L'Inde : une géographie, La microfinance en Inde : trajectoire et limites, Guérin Isabelle, Fouillet Cyril, finance, micro finance, microcrédit, Assefa, Myrada
Guérin Isabelle, Fouillet Cyril, « La microfinance en Inde : trajectoire et limites » dans L'Inde : une géographie, Armand Colin, Paris, pp. 320-334.
Microfinance : ensemble des services financiers destinés aux populations exclues des institutions financières classiques.
Selon la Banque mondiale, 48% de la population adulte mondiale n'a pas accès à un compte bancaire, soit 2 milliards de personnes.
[...] À la fin des années 2000, une croissance de l'offre de microcrédit commercial en Andhra Pradesh précède une crise puis la chute des remboursements à partir des années 2010. Le parti au pouvoir finit par se méfier de SKS et, après la médiatisation des abus du groupe, appelle au non-remboursement ce qui explique l'effondrement du secteur. Ainsi, l'État central met fin à la privatisation du développement et reprend en main toutes les organisations le concernant. En 2011, les organisations commerciales de microfinance perdent environ 1/5 de leurs emprunteurs. [...]
[...] Son but est d'offrir des services financiers dans le cadre de la défense des droits des populations marginalisées. La Self-Employed Women's Association (SEWA), au Gujarat, est un syndicat visant à améliorer les conditions de travail et la protection sociale des femmes travaillant dans l'informel. Cette association pratique le lobbying auprès d'employeurs et d'autorités publiques (municipalités locales, Etat du Gujarat Elle est doublée de plusieurs services aux femmes et à leurs familles ainsi que d'une coopérative financière. Il existe d'autres exemples d'associations : - la Assefa (Association for Sarva Seva Farms) pour les agriculteurs au Tamil Nadu ; - la Myrada (Mysore Reseltlement and Development Agency) au Karnataka. [...]
[...] Néanmoins, la microfinance peut aussi se traduire par de nouvelles manières d'exploitation et de domination masculine : - le surendettement engendre une demande de crédit qui peut alors cacher la pression exercée par l'époux et la belle-famille ; - le microcrédit peut aller à l'encontre de l'émancipation des femmes, car : les groupes sont basés sur une solidarité forcée le microcrédit est une source d'inégalités, car le pouvoir est tenu par une minorité. L'État délégant de plus en plus de responsabilités d'intérêt collectif aux SHG, les groupes d'emprunteuses sont mis à contribution. Les femmes deviennent alors des acteurs importants de la vie économique et sociale locale. Elles peuvent gérer des biens communs (maintenance des latrines, des bornes-fontaines ) ou peuvent être intégrées à la vie démocratique locale. Mais en réalité, les femmes sont souvent cantonnées aux tâches d'exécution et ne sont pas, ou peu, payées pour les réaliser. [...]
[...] Le microcrédit devait être la solution aux problèmes de développement, mais : - n'a eu que peu d'effets sur la pauvreté ; - implique un coût important pour les usagers ; - a contribué à enrichir certains dirigeants : en 2009, le salaire des dirigeants des 4 leaders de la microfinance était compris entre 10 et 80 millions de roupies soit 250 à 2000 fois le salaire annuel moyen d'une famille rurale Il existe d'autres tendances : - apparition de nouveaux acteurs tournés vers les prêts à la consommation : l'organisation Muthoot est créée en 2010 et enregistre un taux de croissance annuel de ; - augmentation de la distribution de crédits domestiques dans les années 2000 : au Tamil Nadu, entre 2001 et 2009, ces prêts ont été multipliés par 6 ; - les territoires sont repensés : depuis la fin des années 2010, les territoires jusque-là délaissés attisent l'intérêt des banques : l'ICICI Bank (1re banque commerciale en Inde) investit les campagnes. Depuis 2004 et surtout avec le retour au pouvoir du parti du Congrès, la banque centrale indienne (RBI, Reserve Bank of India) soutient une politique d'inclusion financière. Avec le nouveau gouvernement, l'inclusion financière est devenue un moyen de soutenir la croissance et de lutter contre la pauvreté et les inégalités. [...]
[...] De plus, les effets du microcrédit restent limités face aux contraintes auxquelles les femmes sont soumises. On note tout de même des effets positifs pour les femmes : - une plus grande marge de manœuvre dans la gestion de la trésorerie familiale ou de leur entreprise ; - les groupes de microcrédit sont des espaces de socialisation, d'échanges et d'affection ; - le microcrédit est une source d'emprunt légitime, non entachée de suspicion et qui ne nécessite pas de prestations sexuelles en retour. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture