Le discours médiatique de deux journaux nationaux : Le Monde et Le Soir

Résumé du document

Dans le cadre de l'analyse des médias, tenter d'approcher les discours sociaux par le biais de la rubrique du médiateur nous semble judicieux. L'intérêt d'une telle démarche réside dans la qualité d'observatoire que nous offrent les médias. En effet, ces derniers mettent en exergue les liens qui existent entre discours et société.

La chronique du médiateur se démarque des autres textes médiatiques puisque les lecteurs produisent eux-mêmes une partie des discours sociaux qui la constituent. De ce fait, elle nous apparait comme un miroir de la société. Néanmoins, même si la rubrique du médiateur s'adresse à un secteur très large de la société, il semble difficilement imaginable qu'elle parvienne à la représenter dans sa totalité.

En 1994, la fonction de médiateur est instaurée au Monde. Elle est d'abord occupée par André Laurens puis par Thomas Ferenczi. En 1998, Robert Solé succède à ce dernier et devient ainsi le nouveau médiateur du "Monde". À ce titre, il doit "favoriser le dialogue entre les lecteurs et la rédaction", mais également vérifier que le journal ne déroge pas à ses règles (déontologiques et professionnelles). Pour ce faire, il dispose de deux éléments. Premièrement, il réceptionne et traite le courrier des lecteurs (aidé d'un journaliste à mi-temps et de deux secrétaires).

Deuxièmement, chaque semaine (ou presque), il publie, dans l'édition du weekend (dimanche-lundi), une chronique avec lui seul pour garant. Dans celle-ci, il réagit au courrier des lecteurs et, à cette fin, reproduit des extraits de ces lettres, sélectionnés à sa convenance parmi le demi-millier de lettres reçues hebdomadairement. Robert Solé exercera le rôle de médiateur du Monde jusqu'en 2006.

La rubrique du médiateur du "Soir", intitulée "Entre les lignes", voit le jour quelques années après, en 2000, avec Marie-Claire Bourdoux. Très vite, Jean-Claude Broché la remplace. Vient ensuite le tour d'Éric Deffet de jouer les médiateurs pour "Le Soir". Le mode de fonctionnement de cette rubrique de Médiation semble fort proche de celui utilisé dans la rubrique homonyme du Monde. Marie-Claire Bourdoux signale toutefois qu'elle a « refusé de lire Solé [car] Le Soir ne devait pas copier, mais trouver son ton propre ».

Extraits

[...] Nous remarquons cela aux thèmes abordés dans les chroniques du médiateur des deux journaux. En effet, les sujets traités par Le Monde dans ses différentes rubriques du médiateur apparaissent comme plus intellectuels par exemple, Au-delà des anathèmes (2-3/11/03, p Le Monde) et Relu et amendé (7-8/12/03, p Le Monde) alors que les thèmes que l'on retrouve dans celles du Soir comme Mon beau sapin, roi des forêts (09/12/03, p Le Soir) et du courrier et Kim et Justine, au-delà de l'exploit (16/09/03, p.19, Le Soir). [...]

[...] De ce fait, elle nous apparait comme un miroir de la société. Néanmoins, même si la rubrique du médiateur s'adresse à un secteur très large de la société, il semble difficilement imaginable qu'elle parvienne à la représenter dans sa totalité. Nous pouvons expliquer cette incapacité à refléter l'ensemble de la société en invoquant les orientations politiques (plus ou moins marquées) des différents journaux. Les propos tenus par Marie-Claire Bourdoux illustrent parfaitement notre hypothèse : Bien sûr, nous ne pourrons faire écho à toutes les lettres. [...]

[...] (2-3/11/03, p Le Monde) Fausses barres et vrais poncifs : Robert Solé répond aux lecteurs qui dénoncent les abus de langage récurrents dans Le Monde. (9-10/11/03, p Le Monde) Avec ou sans guillemets : Cette chronique met en exergue l'utilisation erronée des guillemets dans les titres d'interviews. En effet, elles sont titrées à l'aide de citations qui en sont extraites. Celles-ci sont parfois tronquées. L'usage des guillemets apparait alors outrancier. (23-24/11/03, p Le Monde) Relu et amendé : Les lecteurs se plaignent de l'ajout de la mention relu et amendé qui accompagne souvent les interviews. Cette expression signifie que l'interviewé a revu ses propos. [...]

[...] Le médiateur préfère donc l'utilisation du il à celle du je puisqu' il représente souvent le journal (tandis que je n'engage que lui). Nous pouvons donc noter que, même si le médiateur est seul responsable de sa rubrique, il s'arrange souvent pour tourner ses phrases de manière à ne pas devoir en assumer les propos à lui seul en favorisant les tournures impersonnelles ou en utilisant le journal comme sujet de ses phrases. On ne rencontre pas beaucoup d'adverbes d'espace : Ici, la conversation est d'abord privée (7-8/12/03, p Le Monde) ou Mais il aurait sans doute été prudent de souligner qu'il ne s'agissait là que d'un exemple parmi d'autres (21/10/03, p Le Soir). [...]

[...] Les lecteurs estiment que cela remet en doute la fiabilité du journaliste. (7-8/12/03, p Le Monde) La petite princesse : Afin de donner suite à la lettre d'une lectrice outrée que Le Monde n'ait pas mentionné la naissance de la princesse hollandaise, Robert Solé y consacre sa chronique. (14-15/12/03, p Le Monde) La boite à surprises : Il s'agit d'un bilan de fin d'année. (21-22/12/03, p Le Monde) Le Soir Informer à charge et à décharge : Ce bulletin traite de la réception, par les lecteurs, de l'affaire Cantat-Trintignant. [...]