Jeux de pouvoirs, film américain porté à l'écran cet été 2009, évoque l'histoire tumultueuse d'un journaliste du Washington Post qui se lance dans une enquête périlleuse : pouvoir des politiques, des lobbies et des entreprises privées qui cherchent à se répartir les marchés, le cliché du secret d'Etat y est finement ciselé. Ce film a majoritairement séduit les spectateurs pour deux raisons : d'une part, il révèle la crainte profonde du public à l'égard des médias, celui de ne pas être informé ou d'être confronté à une actualité de camouflage ; d'autre part, c'est la figure du « journaliste héroïque », comme l'a nommée Géraldine Muhlmann dans son essai Du Journalisme en démocratie, l'image du professionnel exposant les non-dits des coulisses politiques qui a conquis le public des salles.
Pourtant, les critiques à l'égard des médias s'accumulent depuis ces dernières années : entre connivence avec la classe politique et flirt avec les patrons d'entreprise, les médias sont accusés de bien grands maux. Désinformation, « actualité spectacle », mauvaise hiérarchie de l'information, censure : telles sont les plaintes qu'ont exprimé les plus sages, comme Caroline Fourest, aux plus extravagants, tels Jean-Edern Hallier. La médiacratie qui exagère la valeur de certains évènements semble s'allier de pair avec la médiocratie, celle de la sous-médiatisation et du journalisme de piètre qualité.
De cette manière, s'interroger sur les rapports entre médias et vérité impose de réfléchir sur la relation que le public entretient avec l'actualité qui lui est exposée : quel impact les déséquilibres du traitement médiatique de l'information ont-ils sur notre réception de l'actualité ? Les critiques adressées aux médias doivent-elles susciter notre prise de recul par rapport au journalisme classique ? Comment les médias peuvent-ils faire bon usage de la liberté d'expression dont nous disposons ? Est-il possible de concilier l'augmentation croissante des moyens d'information avec une meilleure connaissance de l'actualité ? Quelles opportunités nous offrent les nouvelles technologies en vogue par rapport à la connaissance des événements quotidiens ?
[...] Nous pouvons aussi ajouter à cette analyse les travaux d'écrivains qui ont offert au lecteur une alternative au journalisme. Ce fut notamment le cas d'André Gide et de son témoignage Retour d'URSS. Avec, il tenta de délivrer l'opinion publique des illusions sur l'Union Soviétique, en tant que rempart contre le nazisme. Aujourd'hui, les intellectuels prennent aussi leur place dans la sphère du Web en y postant des textes ou des vidéos sur les problèmes d'actualité, par exemple Caroline Fourest ou Slavoj Žižek. [...]
[...] Est-il possible de concilier l'augmentation croissante des moyens d'information avec une meilleure connaissance de l'actualité ? Quelles opportunités nous offrent les nouvelles technologies en vogue par rapport à la connaissance des évènements quotidiens ? Il semble que les médias privilégient une diffusion de l'information de plus en plus rapide, au risque de faire de la sphère journalistique un spectacle où les évènements sont analysés avec peu d'attention Toutefois, nous ne devons pas omettre le contrepouvoir médiatique qui a déjà porté de grandes affaires et des scandales à la connaissance du public (II). [...]
[...] Les médias se révèlent ainsi coupables d'une mauvaise qualité de l'information, essentiellement due à un manque de déontologie de la part des professionnels ou d'une hiérarchisation qui n'est pas le véritable reflet de la vie quotidienne. Certes, nous pouvons reprocher aux médias un manque de rigueur à l'origine de cette médiocratie Cependant, ces derniers connaissent de véritables victoires et sont capables de remplir leur rôle de critique à l'égard du pouvoir De nos jours, les Nouvelles Technologies de Communication et d'Information (NTIC) permettent d'alerter le grand public de certains évènements majeurs Dans plusieurs de ses travaux écrits, Géraldine Muhlmann nous invite à repenser la notion de contre-pouvoir, selon elle déformée par plusieurs concepts sociologiques ou philosophiques. [...]
[...] Autre exemple pertinent : le réveil de la polémique sur le pape Pie XII a offert l'occasion au bloggeur koztoujours (www.koztoujours.fr) de publier à ce sujet une analyse documentée et minutieuse. Son travail remarquable constituait une réponse aux assimilations hâtives avec le nazisme et Maurice Papon, qu'ont opéré l'hebdomadaire Marianne et l'éditorialiste Alain Duhamel. La hiérarchie de l'actualité opère souvent un déséquilibre médiatique au niveau de l'audiovisuel et de la presse. Toutefois, il convient de ne pas blâmer la sur-médiatisation, car celle-ci a pu lever le secret de certaines affaires camouflées par les dirigeants politiques. [...]
[...] La sous-médiatisation, quant à elle, peut signifier deux choses : elle peut découler de la sur-médiatisation, à savoir la carence d'informations relatives aux évènements passés sous silence ; elle peut aussi revêtir les habits de la censure, de la mauvaise qualité des journaux ou des objectifs économiques des médias. Dans son petit essai critique Les Nouveaux chiens de garde, Serge Halimi pointe du doigt les ressorts de la machine médiatique française. A coups de références et de citations, le rédacteur en chef du Monde Diplomatique dénonce l'esprit lucratif qu'entretient une minorité de journalistes et d'hommes d'affaires. [...]
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