On nous présente souvent le phénomène actuel de la globalisation financière comme un phénomène sans précédent. Avant de se précipiter dans cette direction, il est utile de faire un rapide retour en arrière et de comparer la situation actuelle à celle de la fin du dix neuvième siècle, avant l'effondrement des marchés mondiaux engendré par la Grande crise des années 1930. Si l'on en croit les travaux des historiens économiques, les marchés financiers étaient alors au moins aussi internationalisés qu'ils ne le sont aujourd'hui. Ainsi, les flux nets de capitaux représentaient environ 5% du PIB de la Grande Bretagne à la fin du siècle dernier contre la moitié aujourd'hui. Entre les deux phases de globalisation, ces flux diminuèrent fortement à la fin des années 1920 et encore plus dans les années 1950 et 1960 (1% environ pour la Grande Bretagne) période où les restrictions réglementaires sur les mouvements de capitaux furent les plus importantes. Pour les pays émergents d'alors et d'aujourd'hui, la comparaison est encore plus frappante: les déficits des comptes courants (et donc les entrées de capitaux finançant ces déficits) atteignaient aisément 10% du PIB de pays tels que l'Australie, l'Argentine ou le Canada à la fin du dix-neuvième siècle. En comparaison, le déficit du compte courant de la Thaïlande, alors dénoncé comme dangereusement élevé, atteint en 1996 un maximum de 8% de son PIB.
Pourquoi la globalisation du siècle dernier n'a-t-elle pas conduit aux mêmes critiques, aux mêmes angoisses et aux mêmes dilemmes qu'aujourd'hui ?
Cela tient en partie au fait que les gouvernements d'alors n'étaient pas soumis aux mêmes demandes qu'aujourd'hui. En particulier, la notion que les politiques monétaires nationales pouvaient servir à atténuer l'impact d'une récession n'apparaît qu'à partir des années 1930 avec la révolution keynésienne. La contrainte que fait peser aujourd'hui la globalisation financière sur l'exercice de ces politiques macroéconomiques nationales n'était donc pas perçue comme telle: les crises de la fin du dix-neuvième siècle furent nombreuses et sévères mais elles furent subies passivement. Aujourd'hui, la pression démocratique fait que l'on attend légitimement des politiques économiques nationales qu'elles réagissent à de telles crises et limitent leurs conséquences en terme de chômage.
Pour ce qui est de la globalisation financière, il faut aussi aller au delà de la comparaison des flux nets de capitaux. A la fin du dix-neuvième siècle, la grosse majorité des flux de capitaux servait à financer des infrastructures (en particulier les chemins de fer) et acheter des titres de la dette publique. Ces flux de capitaux étaient donc majoritairement des flux de long terme (de plus d'un an) et impliquaient relativement peu de prêts à des institutions financières ou d'investissement de portefeuille de court terme.
La situation aujourd'hui est complètement inversée: les flux de très court terme dominent de beaucoup les flux de long terme. Ainsi sur le marché des changes, les positions nettes de la plupart des intervenants ne sont en moyenne gardées ouvertes qu'une vingtaine de minutes : il est difficile d'envisager un horizon plus court. Le montant des transactions brutes sur le marché des changes est aujourd'hui estimé à environ 1700 milliards de dollars par jour, (contre 600 en 1989 et moins de 200 en 1986). Ce montant échangé chaque jour représente une somme supérieure au PIB annuel de la France d'environ 20%. Il domine les transactions effectuées pour des investissements de long terme. Le degré d'intégration des marchés financiers, pour les flux de court terme, est donc aujourd'hui sans précédent. Si l'on compare les deux types de globalisation, celle qui s'opère sur les marchés financiers et celle qui s'opère sur les marchés des biens, on constate que le commerce d'actifs financiers a augmenté durant les quinze dernières années trois fois plus vite que le commerce des biens. C'est donc sur les marchés financiers que le processus de la globalisation est le plus frappant. Celui-ci touche pratiquement toutes les parties du globe à l'exception notable de l'Afrique. Les pays qui ont reçu les flux de capitaux les plus importants ces dernières années sont la Chine, le Mexique, le Brésil, la Corée, la Malaisie, l'Argentine, la Thaïlande et l'Indonésie. Les renversements brutaux des mouvements de capitaux sont devenus une autre caractéristique récente des marchés financiers internationaux : en 1996, 70 milliards de dollars furent investis en Indonésie, Corée, Malaisie, Philippines et Thaïlande. Pendant le second semestre de 1997, c'est plus de 100 milliards de dollars qui firent précipitamment le chemin inverse. Depuis le début 1999, les entrées de capitaux vers ces pays ont retrouvé un rythme presque comparable à celui d'avant 1997.
C'est cette intégration accrue des marchés financiers nationaux que nous essayerons d'analyser dans le présent exposé en mettant l'accent sur les caractéristiques du système financier international et le rôle que les FMN sont amenées à y jouer en plus des modifications subies par la fonction financière dans le cadre de l'internationalisation.
[...] Les prises de risque excessives et les pratiques frauduleuses ne sont bien sûr pas l'apanage des économies émergentes et existent bel et bien dans les pays industrialisés - Evasion fiscale et blanchiment Le développement des télécommunications et de la toile qui permet en particulier de réaliser des transactions électroniques rend les mouvements des capitaux très rapides. Dans la mesure où, sur certaines places financières ils permettent aussi plus de secrets sur les virements qui sont effectués, ils contribuent aussi à l'évasion fiscale et au blanchiment de l'argent maffieux. La mondialisation financière peut se traduire aussi par la multiplication de sociétés-écrans et de montages financiers douteux. II. [...]
[...] Les marchés financiers sont bien souvent ce que les économistes appellent des marchés imparfaits. Il y a souvent sur ces marchés des problèmes d'information asymétrique (le vendeur d'un actif financier connaît généralement mieux cet actif que les acheteurs potentiels) et quelquefois des problèmes de corruption (seules les entreprises suffisamment proches du pouvoir politique ont accès au crédit par exemple). Les marchés financiers sont aussi sujets à des problèmes de panique, de mimétisme, de concurrence imparfaite, etc . Ces imperfections et au premier chef les asymétries informationnelles et les phénomènes de corruption peuvent être à la source de prises de risques excessives résultant en faillites retentissantes lors de retournement de conjoncture. [...]
[...] Au premier chef, la globalisation financière tend à accroître la probabilité de crises financières au sein des pays émergents. Elle peut aussi exacerber les imperfections des marchés financiers locaux, au lieu de les rendre plus performants. Et elle rend également plus aisés l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent - Crises financières Les crises financières se définissent comme des épisodes de fuites de capitaux brutales, ayant des conséquences catastrophiques pour l'économie du pays considéré. Elles peuvent s'accompagner d'une dévaluation massive de la monnaie locale et d'une implosion du système bancaire. [...]
[...] - les départements Consolidation et Reporting sont chargés du suivi mensuel ventes, de l'établissement des comptes consolidés. Ils effectuent la synthèse des informations sur l'évolution des performances et du résultat du groupe pour la direction générale. La division financière Elle comprend une banque et plusieurs départements : - Alfabanque, qui effectue les opérations de banque pour le groupe et pour l'extérieur. Les opérateurs de marché effectuent pour le compte du groupe des placements, des émissions de billets de trésorerie et des opérations de change et de couverture de taux. [...]
[...] La mondialisation financière est à même de stimuler l'investissement dans des pays trop pauvres pour épargner beaucoup, leur permettant ainsi de se développer plus rapidement. Elle permet également une meilleure diversification du risque au niveau mondial et elle favorise les transferts de technologie - Investissement et coût du capital Certains pays riches qui ont une population vieillissante, comme le Japon, épargnent beaucoup pour financer leurs retraites, mais ont une économie peu dynamique avec des taux de rendement faibles. Par opposition, certaines économies émergentes ont une population très jeune, avec un niveau de revenu faible et donc peu d'épargne. [...]
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