Les admirateurs de la finance de marché sont allés jusqu'à prédire la fin des cycles. Non seulement les marchés financiers ne pouvaient pas amplifier les cycles ni en être les causes, mais la découverte des prix d'équilibre était si efficace que les chocs de l'économie réelle allaient être immédiatement absorbés. Bref les technologies de l'information appliquées à la finance libéralisée promettent de réaliser le mythe walrasien de l'équilibre général en mouvement.
Pourtant, le 15 septembre 2008, le monde financier vacille. «Lehman Brothers» fait faillite. Le lendemain, l'assureur «AIG» est proche du dépôt de bilan. Là, Christine Lagarde appelle Paulson et lui dit qu'il ne faut surtout pas laisser tomber «AIG». Le secrétaire au Trésor lui accorde «quinze secondes» et réplique : «Je sais ce que j'ai à faire». Nous connaissons la suite. Dès le 29 septembre, les JT nationaux soulignent «l'effet domino» et mettent l'accent sur «les premiers craquements» enregistrés en Europe et en France. Dexia, notamment, est en danger. Je ne poursuivrai pas, car bien des sujets et des débats ont été réalisés depuis le début des événements.
Nous nous interrogerons pour notre part sur la relation entre la globalisation des marchés financiers et les crises financières.
[...] La globalisation financière a rendu inévitable ce type de contamination. C'est un effet papillon Une nouvelle logique financière - la croissance très rapide de marchés nouvellement peu ou pas régulés et d'acteurs non soumis aux règles prudentielles est susceptible de contribuer à la fois à l'opacité et à l'instabilité de la sphère financière - déviances des comportements individuels (Affaires Madoff, affaire Kerviel) - le risque systémique est d'autant plus aigu que le comportement de certains de ces agents est peu connu et difficilement prévisible ; l'opacité des hedge funds ou de certains fonds souverains, peu soumis à une quelconque contrainte réglementaire, ne permet pas d'évaluer clairement et rapidement les conséquences potentielles de leurs stratégies d'investissement. [...]
[...] N'est-il pas dès lors préférable de corriger l'imperfection des marchés qui peuvent être à l'origine des crises asymétrie d'information, caractère public du bien monnaie, respect des engagements financiers par des systèmes d'incitations adaptés ? des problèmes d'économie politique : quid du coût. Peut peser sur les finances publiques. En outre, tous les pays n'ont pas les mêmes capacités de sauvetage. Pays émergents vs pays industrialisés. des problèmes d'homogénéïsation: l'homogénéisation des comportements des institutions financières augmenterait la probabilité d'expositions communes à des risques identiques d'un intermédiaire financier à l'autre. [...]
[...] Si le stress atteint les banques, un credit crunch est probable La déflation de la dette et la restructuration des bilans (actualité). Le désendettement est l'enjeu de cette phase. L'ampleur des pertes, la rapidité et la pertinence des réponses des autorités publiques déterminent la durée de la crise La nature des risques a été bouleversée et aggravée par la globalisation financière L'observation de la récurrence des crises financières depuis deux décennies témoigne du basculement d'un système régi par des autorités politiques et économiques à un système mû par les marchés internationaux de capitaux privés. [...]
[...] Les régulateurs qui voient monter les risques devraient imposer aux banques de mettre de côté davantage de capital dans les périodes d'euphorie pour se protéger. Brider la finance? La dernière piste, celle la plus en vogue actuellement, consiste à brider l'innovation financière en lui imposant des régulations politiques fortes. C'est ce qu'a fait Franklin D. Roosevelt dans les années 30 : le Sénat américain a tué pratiquement tous les marchés de produits dérivés, a séparé banque d'affaires et banques de dépôt, créé un régulateur de la Bourse. [...]
[...] Pourquoi les autorités publiques disposeraient-elles d'une meilleure information que les agents qui ont intérêt à collecter toute information pertinente puisqu'ils réalisent ainsi des profits d'intermédiation ? Milton Friedman et le rôle stabilisateur du spéculateur rationnel. des problèmes d'efficacité et l'aléa moral: l'aléa moral, induit par le secours prévisible de l'État en cas de sinistre, compromet le bon fonctionnement normal des marchés en modifiant l'évaluation des risques. La question est: et si, en sauvant le système bancaire de la faillite, les institutions publiques encourageaient en réalité les comportements à risque, à l'origine de la crise ? [...]
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