Le concept d'accruals discrétionnaires n'a cessé d'évoluer sur le plan de la conception de modèles de plus en plus aptes à isoler la composante discrétionnaire que sur l'objectif de la recherche dans le cadre de la théorie positive de la comptabilité. En effet, la manipulation des accruals discrétionnaires a attiré l'attention des chercheurs vers l'examen du comportement du marché financier face à de telles pratiques comptables discrétionnaires supposées influencer les titres des sociétés cotées.
Les résultats relatifs au contenu informationnel des accruals discrétionnaires ne font pas cependant l'objet d'un consensus général. Subramanyam (1996) détermine la corrélation entre la valeur boursière et trois mesures du résultat d'un échantillon conséquent d'entreprises américaines cotées à la NYSE. Les résultats de Subramanyam sont révélateurs. Il montre d'abord que le résultat net déclaré est fortement corrélé à la valeur boursière de l'entreprise. Il montre aussi que le résultat net est moyennement corrélé au simple excédent de trésorerie d'exploitation. Ceci suggère qu'il est pertinent de pratiquer la comptabilité telle qu'on la pratique, puisque le résultat déclaré reflète mieux la valeur de l'entreprise qu'un résultat issu d'une simple comptabilité de caisse. Les résultats de Subramanyam montrent aussi que le résultat net théorique, qui aurait été déclaré si l'entreprise n'avait pas manipulé ses comptes, est moins fortement corrélé à la valeur boursière de l'entreprise que le résultat déclaré, censé avoir été manipulé. Ceci suggère qu'en manipulant, le dirigeant incorpore au résultat l'impact de certains évènements qui ont été pris en compte dans l'évaluation boursière de la firme.
Toutefois, les résultats de ce type d'études, ainsi que leur interprétation dépendent de la capacité des modèles de mesure des accruals discrétionnaires, à identifier correctement la partie manipulée. En effet, étant donné que les accruals discrétionnaires ne sont pas observables et ne peuvent pas être déterminés comptablement, ils sont donc tributaires du modèle utilisé pour les déterminer. Le modèle le plus utilisé dans les recherches antérieures est celui de Jones modifié. Cependant, Dumontier et Chalayer (1996), ont proposé un modèle d'évaluation basé sur la désagrégation des accruals totaux.
En nous inspirant à la fois du modèle de décomposition de Dumontier et Chalayer (1996) et du modèle de Jones modifié pour estimer la partie discrétionnaire des accruals, nous essaierons de voir si la décomposition des accruals discrétionnaires améliore la pertinence du bénéfice comptable.
Ainsi et pour répondre à notre question de recherche, nous utiliserons la méthodologie des études d'association afin de tester l'apport informationnel additionnel de la désagrégation des accruals discrétionnaires au bénéfice comptable. En effet, les études d'associations mesurent la relation entre les rendements boursiers et les différentes composantes du bénéfice comptable. L'intensité de cette association est mesurée par le coefficient de détermination (R2). Notre analyse portera sur un échantillon d'entreprises françaises cotées et les données couvrent la période : 1996 à 2000.
Un modèle de régression sur les données de panel sera appliqué, afin de voir si la désagrégation de la composante discrétionnaire des accruals augmentait le pouvoir explicatif du modèle. Dans cet article, la deuxième section, sera dédiée à l'examen des principales études ayant analysé le contenu informationnel des accruals discrétionnaires. Au niveau de la troisième section, nous allons essayer tout d'abord de résumer les hypothèses de l'étude. Nous présenterons, ensuite les différentes étapes de la méthodologie que nous mettrons en œuvre pour valider ces hypothèses ; nous présenterons dans une quatrième section les résultats obtenus accompagnés des interprétations alors que la conclusion de l'étude est présentée dans la cinquième section.
[...] Une autre critique adressée à notre étude réside dans le fait qu'on a ignoré la liaison entre les accruals discrétionnaires et la performance de la firme. La nécessité d'avoir ce type de liaison a été préconisée par Beneish (2001) et Barth et al (2001). Si nous prenons en considération la conclusion d'Atiase et Tse (1986) selon laquelle les modèles de prix et les modèles de rendement sont complémentaires, les résultats de cette étude peuvent être renforcés à travers le recours à un modèle de prix. [...]
[...] (1983), «The economic consequences of accounting choice: Implications of costly contracting and monitoring», Journal of Accounting and Economics, Vol.5, pp. 77-117. Janin, R. (2000), Gestion des chiffres comptables, contenu informationnel du résultat et mesure de la création de valeur Thèse de Doctorat, Université Pierre Mendés France, Grenoble pages. Jomni, F. (1999), Evaluation et validation des modèles de mesure de la Gestion des résultats dans le contexte tunisien Mémoire de DEA en comptabilité (ISCAE de Tunis). Kolsi, M .C. (2002), le contenu informationnel des accruals discrétionnaires cas du Canada Mémoire de DEA en comptabilité (ISCAE de Tunis). Kothari, S.P. [...]
[...] La régression qui décompose le bénéfice net par action (BPA) en bénéfice non discrétionnaire par action (BNDISPA) et en accruals discrétionnaires désagrégés par action (ACCDISDEPA) possède un pouvoir explicatif supérieur à ceux de la régression et n°2. Ce résultat insiste sur le rôle des accruals discrétionnaires désagrégés dans l'amélioration de l'association entre les rendements boursiers et le bénéfice comptable. Les coefficients associés aux accruals discrétionnaires désagrégés ((BFRDISPA, PROVDISPA, et DADISPA), sont significatifs. En conclusion les accruals discrétionnaires agrégés et désagrégés sont informatifs. [...]
[...] 2 - Etude du contenu informationnel des accruals discrétionnaires Après la résolution du problème des effets individuels, on passe maintenant à la mesure du contenu informationnel des accruals discrétionnaires. D'après les résultats déjà trouvés, on va estimer le modèle d'accrual par l'estimateur (MCG) et ceci secteur par secteur. Après avoir estimé les accruals discrétionnaires a l'aide du modèle de Jones modifié (1995) et le modèle de Dumontier et al (1996), nous allons tester les deux hypothèses pour voir dans quelle mesure les résultats sont sensibles aux choix des modèles de mesure des accruals discrétionnaires. [...]
[...] Ball, R. and Brown P. (1968), empirical evaluation of accounting numbers», Journal of Accounting Research, Vol.6, pp. 159-178. Beneish, M.D. (2001), Earnings Management: A Perspective», Managerial Finance, Vol pp. 3-17. Chalayer, S. and P. [...]
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