Au milieu des années 70, un nouveau type d'experts apparaît: les consultants en communication. Ces spécialistes venus de la publicité, du journalisme ou du conseil en management produisent alors une littérature abondante. Les grandes presses écrites et la télévision l'incluent dans leur programmation et des revues spécialisées sont créées.
Dans les années 80, l'entreprise fait irruption parmi les sujets légitimes et dignes de considération dans l'information et les débats publics.
Au même moment, une fonction nouvelle de communication généralisée apparaît dans l'organigramme des grandes entreprises privées françaises. Par la suite, cette fonction se généralise dans le secteur public, les partis et grandes associations.
Dans « Communication managériale – La modernisation symbolique des entreprises », Bernard Floris s'interroge sur l'irruption dans les années 80 de la légitimité de l'entreprise dans le discours social au moment même où la fonction communication apparaissait dans les organigrammes. L'effet de mode passé, elle s'impose en France comme une activité normale et « normalisé » avec une rapidité que souligne l'auteur : « On ne parlait pas de communication d'entreprise au début des années soixante dix et une quinzaine d'année après, cette activité était normalisée ».
L'entreprise a intégré l'espace public, d'abord en devenant source de débats, et finalement en imposant sa culture comme nouvelle idéologie dans la société. Comment l'entreprise capitalistique et l'Etat patron sont-ils devenus « entreprise citoyenne ». ?
Selon l'auteur, l'objectif de l'ouvrage est de mettre à jour l'évolution des relations entre configuration structurelle du champ des entreprises ainsi que le système de représentations qui leurs correspondent et les régulent à la fois. Il observe des similitudes entre l'exercice des pouvoirs dans l'espace professionnel de l'entreprise et dans les formes d'organisation politique. B. Floris fait alors l'analyse des interrelations complexes qui lient la société-institution à l'entreprise-organisation, au niveau pratique (gestion technique et administration des affaires d'une société organisée), comme au niveau symbolique (légitimation des actes, du sens et des valeurs attribuées à cette société et à ses dirigeants pour que les individus reconnaissent ou acceptent leur position et action par rapport à celle des autres)
Alors, si le point de départ de la réflexion est : « Pourquoi l'entreprise et la communication managériale font irruption dans l'espace public à ce moment là et pas avant ? », la généalogie et l'analyse de la fonction de dircom auxquelles se livre l'auteur pourrait se résumer à : « Comment créer les conditions d'une possibilité de légitimité d'une profession auto-proclamée telle ? »
La problématique de l'ouvrage pourrait ainsi se résumer : du « zéro communication » du modèle taylorien à « l'ingénierie symbolique » du social.
[...] Chapitre 1 : La fin du compromis français des relations socioprofessionnelles LE SPECTRE DE LA LUTTE DES CLASSES La lutte des classes a toujours existé. Cette symbolique a structuré en partie l'imaginaire et la mentalité des Français durant plus de cinquante ans. Issue d'une théorie finaliste de l'histoire pour les sociologues, elle vérifierait la pensée suivante : l'évolution sociale est déterminée par la domination des classes qui s'appropriaient les moyens de production. Cette théorie de lutte des classes a accompagné la naissance d'un mouvement ouvrier qui en a fait son idéologie et sa croyance. [...]
[...] La mise en place du management participatif s'est opérée sans la participation des partenaires sociaux. L'organisation du travail n'a pas connu de réelles mutations car la gestion communicationnelle des relations de travail s'est trouvé écartelée entre la gestion des systèmes informatisés qui envisage la circulation optimale des informations dans l'entreprise et la fonction communication qui est un organe de contrôle du climat social, de diffusion de l'idéologie managériale et, de mise en scène des formes participatives. Dans ces conditions, l'idéologie managériale est dans l'impasse car elle ne propose pas un nouveau compromis social. [...]
[...] Floris, tant le marketing communicationnel crée était en accord avec le mode de vie et les représentations. Le Participatif La participation s'est transformée en participatif lorsque le management s'est orienté vers des formes plus humaines de direction des salariés après le rejet des méthodes de commandement autoritaire du taylorisme. La crise de Mai 1968 en France a été le catalyseur de la prise de conscience du rejet des méthodes autoritaires du commandement Taylorien. Le patronat comprend que les salariés souhaitent plus de considération et de concertation dans le travail et décide de revaloriser le facteur humain dans la gestion des ressources humaines. [...]
[...] Le management participatif va rechercher l'adéquation entre homme, structure, et créativité sociale. Les effets de ce management seront la création de nouveaux collectifs de travail, le passage d'une hiérarchie sanction à une hiérarchie d'animation et de fortes transformations organisationnelles. La communication devient un élément structurel et donc indispensable de ce nouveau modèle de management. Le taylorisme est la négation de la subjectivité au travail pour les ouvriers et les salariés au décompte des gains produits par le rendement de leurs travails et il externalise les facteurs subjectifs en les renvoyant hors de l'entreprise dans la sphère privée de la consommation. [...]
[...] Plusieurs éléments rendent problématique le partage conventionnel de la communication interne - et de la communication externe : Cette distinction sépare artificiellement des qualités réunies dans les mêmes individus (salariés, consommateurs). Certains publics ne sont ni dehors, ni en dedans (fournisseurs ou actionnaires). Les fondements idéologiques et technologiques employés sont les même pour l'interne et l'externe. La frontière réelle de la communication ne passe pas entre l'entreprise et l'environnement, mais entre le champ managérial et les autres champs de partenaires, salariés, consommateurs et institutions. L'unification de l'interne et de l'externe s'établit à partir des technologies du marketing institutionnel comme nouveau mode généralisé de gestion symbolique des rapports sociaux. [...]
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