De nombreux états disposent aujourd'hui de réserves de changes très abondantes. Ces réserves sont généralement issues d'excédents courants ou de recettes en devises sur les ventes de matières premières et notamment sur les ventes de pétrole.
Lorsqu'il s'agissait auparavant de gérer ces ressources dans le simple but maintenir la stabilité des recettes budgétaires, certains de ces états ont désormais étendu leur politique d'investissement au financement de grands programmes de contribution au développement des générations futures.
Ce tournant dans la gestion de leur réserve les a poussé à contribuer au développement d'un véhicule d'investissement particulier reconnu communément sous le nom de « fonds souverain ». On entend aujourd'hui par fonds souverains, l'ensemble des fonds étatiques investissant sur un large éventail d'actifs financiers mondiaux. Ces fonds ont été développés dans l'objectif de générer des retours sur investissement supérieurs à ceux des réserves de change. Ils représentent des véhicules d'investissements à part entière et se distinguent véritablement de la gestion sécurisée des réserves de change mondiales.
L'influence des fonds souverains se fait de plus en plus grande sur les marchés financiers puisqu'ils représentent aujourd'hui entre 2900 et 3400 milliards de dollars, soit environ 5% de la capitalisation boursière mondiale. Leur horizon d'investissement est généralement long ce qui leur permet de disposer d'une tolérance au risque relativement élevée et leur univers d'investissement est mondial.
Cependant, l'influence grandissante de ces fonds inquiète. Les pays occidentaux se montrent de plus en plus méfiants quant aux motivations de ces fonds dans les prises de participation d'entreprises évoluant dans des secteurs stratégiques nationaux (établissements financiers, énergie, armement).
Pourtant, lorsque le besoin s'est fait ressentir à partir de Novembre 2007, les plus grandes banques américaines et européennes exposées au risque des subprimes n'ont pas hésité à ouvrir leur capital aux fonds souverains. Ainsi, près de 50 Milliards de dollars ont été mobilisés pour venir en aide à ces banques dont 22 milliards pour la seule CitiBank.
D'autres banques, telles que Merill Lynch, UBS, Barclays et Morgan Stanley, dont les solvabilités étaient devenues incertaines, ont également pu bénéficier de ces apports de capitaux.
Cette entrée massive dans le capital de grandes banques occidentales soulève donc la question de savoir si les investissements faits par ces fonds étatiques pourraient être utilisées à des fins politiques plutôt que financières. C'est pourquoi le G7 a demandé au FMI d'édicter un code de bonne conduite à l'intention de ces fonds.
Nous tenterons au cours de cette analyse de comprendre comment ces fonds souverains se sont formés et comment ont-ils évolué. Il sera alors possible de mettre en évidence ce qui distingue le comportement de ces fonds des autres fonds d'investissements. Nous tenterons de comprendre, par la suite, pourquoi et comment ces fonds influent-ils sur l'économie mondiale. On pourra enfin alors s'interroger sur l'avenir de ces fonds en terme de croissance et mettre en évidence les règles qui restent encore à établir pour ces fonds afin qu'ils puissent gagner la confiance des autorités financières mondiales.
[...] Ainsi le fonds Norvégien, le Government Pension Fund Global délègue 28% de sa gestion à 50 maisons externes, soit 80 mandats de gestion, ce qui représenterait près de de la partie risquée du portefeuille du fonds[18]. On peut également retrouver, dans une moindre mesure, ces méthodes d'externalisation dans les autres fonds d'investissement. Transparence, éthique et régulation La plupart des fonds souverains font preuve de peu de transparence et ne divulguent que très peu d'informations. Ainsi, la composition de leurs portefeuilles reste bien souvent opaque et leurs véritables objectifs inconnus. [...]
[...] Ce type de comportement est tout à fait assimilable aux politiques de gestion des autres fonds d'investissement. Cependant, nous verrons par la suite que les fonds souverains peuvent avoir une stratégie différente de celles des autres fonds d'investissement du fait de leur caractère public. En effet, à la motivation financière peuvent s'ajouter des manœuvres politiques destinées à favoriser l'intérêt des états détenteurs de fonds souverains. Et quand bien même les motivations des fonds souverains seraient purement financières, les stratégies mises en place par ces fonds resteraient tout de même très spécifiques. [...]
[...] Les fonds souverains tendent donc à devenir des acteurs de plus en plus importants au sein de l'économie mondiale. Cependant, les autorités financières internationales maintiennent une certaine pression sur ces fonds afin qu'ils fassent preuve de plus de clarté en ce qui concerne la transparence de leurs stratégies d'investissements. Ainsi, l'émergence des fonds souverains parait être essentiellement bénéfique pour l'économie mondiale puisqu'on a pu démontrer l'effet stabilisateur qu'ils génèrent sur les marchés. La principale étape qui leur reste à franchir serait de créer un cadre moral, ou à défaut qu'un cadre légal leur soit imposé, afin de réduire le manque persistant de transparence de leur stratégie d'investissement et ainsi réduire les craintes que ces fonds suscitent encore, notamment dans les pays occidentaux. [...]
[...] L'effet des fonds souverains sur les marchés est donc multiple. Ils génèrent de nombreux avantages puisqu'ils contribuent à la stabilisation des marchés à court terme et à la meilleure allocation de l'épargne mondiale à long terme, mais suscitent néanmoins de vives inquiétudes en terme de sécurité nationale pour les pays occidentaux qui craignent de voir ici des manœuvres politiques dictées par les pays d'origine de ces fonds. Aux vues de ce bilan mitigé, se pose alors la question de savoir comment ces fonds vont-ils évoluer de façon à maintenir leur contribution positive sur les marchés tout en réduisant les craintes qu'ils suscitent dans les années à venir. [...]
[...] Horizon d'investissement L'horizon d'investissement des fonds souverains est souvent bien plus long que les autres fonds d'investissement. Ces fonds n'hésitent pas, par exemple, à investir de manière conséquente sur les marchés émergents beaucoup plus volatiles mais qui génèrent des rendements plus élevés à très long terme[17].Ces lourds investissements sur le long terme contribuent à maintenir une certaine stabilité des marchés. Les autres fonds d'investissement sont souvent soumis pour leur part à de lourdes contraintes de performance à court terme destinées à satisfaire les exigences des investisseurs. [...]
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