Par le passé, la mort économique de l'entreprise précédait toujours sa mort juridique. Lorsque sa liquidité à court terme n'est pas suffisante pour lui permettre de poursuivre quelque temps son activité, l'entreprise se déclare en cessation de paiement. Si aucun plan de sauvetage n'est opéré, la mise en liquidation judiciaire de la société est prononcée. Son activité cesse alors.
Le cas du groupe Arthur Andersen rompt avec cette tradition. En effet en 2001, à la veille du scandale qui le conduira à sa perte, le cabinet d'audit est au sommet de sa gloire avec un chiffre d'affaires de 9336 millions de dollars, 85000 employés répartis dans plus de 380 bureaux à travers le monde. Pourtant en 2002, le couperet tombe. Le glaive de la justice s'abat sur le cabinet ; on reconnaît son implication dans l'affaire Enron. Résultat : l'entreprise est interdite d'exercer le métier d'auditeur.
Dans ce cas retentissant, c'est la justice d'un pays qui donne le coup fatal à un groupe dont nul n'aurait pensé qu'un jour, au regard de ses fondamentaux il puisse cesser d'exister.
Cette fois, la logique est inversée. La mort juridique du groupe entraîne sa mort économique.
Cette décision annonce-t-elle le début d'une nouvelle ère ou les particularités du secteur de l'audit et la singularité du groupe Arthur Andersen sont telles qu'il serait difficile de voir cette sentence infligée à d'autres entreprises ?
[...] La chute de l'empire Andersen, Claude Baumann 3. The growth of Arthur Andersen : an oral history, Leonard Spacek 4. Rapport d'enquête du Sénat sur l'affaire Enron 5. le site des Anciens : www.lesanciens.fr 6. article Arthur Andersen de wikipedia 7. A la rescousse du capitalisme américain : la loi Sarbanes-Oxley. Michèle Rioux. Observatoire des Amériques. Janvier L'Affaire Andersen fait des ricochets. Frédéric Hastings et Alexandra Petrovic. [...]
[...] Avant le 26 avril 2003, les entreprises devront avoir mis sur pied des comités de vérification indépendants pour superviser le processus de vérification. Les vérificateurs externes devront s'adresser à ces nouvelles entités qui auront l'autonomie d'action pour remplir leurs responsabilités, notamment vis-à-vis de la direction de l'entreprise. Elles recevront les plaintes venant des actionnaires ou encore des employés concernant la comptabilité de l'entreprise et les procédures de vérification. 4. La rotation obligatoire des vérificateurs externes qui ne pourront offrir à l'entreprise dont elle vérifie les comptes des services autres que ceux qui sont directement liés à cette activité 5. [...]
[...] Ce type de fusion ne peut intervenir que dans le secteur de l'audit. En effet, les auditeurs des différents groupes se connaissent (il n'y avait, à l'époque, que les Big Five sur la scène internationale), et connaissent également la qualité de leur travail. Par conséquent, un Andersen remplissait parfaitement les compétences pour travailler chez les concurrents. De plus, la fuite des clients d'Andersen a eu un effet aspirant pour les autres Big Five : la prise à charge de nouveaux clients exigeait pour eux une augmentation de personnel : quoi de plus naturel que de reprendre les anciens auditeurs d'Andersen qui étaient en charge de ces dossiers. [...]
[...] En revanche, dans les autres secteurs géographiques, le cataclysme social n'a pas eu lieu. Malgré l'impact qu'a provoqué la chute d'Andersen, les employés ont été réintégrés rapidement dans les autres Big Five de l'audit. Beaucoup de responsables européens comme René PROGLIO sont restés dans la firme pour s'assurer que chaque salarié d'Andersen retrouve une place soit dans le monde de l'audit, soit dans des secteurs tels que la banque d'affaires ou encore dans l'industrie Quel reclassement pour les anciens d'Andersen ? [...]
[...] Certes la condamnation du groupe Arthur Andersen peut sembler disproportionnée par rapport à l'ampleur de la faute commise, mais elle a néanmoins le mérite de mettre en garde les entreprises et donc d'améliorer par là même la transparence dans certains secteurs notamment celui de l'audit. Les entreprises sont donc prévenues. Elles savent qu'une épée de Damoclès plane au dessus de leur tête, et que tout faux pas peut leur être fatal. Le cas du cabinet Arthur Andersen en constitue l'exemple paradigmatique. Mais même mort, son fantôme demeure à travers ses anciens collaborateurs qui redoublent d'efforts pour qu'à jamais survivent l'esprit d'Andersen et la devise de son fondateur think right talk straight Bibliographie 1. l'Anarchie libérale, Aldo Cardoso 2. [...]
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