la microfinance sur la pauvreté (ex : Au Bangladesh, une étude menée en 1998 auprès de 1640 ménages a permis d'évaluer la baisse du taux de pauvreté des clients de 29 villages à par an, dont imputables à la microfinance). [...]
[...] Une étude commissionnée par le département pour le développement international britannique a conclu qu'aucune évidence n'existait quant aux impacts positifs de la microfinance après avoir épluché près de 3000 articles présents dans des bases de données académiques. Le principal contributeur de cette étude, Maren Duvendack, affirme même que la microfinance n'est pas meilleure pour les pauvres que les autres formes de finance ou les banques. Pour lui, le préalable au développement est d'assurer les besoins vitaux et donc de s'intéresser en priorité à la santé et à l'alimentation. La microfinance doit donc être combinée avec d'autres interventions (Duvendack, 2011). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture