Les programmes de microfinance sont destinés aux personnes qui n'ont pas accès aux services financiers formels de par leurs revenus insuffisants. La plupart du temps, ils sont dans l'incapacité de fournir les documents d'identification et les garanties demandées par les banques. Ainsi, la microfinance permet à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel d'avoir accès à l'ensemble des produits financiers (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent). La microfinance a pour vocation de leur assurer une augmentation de leurs revenus pour permettre de réduire la pauvreté et les inégalités.
Selon le rapport 2009 sur l'Etat de la campagne du sommet du microcrédit2, deux tiers des personnes qui ont recours à la microfinance sont pauvres. Autrement dit, elles vivent avec moins de 1$ par jour et sont donc plus assujetties aux risques quotidiens (catastrophe naturelle, maladie, décès,…).
Toutefois, il est important de souligner que les vertus de la microfinance sont de plus en plus remises en question. La microfinance a longtemps été vue comme le nouvel outil qui va sortir les pays en voie de développement de la pauvreté et réduire les inégalités. Cet engouement pour les programmes de la microfinance commence peu à peu à s'essouffler. Il est encore difficile de mesurer efficacement les différents impacts de la microfinance. L'économiste Knurske, qualifié de pionnier de l'économie du développement, a mis en avant l'idée « qu'un pays est pauvre parce qu'il est pauvre ». Les personnes pauvres n'ont pas les capacités financières d'épargner.
[...] (mardi 01 juillet 2008), La grande mode des petits crédits. Microfinance au Kerala, entre mythe et réalité, EspacesTemps.net SERVET J-M. (2005), Lutte contre les inégalités versus lutte contre la pauvreté, un nouveau défi pour la microfinance : www.univtlse2.fr/cerises/recherche/jmscdc.htm SERVET J-M. (vendredi 8 décembre 2006), Quand le microcrédit enferme les plus pauvres dans la dette, Le Temps SERVET J-M. [...]
[...] Toutefois, cette politique de viabilité, pousse les IMF à refuser les clients les plus pauvres, le risque est jugé trop important. Il s'agit donc d'ouvrir l'accès aux services financiers uniquement aux plus riches des pauvres. Ces derniers sont reconnus, par les IMF, comme ayant des projets cohérents au concept de microcrédit. Les plus pauvres seront donc automatiquement écartés au profit de populations supposées plus solvables (Chao-Béroff, 1997). Autrement dit, le choix des IMF d'être rentable peut entraîner une marginalisation des plus pauvres (Guérin, Palier et Prévost, 2009). [...]
[...] De ce fait, même si les microcrédits sont gérés par les femmes, et par conséquent dynamisent les revenus du foyer, (du moins temporairement) les impacts en termes d'empowerment sont insignifiants (Hofmann et Marius-Gnanou, 2003). Les programmes ne peuvent pas à eux seuls résoudre les inégalités structurelles d'un pays. La microfinance s'inscrit dans un cadre structurel qui évolue très lentement. Nous pouvons également mettre en avant le risque de déresponsabiliser les hommes en spécialisant le microcrédit sur les femmes. En effet, ceci peut être source, comme nous l'avons évoqué précédemment, de tensions au sein du ménage. [...]
[...] Nombreux sont les clients, et notamment les femmes, qui n'ont pas les connaissances nécessaires pour gérer une entreprise (gestion d'un budget, connaissances générales du marché, Par conséquent, les femmes se spécialisent vers des activités dites traditionnelles et ne souhaitent pas prendre de risques sous prétexte qu'elles ne seraient pas instruites (Guérin, Palier, 2005). Une étude menée par l'Institut Française de Pondichery (IFP) et l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) sur 2 IMF dans un District du Tamil Nadu montre que sans formation, l'impact en termes d'accroissement des revenus est faible (Guérin, Palier et Prévost, 2009). Par ailleurs étant un outil financier à la base, la microfinance ne peut pas, par définition, résoudre seule les problèmes multidimensionnels de la pauvreté. [...]
[...] A partir de là, la microfinance se voit un peu dépourvue pour lutter seule contre la réduction de la pauvreté et des inégalités. On peut également parler des inégalités tribales, ethniques ou régionales en Afrique qui sont également difficiles à contrer par les seuls programmes de microfinance (Servet, 2005) Elle ne peut pas à elle-seule faire face aux causes structurelles de la pauvreté et des inégalités (Guérin, Palier et Prévost p. 36). Il est utopique de croire que la microfinance peut modifier des inégalités qui existent depuis des décennies et qui ont résisté à des luttes notamment féminines (Revue Lettre du LPED Octobre 2006). [...]
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