Un bilan et perspective des politiques de communications du virus du vih s'est imposé comme sujet en raison de l'actualité. En effet, le sida a été reconnu cette année comme Grande cause nationale de l'année 2005 par les pouvoirs publics. Or, l'investissement de l'Etat vient rappeler l'engagement de l'Etat en matière de santé publique dont l'OMS donne une définition qui fait référence : « La santé est un état complet de bien-être physique, sociale et mental et ne consiste pas seulement en l'absence de maladie ou d'infirmité. » Cet engagement, dans une approche volontariste et persuasive, entend tout mettre en œuvre pour obtenir les changements de comportements jugés nécessaires à l'amélioration de la santé publique.
Cette distinction s'inscrit dans un contexte où les comportements se relâchent et où les contaminations connaissent une recrudescence. Cette nouvelle donne de l'épidémie remet en cause la stratégie de communication menée jusqu'à présent dans la mesure où elle n'a pas pu prévenir ce retournement de situation de l'épidémie qui s'est traduit par une augmentation des cas du vih sur ces derniers mois. La communication doit s'adresser différemment en fonction du profil des récepteurs des messages de prévention En effet, on constate un réel décalage entre connaissances et comportements. Pour tenter d'y répondre, j'ai eu recours à des entretiens semi directifs aussi bien avec des malades, qu'avec des spécialistes de la santé. Cette dyarchie renvoie en fait à un problème beaucoup plus large de représentation comportementale, c'est-à-dire comment, sans tomber dans l'écueil de la stigmatisation, peut-on inventer un modèle d'identification d'un comportement responsable de préservation de soi et de l'autre dans un contexte de mutation de l'épidémie ?
Dans un premier temps, nous verrons que l'épidémie du vih a connu une évolution aussi bien sur le domaine épidémiologique que sur celui de ses cibles avant d'étudier dans un dernier temps son impact en matière de communication qui privilégie aujourd'hui en terme d'efficacité un modèle d'engagement au plus près de l'individu.
[...] Chez la majorité de leurs membres, les comportements oscillent entre des comportements de relâchement et de protection. Cependant, comme souligne le Professeur Rozenbaum, les comportements de protection en toute circonstance restent l'exception et sont adoptés à quatre vingt pour cent de cas. Or, comme le souligne Hubert Lissandre, l'individu construit le risque, contrairement à une approche objectiviste qui va mettre les accents sur les facteurs extérieurs à l'individu.[16] Chez l'homosexuel, le risque fait l'objet d'une appropriation d'un rapport à soi et au monde, ce qui renvoie à une problématique subjective et imprévisible. [...]
[...] Certains croient que s'ils ont l'air en bonne santé, c'est un signe de salubrité physique. La perception du danger disparaît donc derrière le mythe de l'apparence. C'est pour cette raison que l'INPES a développé une campagne d'affichage avec un jeune homme noir qui se regarde dans une glace et qui s'interroge sur son statut sérologique. D'autre part, il y a une véritable stigmatisation des personnes séropositives au sein de la communauté africaine ce qui constitue un frein indéniable au dépistage. [...]
[...] Chacun est responsable d'un comportement dont une communication réactive doit relever le défi. Elle doit répondre à un certain nombre d'objectifs : rectifier les croyances erronées, créer un degré approprié de préoccupation et de motivation et offrir aux personnes vulnérables des modèles de rôles appropriés pour faire face aux pressions qui peut les engager dans des comportements qui s'accompagnent d'un risque élevé d'infection. Au-delà de ces objectifs, cette communication engageante est elle susceptible de rénover l'usage qui peut être fait de la télévision dans une politique de prévention ? [...]
[...] Galila Bouz relativise la difficulté de l'approche culturelle que cette communauté a à l'égard du sexe. Cette appréhension est souvent tributaire d'origines géographiques et religieuses spécifiques. Ainsi, par exemple, certaines femmes maliennes, musulmanes de confession, parlent de sexe avec la plus grande latitude entre elles. En outre, la difficulté de communiquer sur la prévention se pose auprès de populations souvent désocialisées, voir pour certaines d'entre elles en situation irrégulière. Comment faire entendre et comprendre un message de prévention à des populations en situation de survie ? [...]
[...] Lors des premiers rapports amoureux, les relations sexuelles sont rarement dissociées de sentiments idéalisés qui induisent une attitude de défiance devant le danger. Le préservatif pose alors un problème dans la négociation amoureuse dans la mesure où il apparaît déplacé[11]. Une dichotomie apparaît entre les relations sérieuses au cours desquelles le partenaire aimé présente une garantie à lui seul et les relations de rencontre au cours desquelles le préservatif reste la norme. Au-delà, il apparaît que la négociation du préservatif dans toutes les relations sexuelles reste comme le point de fragilité dans le comportement de prévention. [...]
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