On tente donc ici de mesurer les effets d'une variation de ce taux de change, en mettant l'accent sur la diversité des positions concurrentielles des différents secteurs. La concurrence provient non seulement des Etats-Unis, mais aussi des pays dont la monnaie est ancrée au dollar, c'est-à-dire nombre de pays émergents d'Asie et d'Amérique latine. Les secteurs les plus exportateurs sont bien sûr les plus exposés aux fluctuations du dollar, même si le marché français n'est pas à l'abri. Une variation de 10% du change avec le dollar exerce au bout de 3 ans des effets importants sur la production de certains secteurs, de l'ordre de 2 à 3% pour un vaste secteur comme le matériel électrique, jusqu'à 8 à 10% pour de plus petits secteurs comme la confection ou les chaussures. Ces différences sectorielles comptent d'un point de vue macroéconomique : ainsi une dépréciation du dollar pénalise plus l'activité dans les secteurs les plus riches en emploi, de sorte qu'in fine, les modèles macroéconomiques sous estiment les pertes d'emploi qui en résultent...
[...] L'autre scénario, celui d'une dépréciation graduelle du dollar, est moins dramatique. Mais le rééquilibrage américain s'opérera nécessairement au détriment du reste du monde car, dans la phase de boom à crédit, les Etats- Unis ont joué le rôle d'importateur en dernier ressort. Pour relayer la locomotive en panne et contrer l'impact déflationniste de la surévaluation de l'euro, une seule issue pour les pays de l'Euroland : retrouver un dynamisme propre par des réformes favorables à la croissance. Rude défi . [...]
[...] D'une part, les producteurs français perdent des parts de marché, en France comme à l'étranger : c'est une "substitution" entre les biens français et les produits de la zone dollar. D'autre part, dans cette simulation, le revenu global diminue, en France bien sûr, mais aussi à l'échelle mondiale de sorte que la demande adressée aux producteurs français est globalement plus faible : c'est l'effet "revenu". Une hypothèse simple est faite pour la demande : la part consacrée à chaque produit dans la consommation est supposée constante en valeur, de sorte que l'effet revenu est à peu près identique dans tous les secteurs. [...]
[...] L'indicateur global d'exposition à la concurrence est le produit de la part de chaque marché national dans les ventes françaises et de la part de marché qu'y détiennent les producteurs de la zone dollar. En agrégeant l'ensemble des marchés, on obtient pour chaque secteur un indicateur d'exposition à la concurrence de la zone dollar (voir tableau). La concurrence avec la zone dollar apparaît concentrée sur quelques produits : seuls 9 secteurs sur 27 ont une exposition supérieure à celle du secteur manufacturier dans son ensemble. On remarque sans surprise le degré très élevé de concurrence dans les secteurs de l'équipement de transport hors automobiles (aéronautique), des biens professionnels (instruments de mesure . [...]
[...] Ces différences sectorielles comptent d'un point de vue macroéconomique : ainsi une dépréciation du dollar pénalise plus l'activité dans les secteurs les plus riches en emploi, de sorte qu'in fine, les modèles macroéconomiques sous estiment les pertes d'emploi qui en résultent. I. L'influence des fondamentaux Mais qu'est-ce qu'un "bon"taux de change ? Les débats sur cette question sont souvent passionnés. Pour l'industriel qui exporte aux Etats-Unis, le bon taux de change est celui qui égalise ses propres coûts de production à ceux de ses concurrents américains : c'est une forme de "parité de pouvoir d'achat". Pour le consommateur, c'est au contraire le taux de change qui lui permettra d'acheter le moins cher possible. [...]
[...] La Fed portera donc ses taux au plus bas. Avec l'écart transatlantique des taux d'intérêt, l'autre influence dépressive sur le dollar est le déficit extérieur. Il traduit le déséquilibre interne entre l'offre, insuffisante, et la demande, gonflée par le crédit. Equilibrée en 1991, la balance des paiements courants des Etats-Unis accuse un déficit de du PIB, un record. Or la tendance va se poursuivre. Le taux de couverture des importations par les exportations est tombé à (un taux de pays sous-développé ; pour seulement stabiliser le déficit, il faudrait que les ventes croissent presque deux fois plus vite que les achats. [...]
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