Depuis l'abandon du système de change contrôlé de Bretton Woods, des crises surviennent dès lors qu'il y a des tensions sur le marché des changes et cela s'est aggravé du fait de l'accroissement des mouvements de capitaux et du temps de réponse des agents internationaux qui se réduit.
Alors que dans les années 1990, ces crises touchaient particulièrement les économies émergentes, les crises financières internationales d'aujourd'hui se montrent de plus en plus contagieuses et expansives même pour les économies développées qui ne sont plus à l'abri d'instabilités. Elles ont des conséquences croissantes sur le système mondialisé et la stabilité financière aussi bien nationale qu'internationale des pays riches n'est plus acquise. Cela s'est récemment vu avec la crise des subprimes aux Etats-Unis qui s'étend en Europe. Selon le FMI, le coût de cette crise financière approcherait les 1000 milliards de dollars et les banques centrales européennes sont dans l'obligation de réagir: la Banque d'Angleterre s'est ainsi vu injecter 60 milliards d'euros afin de débloquer le marché du crédit (en permettant aux banques d'échanger des prêts immobiliers contre des obligations d'Etats).
Les crises des décennies 1970-1980 étaient impulsées par le compte courant donc par des déséquilibres réels; celles des années 1990 le sont par le compte financier, imbriquent le plus souvent des crises de change et des crises bancaires, révèlent des situations d'illiquidité et dans lesquelles les mouvements de capitaux et les comportements des agents internationaux ont un rôle important.
La littérature sur ces crises est abondante et c'est la crise asiatique de 1997 qui a conduit les auteurs à redéfinir les facteurs déclencheurs de celles-ci. Comment a-t-on et explique-t-on ces crises de change et les réactions en chaîne qu'elles provoquent? Quel rôle les déterminants financiers jouent-ils? Quand parle-t-on de crises systémiques ou de crises jumelles?
Dans une première partie, nous exposerons les caractéristiques des différents modèles de crise de change avec d'une part les modèles de première et de deuxième génération (A) et d'autre part les modèles de troisième génération caractérisés par l'imperfection des marchés (B). Dans la seconde partie, nous expliquerons le rôle joué par les déterminants financiers en précisant d'abord les notions d'illiquidité et de déséquilibres induits par les déterminants bancaires (A) pour développer ensuite le risque "systémique" de la crise de change (B).
[...] Les crises financières internationales Comment peut-on expliquer les crises de change ? Les déterminants financiers jouent-ils un rôle important ? Depuis l'abandon du système de change contrôlé de Bretton Woods, des crises surviennent dès lors qu'il y a des tensions sur le marché des changes et cela s'est aggravé du fait de l'accroissement des mouvements de capitaux et du temps de réponse des agents internationaux qui se réduit. Alors que dans les années 1990, ces crises touchaient particulièrement les économies émergentes, les crises financières internationales d'aujourd'hui se montrent de plus en plus contagieuses et expansives même pour les économies développées qui ne sont plus à l'abri d'instabilités. [...]
[...] B / Imperfection des marchés et intégration des variables financières: l'arrivée des modèles de 3ème génération Les modèles de troisième génération (ou intergénération) sont proposés par PESSENTI, TILLE et KRUGMAN en 2000 et 2001; il traite de la dominante bancaire dans ces crises de change en mixant des séquences de crises déjà vues dans les deux précédentes générations et en tentant d'expliquer la situation de la crise asiatique et sa diffusion aux pays émergents du continent. Depuis le début des années 1990, la liquidité disponible et donc le crédit domestique dans les économies émergentes d'Asie avaient augmenté du fait de la recrudescence des entrées de capitaux. Le risque de défaut et la fragile supervision de ces marchés menèrent à l'instabilité des bilans bancaires (créances douteuses en hausse induisant insolvabilité de certaines banques et perte de richesse nette pour les emprunteurs). [...]
[...] Ce n'est plus un déséquilibre des fondamentaux mais bel et bien une série de causes qui va enclencher des problèmes d'illiquidité bancaire qui seront la source de cette propagation. Cette contagion se propage à la fois sur les marchés financiers domestiques et sur les marchés internationaux par l'intermédiaire de boucles auto aggravantes (le surinvestissement, une inversion conjoncturelle ou des faiblesses sectorielles entraînent des crises de liquidité; modification soudaine des comportements anticipatifs collectifs; baisse conséquente des flux d'investissement étrangers; crise de solvabilité et baisse de l'activité Ces modèles ne sont donc pas des crises de change stricto sensu (c'est-à- dire des crises liées à des distorsions de change et entraînant des tensions sur le marché des devises) car elles spécifient plutôt une "dynamique d'instabilité bancaire et financière", basée sur des modèles conçus en économie fermée, tout en intégrant de nouvelles ramifications avec le marché des changes. [...]
[...] On note aussi que les institutions financières ne sont pas tellement capables de mesurer le risque global mais arrivent plus à mesurer le risque relatif des différentes catégories de titres, d'institutions ou de pays. Au cours de ce qui est appelé la phase haute du cycle, les comportements les plus risqués se multiplient et le risque global s'accentue de par les asymétries d'information; MINSKI dit même que la fragilité financière est toujours dissimulée car engendrée lors de la phase haute. [...]
[...] Dans ce contexte, les flux de capitaux influent sur la fragilisation du système et au déclenchement de la crise: en premier dans une phase euphorique, un trop fort optimisme mène à des situations de surfinancement ce qui provoque à la fois un boom du crédit, une forte profitabilité bancaire mais qui reste précaire, un choc d'investissement positif et un boom de l'activité en général, une augmentation des réserves, des surréactions pouvant prendre la forme de bulles sur le marché En second lieu lors de la phase neurasthénique tous ces éléments sont inversés: dégradation des situations financières des entreprises et des bilans bancaires entraînant un pessimisme excessif incluant un sous investissement, un ralentissement de l'activité, des pertes de réserves, des chutes dans les cours boursiers, des faillites bancaires provoquant in fine un étranglement du crédit et une crise réelle, une diffusion de la panique déclenchant l'attaque spéculative, les sorties de capitaux et la crise de change En fin de compte les modèles de troisième génération se révèlent être à la fois assez homogène de par l'unité des modèles quant aux fragilités financières microéconomiques et par les risques de défaillances pouvant se propager au marché des changes mais aussi assez éclectiques de par la diversité des facteurs déclenchant les crises: cela va de l'endettement externe excessif, au modèle canonique du run bancaire, en passant par la dégradation des bilans bancaires ou de celui des entreprises ou encore par la combinaison de bulles sur les prix d'actifs et crises de bilan Avec ces modèles, on a donc un enchevêtrement de facteurs de crises qui suivent une sorte de circularité et au bout d'un moment cela va aboutir à l'explosion d'une crise systémique B / Le risque systémique de la crise de change et le basculement de la phase d'euphorie à la phase de détresse KRUGMAN avance l'idée de modèle de 4ème génération en liant modèle IS-LM et structures de bilans déséquilibrés et bulles sur les prix d'actifs et du coup "la crise de change devient indissociable d'une crise systémique". AGLIETTA et MOULOT définissent la crise systémique comme englobant le risque de contagion régionale ou globale d'un choc local. [...]
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