Apparue au 17ème siècle, la publicité, aujourd'hui pilier des sociétés de consommation, n'a commencé à être mise en question que dans les années 30. C'est le critique littéraire anglais Leavis qui le premier dénoncera « l'abrutissement » exercé par les médias. A la même époque, Tchakhotine accuse le matraquage publicitaire d'accroître la propension à l'assujettissement de la volonté. Mais le tournant de la critique de la publicité s'opère avec l'émergence des mouvements anti-pub.
[...] Cependant l'efficacité de ces mouvements prônant la désobéissance civile est de plus en plus mise en doute et certains groupes se tournent donc vers des actions plus radicales. C'est le cas de Stopub, créée en 2003, qui a lancé une action de recouvrement et dégradation d'affichage publicitaire. Sur un total de quatre journées d'action à l'automne 2003, environ 9000 affiches auraient été détériorées. L'ampleur que ce mouvement a acquis depuis sa création fait figure d'exception pour la France qui en comparaison à ces voisins européens fait rarement l'usage de procédé illégaux. Les Déboulonneurs ont également recours à ces méthodes de dégradation légère. [...]
[...] Mais le tournant de la critique de la publicité s'opère avec l'émergence des mouvements anti-pub. C'est dans un contexte de contestation sociale omniprésente que les mouvements anti-pub ont vu le jour. Au lendemain de mai 68, la critique du capitalisme est à son apogée, et la publicité se retrouve donc en bien mauvaise posture. Le terme publiphobe fait son apparition dans le langage courant et dans les esprits. Pourtant, à la fin des années 70, la publicité rencontre de nouveau un certain engouement avec l'apparition de personnages tels que Jacques Ségéla ou d'émissions comme Culture Pub. [...]
[...] Alors qu'au début des années 90, les réfractaires se font de plus en plus vigoureux outre-Atlantique, la France reste modérée. Toutefois, en 1990, Yvan Gradis crée la magasine Publiphobe, puis fonde RAP (Résistance à l'Agression Publicitaire) trois en plus tard. La même année, Pierre-Jean Delahousse crée Paysage de France. Cette association lutte en premier lieu contre la détérioration de l'environnement et la pollution visuelle résultant de l'omniprésence de la publicité. Elle intente régulièrement des actions en justice pour faire la guerre aux panneaux publicitaires illégaux. [...]
[...] La pub à outrance incitant à la consommation excessive dans un climat social précaire semble provoquer un malaise croissant au sein de la société de consommation. L'intitulé d'un des tracts de Stopub en est l'illustration : Contrôle de nos identités, répressions de nos actions . et la consommation pour seule solution ? Cette disparité au sein des mouvements antipub montre que ces derniers se présentent en réalité comme un exutoire des maux de la société, où chacun peut alors revendiquer son mécontentement envers la société de consommation en général et non plus seulement vis-à-vis le recours abusif à la publicité. [...]
[...] L'individualisme est accentué par la mise en avant du plaisir personnel avant tout et de l'achat pour Soi, cependant, le matraquage des réclames publicitaires a pour résultat le formatage partiel de la société dans la mesure où celle-ci fait naître des besoins et désirs commun chez tout individu. La publicité valorise également la société du paraître plutôt que de l'être. L'acquisition de biens matériels apporte à l'individu une gratification sociale et une reconnaissance aux yeux des autres. Pourtant, ce processus n'est qu'illusoire, la publicité étant alors un vecteur de faux-semblants créatrice d'apparences sociales. D'autre part, il a été donné de constater, notamment lors de l'action de Stopub en 2003 que des groupes sociaux au départ étrangers à ce mouvement se ralliaient aux anti-pub. [...]
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