Le storytelling : une arme de distraction massive

Résumé du document

Depuis les années 1990 aux États-Unis apparaît une nouvelle forme d'art de conviction née sous le nom de « storytelling », le successeur contemporain à la rhétorique avec une variante. Le storytelling est l'art de raconter des histoires, permettant d'échapper ainsi aux discours abstraits. Il est devenu l'outil le plus efficace de communication et s'impose à tous les secteurs de la société. Dans la politique, le marketing, les médias, la psychologie, chacun raconte une histoire pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens. Le storytelling apparaît comme une « technique de communication, de contrôle et de pouvoir ».

Le succès des campagnes présidentielles américaines repose en partie sur le storytelling, créer une bonne histoire afin de toucher l'émotion des citoyens et de les convaincre : « sans une bonne histoire, il n'y a ni pouvoir ni gloire ». Le storytelling devient un instrument de contrôle des opinions, par des récits le plus souvent fictifs. Il s'inscrit dans une logique du capitalisme et du pouvoir triomphant. Derrière ces histoires anodines se cachent des enjeux colossaux. Quels sont les enjeux du storytelling dans les hautes sphères du pouvoir étatique et commercial ? Quelles influences a-t-il sur la société contemporaine ?

Extraits

[...] Si l'on considère la consommation comme seul rapport au monde tous les individus sont soumis aux mêmes vécus, ils consomment les mêmes marques, ils vivent les mêmes histoires. Ici, tous les individus auront la même histoire donc auront les mêmes habitudes. Est-il possible que la société se rende compte qu'elle se fait manipuler encore une fois comme elle se fait manipuler par les politiciens ? 18 Christian Salmon (2007), op. cit., p CONCLUSION Le storytelling évolue dans tous les secteurs qui touchent le plus l'homme. L'homme est au centre du récit et devient l'esprit à convaincre. [...]

[...] Les commentaires furent écrits par le gouvernement et faisaient partie d'un accord entre eux et la chaine. Le storytelling peut prendre une autre forme de conviction et de manipulation. Par exemple, la mise en scène du 1er mai 2003 du discours du président G.W. Bush sur le porte-avion Abraham Lincoln devant une bannière où l'on pouvait lire Mission Accomplie Lors de cette allocution qui annonce la fin des opérations militaires en Irak, cette banderole était destinée à faire conclure à la population ce que le président annonçait. [...]

[...] Le storytelling est l'art de raconter des histoires, permettant d'échapper ainsi aux discours abstraits. Il est devenu l'outil le plus efficace de communication et s'impose à tous les secteurs de la société. Dans la politique, le marketing, les médias, la psychologie, chacun raconte une histoire pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens. Les managers sont tenus de raconter des bonnes histoires pour motiver les salariés, et les psychologues pour guérir les traumatismes des GI's rentrés d'Afghanistan, par exemple. [...]

[...] Le but ultime étant de formater les esprits comme dit Christian Salmon, dans son propre intérêt. Les techniques de pouvoir changent et ne cherchent qu'à mobiliser les citoyens et toucher leurs émotions. Du côté des médias, le storytelling est devenu un moyen pour de grandes entreprises de se racheter auprès de l'opinion publique (affaire Nike) ou de se décharger d'une erreur en inventant une histoire avec un bouc émissaire (affaire Kerviel). Tandis qu'en marketing et management, le storytelling est présent pour faire rêver la population, dans une logique purement capitaliste du profit et de vendre une histoire avant de vendre un produit. [...]

[...] Essais Ainsi le storytelling dans la religion chrétienne apparaît avec la vie de Jésus. La vie de Jésus est racontée de façon tragique : un héros solitaire, fils d'un Dieu et d'une mortelle, porteur d'une grande mission, sauver le monde. Il réalise des miracles et affronte les forces du mal. Il est mis à mort selon un scénario dramatique. Mais finalement, il ressuscite et proclame la bonne nouvelle : je vais vous sauver Selon B. Delorme, cette force de la rhétorique est de faire glisser le personnage d'un statut humain à un statut divin Un message religieux qui touche les cœurs et frappe les esprits auxquels on peut l'identifier comme un exemple à suivre. [...]