Dans cet ouvrage, Galbraith s'attache à décrire différents épisodes de krachs économiques en les expliquant par la spéculation, terme auquel l'expression d'euphorie financière du titre fait référence. En revenant sur des crises anciennes (la « tulipomanie » des Pays-Bas au dix-septième siècle ou l'action de John Law en France) et récentes (la crise de 1929 et celle, dernière étudiée, de 1987), il met en valeur leurs nombreux traits communs et dégage les mécanismes qui toujours mènent au désastre économique.
Ainsi, la spéculation est pour l'auteur la raison principale de l'acheminement vers la crise. Il fait d'ailleurs référence à « l'économie de casino » dont parlait déjà Keynes et montre la récurrence de ce phénomène dans toutes les récessions. L'euphorie financière se caractérise en effet par la fixation presque hypnotique des acteurs sur un secteur apparemment nouveau de la finance, sur des produits perçus comme novateurs et rares.
[...] Pour l'auteur, il existe une croyance très forte dans la perfection du marché qui tient presque de la religion et les acteurs économiques apparaissent bien souvent comme des croyants attendant la venue du miracle économique et pensant le trouver dans chaque nouveau produit. Ceci les conduit à railler ceux qui émettent des doutes et à négliger les signes de constitution d'une bulle qui, par définition, finira par éclater. Pour l'auteur, il faut donc agir avec discernement et donner de l'importance à la mémoire économique qui permet d'identifier les mécanismes traditionnels conduisant à la récession. Le livre de Galbraith est ainsi un plaidoyer pour une remise en cause de la modernité dont se targue souvent le monde économique actuel. [...]
[...] Par là, Galbraith nous montre que c'est souvent l'arrivée d'une nouvelle génération, dépourvue de mémoire financière qui fait entrer l'économie dans une nouvelle phase d'illusion. Mise en perspective par rapport à l'analyse et l'histoire économique Comme nous l'avons vu plus haut, John Kenneth Galbraith est un économiste influencé par les thèses de John Maynard Keynes. La principale similitude existant dans l'analyse économique des deux hommes réside en effet sur un point essentiel : la reconnaissance de la possibilité de l'imperfection du marché. [...]
[...] Il s'agit de ce que Schumpeter définissait déjà au début du vingtième siècle comme un épisode de folie collective, condamné à toujours revenir. Cette hausse est cependant toujours fondée sur un phénomène de levier, défini par Galbraith comme le déclenchement d'une dynamique ascendante du marché mais dont le fondement est une dangereuse insolvabilité et un endettement sensible. Un évènement ou un autre vient ensuite ébranler la confiance et lorsque les liquidités sont réclamées en échange du produit financier, l'insolvabilité est déclarée et l'économie entre dans une crise d'une très soudaine gravité. [...]
[...] Il s'agissait donc d'un épisode classique de spéculation et d'euphorie financières, la croyance dans la stabilité de la hausse étant très forte. Ainsi, des acteurs comme Alan Greenspan, président de la banque Fédérale jusqu'en 2006, furent salués pour leurs actions mais, ainsi que le montre Galbraith dans les épisodes précédents, ces mêmes acteurs ont été pointés du doigt lorsqu'il a fallu trouver des responsables. C'est en effet le phénomène du levier qui a été utilisé pour réaliser cette hausse, et c'est encore une fois le levier qui a été responsable de la crise. [...]
[...] Galbraith abonde donc dans le sens de Keynes en montrant une nouvelle possibilité de défaillance du marché. Il ne s'agit plus cette fois d'une tendance à la sous-optimalité mais plutôt d'une inclinaison à l'emballement subit et à la récession tout aussi rapide. Ce sont donc les caractéristiques essentielles du marché qui sont remises en question. Parmi celles-ci, la rationalité des agents est réévaluée. La folie dont le retour fréquent est décrit par Schumpeter comme un trait normal de l'économie moderne est une limitation de cette rationalité des agents. [...]
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