La transformation qui affecte les marchés financiers est double : à la fois une mutation
de l'ampleur des marchés de capitaux (une moyenne de 1500 milliards de dollars d'échanges financiers par jour) et des types de produit échangés sur les marchés, marquée par l'apparition de produits dérivés ayant une compétitivité croissante et des impacts économiques croissants. Ce dernier fait empirique vient infirmer l'hypothèse d'une stricte séparation des sphères (réelle et financière) (...)
[...] L'instabilité d'une économie gouvernée par la finance s'accompagne également d'un risque d'éviction des investissements productifs vers des investissements financiers, qui n'est qu'une des manifestations de la perspective court-termiste que tendent à favoriser les marchés financiers. Ainsi, si les transformations mentionnées facilitent le financement des investissements, ceuxci ne sont pas nécessairement effectués de manière à favoriser la croissance. En effet, s'adaptant à ce nouveau contexte, les dirigeants des firmes donnent la priorité à l'accroissement de la "valeur actionnariale". La concurrence qui restait auparavant au niveau du marché des produits s'étend alors à l'accès au marché financier, tandis que le désir de flexibilité se fait ressentir par le changement de nature des contrats salariaux. [...]
[...] Si l'impact de la sphère financière se trouve ainsi démontré, celui-ci n'est pas nécessairement favorable à la croissance. Il peut l'être, mais il appartient à des autorités régulatrices de l'orienter en ce sens. Cette transformation véhicule des effets déstabilisateurs qui viennent nous rappeler que si la transformation des marchés financiers peut être de nature à favoriser la croissance, cela ne signifie pas que le marché soit dans tous les domaines une solution préférable aux interventions étatiques. Celles-ci, au contraire, pour que ces transformations puissent en effet favoriser la croissance doivent définir de nouvelles modalités adaptées aux contraintes induites par ces transformations. [...]
[...] Les mouvements de déplacement du capital ainsi rendus possible devaient permettre une allocation optimale, dans quelle mesure cela a-t-il été le cas? Comme visé, la transformation des marchés financiers a été une manière de mettre fin à la restriction du financement et, partant de stimuler la croissance. Elle a ainsi permis de répondre aux besoins de financement de nouveaux intervenants: le NASDAQ, aux Etats-Unis, a participé à l'essor des entreprises nouvelles de technologie, tandis qu'en France; le second marché jouait un rôle similaire. [...]
[...] Le développement des marchés financiers est un facteur potentiellement positif pour le développement économique. Les marchés financiers constitueraient le système de financement le plus efficace, favorable à une croissance soutenue et non inflationniste, sur le modèle de la croissance américaine. Ils opposent, en effet, une contrainte permanente au SdA 4 retour de l'inflation: les anticipations d'inflation sont incorporées dans les taux d'intérêt nominaux ("prime de risque"), alors que le processus de crédit bancaire était, lui, plutôt inflationniste. Les années 1980 ont connu une vague d'innovations financières qui ont accru les liens entre les différents types de marché, facilitant ainsi la gestion de certains risques comme le risque de taux d'intérêt (MATIF, 1986) ou le risque de change, ou encore le risque de prix (MONEP, 1987). [...]
[...] Celle-ci, en effet, est requise par les marchés, qui ont besoin de ces générateurs de liquidité que sont les banques. Le principal effet de la pression concurrentielle qui s'exerce sur les banques est de rendre plus difficile le financement des investissements d'innovation cruciaux pour la croissance. Un économie de marchés financiers se caractérise aussi par des taux réels hauts - les anticipations d'inflation étant incorporées dans les taux nominaux - qui, quand l'élasticité aux taux d'intérêt est importante, peuvent empêche la réalisation de certains investissements utiles au maintien d'une croissance de long terme. [...]
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