Face à cet accroissement de l'influence et du pouvoir de ces agences sur les modalités de financement et de croissance des entreprises cotées en Bourse, des voix s'élèvent pour dénoncer les insuffisances méthodologiques du processus de notation, pointer du doigt la soi-disant indépendance des analystes financiers qui notent les sociétés et critiquer l'inexistence d'un mode de régulation et de contrôle de l'activité de ces agences au niveau mondial ou du moins européen.
En réponse à ces critiques et pour conserver la confiance que leur accordent les investisseurs qui sont leurs seuls clients, les agences de notation revendiquent l'aspect quelque peu subjectif de leurs notes qui restent de simples opinions et se montrent favorables à la mise en place d'un « code de bonnes pratiques » visant à faciliter, rendre plus lisibles et introduire plus de rigueur dans les relations entre les agences et les sociétés « demandeuses » de note. Le respect de ce code participerait au renforcement de la crédibilité des agences de notation compte tenu des efforts que devront fournir les entreprises en matière de transparence comptable et financière...
[...] Le Directeur Général de Standard & Poor's Europe précise que les agences de notation n'ont pas le pouvoir d'enquêter sur les comptes des entreprises puisque c'est le rôle des commissaires aux comptes. Leurs notes sont donc émises à partir des informations transmises par les entreprises. Ainsi, dans l'affaire Parmalat, les notes attribuées étaient basées sur des éléments objectifs et, lorsque les agences de notation ont soupçonné des fraudes, la note a été mise sous surveillance. Selon le Directeur Général de S&P's, si les notes s'avéraient partiales, les investisseurs n'auraient plus confiance et les émetteurs ne nous paieraient plus. [...]
[...] De même, les banques peuvent sauver les entreprises de situations catastrophiques, voire irréversibles, en répondant favorablement à l'appel de financement émis par les entreprises. Cependant, il semble important de préciser que les entreprises vont, à l'avenir, devoir faire face à de plus grandes difficultés pour trouver des financements car l'influence des agences de notations risque également de s'étendre aux décisions des établissements bancaires. En effet, une des règles prudentielles s'appliquant aux banques dans le cadre de la réforme dite Bâle 2 ayant pour objectif le renforcement du contrôle des risques et s'adressant à tous les établissements financiers, consistera à étendre aux décisions des établissements bancaires les effets d'un changement de notation. [...]
[...] Donc, au-delà de l'attention portée à l'arbitrage qu'effectue l'entreprise entre ses actionnaires et ses créanciers, c'est avant tout l'existence de facteurs de risque pour la solvabilité financière qui est recherchée. Parmi les facteurs d'alerte, les analystes des agences de notation retiennent une stratégie de croissance agressive (notamment en cas d'opérations de croissance externe), une structure juridique ou fiscale complexe, un usage fréquent de produits dérivés ou du hors-bilan, un nombre important de litiges Cette fonction de contrôle effectuée sur le management des sociétés deviendrait plus efficace que le contrôle des Conseils d'Administration, accentuant ainsi l'impression de puissance des agences sur les entreprises qu'elles notent selon Jean-Florent Rérolle, spécialiste de l'évaluation d'entreprise chez Ernst & Young, tout se passe comme si le management passait un contrat implicite avec l'agence car en sollicitant une notation, il s'engage sur la réalisation de certaines performances qui justifient l'attribution de la note Les Rendez-vous d'Axa Corporate Solutions Assurance mars 2003). [...]
[...] Dans cette optique, l'AMF a durci ses exigences en matière de communication et de transparence financière en souhaitant des sociétés cotées qu'elles publient notamment les clauses éventuelles de remboursement anticipé de leurs dettes qui ont pour but de protéger les créanciers en cas de crise de liquidité. Certes, les agences de notation considèrent que les informations actuellement publiées par les entreprises sur leur état financier sont d'assez bonne qualité mais elles sont loin d'être suffisantes dans la mesure où encore peu d'informations sont dévoilées sur la trésorerie réelle des sociétés ou leur capacité d'autofinancement par exemple. Les entreprises, soucieuses de leur image, ont tendance à présenter leur état financier sous un bon profil en omettant par exemple de signaler les dettes des filiales qu'elles acquièrent. [...]
[...] Leurs comportements auraient donc eu pour conséquence une amplification, voire une aggravation, des déséquilibres financiers qui peuvent avoir eux-mêmes des répercussions plus ou moins importantes sur l'activité économique. Pouvons-nous alors considérer les agences comme des freins à la reprise économique ? Il serait exagéré de leur accorder tant d'importance, néanmoins, il semblerait que la généralisation de la notation publique des entreprises et le comportement des agences de notation créent un phénomène cumulatif de défiance qui amplifie démesurément les difficultés (André Levy Lang, Le Monde octobre 2003). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture