« 2007 va entrer dans l'histoire avec le mot subprimes, que l'on pourra assez rapidement coller au mot surprise » soulignait le Conseil d'Analyse Economique en 2008 lors de la remise de son rapport sur la crise des subprimes. Or, plus de deux ans après le déclenchement de la crise, il est aisé de se rendre compte que la « crise des subprimes » est encore loin d'être terminée. Certes, des signes de reprise se manifestent, en particulier sur les marchés financiers, mais conclure d'ores et déjà à une fin de la crise serait par trop imprudent.
La crise des subprimes désigne donc la crise survenue à partir du brusque krach boursier survenu le 9 août 2007, et se transmettant à l'ensemble de l'économie (avec la faillite spectaculaire de Lehman Brothers par exemple) au cours des années 2008 et 2009. Si cette crise est aussi économique et sociale, l'étude portera en fait principalement sur les causes profondes de la crise financière des subprimes. Celle-ci se distingue d'ailleurs de nombreuses crises précédentes (bulle internet, crise asiatique, argentine, etc.) car ses origines sont loin de se trouver uniquement sur le marché financier.
Ici, loin de s'interroger sur les causes précises du déroulement de la crise financière et sa contamination à l'économie réelle, la perspective est plutôt d'adopter une approche sur le plus long terme privilégiant l'analyse des grands déséquilibres intervenus sur les marchés financiers comme dans l'économie. L'objectif n'est donc pas ici de rechercher les « coupables » de la crise, si tant est qu'ils puissent être réellement définis et que nous ne soyons pas « tous coupables ».
[...] Ceux-ci sont en effet à l'origine de nouveaux dysfonctionnements tout aussi déterminants, et se distinguent donc comme un second facteur à l'origine de la crise des subprimes. Les dysfonctionnements survenus sur les marchés financiers peuvent en effet être considérés comme des facteurs originels à la crise économique et financière. Ceux-ci renvoient d'abord au phénomène très général de sophistication et de complexification des marchés, représentés tout particulièrement par la notion de titrisation Et cette complexification financière est à l'origine de nombreux changements, concernant essentiellement l'appréciation du risque Certes nombre d'économistes ont souligné les avantages indéniables permis par l'innovation financière : réduction des coûts de transaction, souplesse des opérations, amélioration de la profondeur des marchés, etc. [...]
[...] Si la qualité des prêts se dégradait en réalité depuis un peu plus longtemps, l'année 2006 constitue peut-être le principal tournant avec un nombre accru de défaillances sur ces crédits subprimes. La recherche d'une plus grande rentabilité de la part des intermédiaires financiers (liée à une baisse de l'aversion au risque des agents économiques) est ainsi en très large part responsable du déclenchement de la crise des subprimes. C'est donc la déstabilisation de l'économie de manière générale qui semble être le principal facteur à l'origine de la crise des subprimes. [...]
[...] Loin d'opposer les deux conceptions, il sera ici question d'analyser successivement ces deux principaux facteurs à l'origine de la crise des subprimes. La très forte croissance enregistrée jusqu'à 2007 (cette année, la croissance réelle du PIB a été de dans le monde) a longtemps masqué les fragilités de l'économie mondiale. Celle-ci s'est ainsi retrouvée sur toute la période précédant la crise dans une situation de paradoxe de la tranquillité Cette expression développée par Hyman Minsky dans les années 1970 désignant l'idée selon laquelle les crises de surendettement se préparent lorsque la situation est à son mieux. [...]
[...] Mais l'innovation financière à l'excès n'en reste pas moins un facteur très important dans les origines de la crise des subprimes. Et la massification des innovations financières dans les portefeuilles d'action des épargnants comme dans ceux des fonds de pension a irrémédiablement précipité la crise des subprimes. La complexification des marchés est peut-être d'abord causée par le très fort développement de la titrisation même s'il ne s'agit pas ici d'une véritable innovation. On peut définir la titrisation comme une technique financière permettant de transformer des actifs peu liquides en valeurs mobilières négociables par l'intermédiaire de structures ad hoc. [...]
[...] Ainsi, Georges Soros critique le fondamentalisme du marché à l'origine, selon lui, de la crise[8]. Bibliographie - Artus, Betbèze, de Boissieu et Capelle-Blancard, La crise des subprimes rapport CAE, septembre 2008 - Denis Flouzat, Tous coupables in Sociétal, janvier 2008 - George Soros,, The New Paradigm for Financial Markets: The Credit Crisis of 2008 and What It Means, New York, Public Affairs - Un mélange détonnant, les causes profondes de la crise selon Olivier Blanchard Finances et développement, juin 2009, FMI Denis Flouzat, Tous coupables in Sociétal, janvier 2008 Voir les données statistiques présentées par Artus, Betbèze, de Boissieu et Capelle-Blancard, La crise des subprimes rapport CAE, septembre 2008 Artus, Betbèze, de Boissieu et Capelle-Blancard, Ibid Un mélange détonnant, les causes profondes de la crise selon Olivier Blanchard Finances et développement, juin 2009, FMI Artus, Betbèze, de Boissieu et Capelle-Blancard, Ibid Source : Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA) Ibid G. [...]
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