Le 26 octobre 2009, est sorti en DVD le documentaire écologiste de Jean-Paul Jaud, "Nos enfants nous accuseront" (le film était sorti sur les écrans à la fin 2008). Le long-métrage se veut « un portrait sans concession sur la tragédie environnementale qui guette la jeune génération : l'empoisonnement de nos campagnes par la chimie agricole [...] et les dégâts occasionnés sur la santé publique ». En prenant l'exemple du petit village de Barjac, dans le Gard, qui a décidé d'introduire le bio dans la cantine du village, le réalisateur nous met en garde contre le caractère cancérigène des pesticides utilisés dans l'agriculture classique.
L'un des scientifiques interrogés dans ce film est le professeur Belpomme, qui dénonce depuis plusieurs années le fait que l'usage de pesticides engendre des cancers dans les zones où ils sont utilisés et pour les consommateurs des produits y ayant été exposés. Il a dénoncé l'utilisation du chlordécone aux Antilles dans un rapport controversé (« Rapport d'expertise et d'audit externe concernant la pollution par les pesticides en Martinique », ce qui lui valut d'être auditionné par une commission parlementaire d'enquête en novembre 2007.
[...] Mais cet épisode n'a pas clos le débat, loin de là. Sinon, comment expliquer le développement de l'agriculture biologique et des productions sans pesticides ? Comment ne pas reconnaître un fond de vérité à la masse de rapports, livres et films (comme bientôt le film Sous les pavés, la terre), qui ont pu reprendre le même type de thèses ? [...]
[...] Le travail du Professeur Belpomme et de son équipe a été largement décrié, mais reste que de très nombreux types de pesticides sont interdits à cause des risques environnementaux et sanitaires qu'ils entraînent. Le facteur cancérigène des pesticides n'a peut-être pas été prouvé, mais le principe de précaution l'emporte. [...]
[...] Elle a été rendue publique le 23 juin 2007 : le rapport d'expertise fait suite à l'audition du Professeur Belpomme à l'Assemblée Nationale le 2 février 2005 (le rapport que nous citons ici a fait l'objet d'une nouvelle audition, en novembre 2007) : il décide alors de mener l'enquête du 30 avril au 5 mai 2007 auprès de la population ainsi que de médecins, élus et professionnels de la Martinique, qui s'est poursuivie en Métropole avec la consultation d'experts spécialisés dans les domaines de la chimie, de l'agrobiologie, de la toxicologie, de la biologie moléculaire et de la santé Cette enquête a été rendue possible lorsque le député Philippe Edmond-Marriette [représentant de la Martinique, NDLR], accompagné de plusieurs autres députés de la Martinique et de la Guadeloupe, prennent contact avec le Pr. Belpomme à l'ARTAC, pour lui demander son avis sur la situation sanitaire et environnementale liée à la pollution par les pesticides aux Antilles selon les termes du rapport. [...]
[...] Les deux principaux sont, assez naturellement : Les industriels du secteur, à savoir notamment les producteurs de pesticides, qui soutiennent bien entendu que leurs produits sont inoffensifs, ou du moins que dans des conditions d'utilisation normales ils ne représentent pas de danger sanitaire majeur ; le rapport tend à prouver que les affirmations de ces entreprises sont fausses (elles cherchent à assurer leurs profits, donc elles cachent sciemment la vérité sur leurs pesticides). Les pouvoirs publics, qui ont déjà interdit ou réduit l'utilisation de très nombreuses variétés de pesticides pouvant présenter un risque pour l'environnement ou pour la santé des consommateurs ; l'objectif du Professeur Belpomme était d'alerter l'Etat et les autorités sanitaires afin qu'elles prennent conscience du risque des pesticides, et notamment du chlordécone, qu'il faudrait donc interdire. Ces deux acteurs font chacun intervenir des scientifiques afin de corroborer leurs thèses respectives. [...]
[...] La méthode d'analyse utilisée par les scientifiques à l'origine de l'audit doit être divisée en trois étapes distinctes : Tout d'abord, une première phase préparatoire d'analyse des documents disponibles en Métropole : ont notamment été étudiés le rapport d'information n°2430 déposé le 30 juin 2005 à l'Assemblée Nationale ; les conclusions du groupe d'Etude et de Prospective du CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement ) et de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique ) ; différents documents informels relatant l'état d'avancement des études scientifiques coordonnées par l'INSERM [Institut national de la santé et de la recherche médicale, NDLR] en Guadeloupe, et concernant plus particulièrement les niveaux de contamination des populations par le chlordécone et l'étude des conséquences sanitaires au plan de la reprotoxicité, du développement des nouveaux-nés et des risques de cancers de la prostate Dans un deuxième temps, une phase d'enquête sur site menée du 30 avril au 5 mai 2007 en Martinique: ont été rencontrés à cette occasion divers élus, représentants de l'Etat, médecins, agriculteurs, chefs d'entreprises, industriels et représentants des associations écologistes, ainsi que le poète Aimé Césaire ; à l'issue de cette deuxième phase, le Professeur Belpomme et son équipe ont eu l'occasion d'étudier des données émanant du Groupe Régional Phytosanitaire (GREPHY) le livre intitulé L'Agriculture biologique en Martinique et le le registre des cancers de la Martinique ; en revanche, les scientifiques ayant fait le déplacement ont exprimé leur regret de n'avoir pu trouver aucun document officiel, et notamment la liste complète des pesticides utilisés en Martinique depuis ces 25 dernières années Enfin, pour renforcer la validité scientifique de l'audit le professeur et son équipe ont étudié un ensemble de documents disponibles en Métropole et ont consulté divers experts de l'INRA, du CNRS [Centre national de recherches scientifiques, NDLR], de plusieurs laboratoires de recherche spécialisés dans les effets biologiques des pesticides et ont réalisé une visite au Laboratoire Départemental d'analyse de la Drôme à Valence (qui réalise des dosages de pesticides dans les matériaux inertes et les végétaux en provenance de l'île ; ces travaux ont notamment permis de connaître la liste des pesticides utilisés dans l'île depuis plusieurs années élément primordial de l'enquête. Dans son rapport, le Professeur Belpomme dénonce la pollution par les pesticides (et notamment du chlordécone) aux Antilles et ses conséquences sanitaires : l'endommagement chimique des sols, la pollution des eaux, l'endommagement biologique et la baisse de fertilité des sols, la pollution du littoral et la baisse des ressources halieutiques en conséquent ; cela a pour conséquence des risques sanitaires majeurs : des cancers de la prostate, une baisse de la fécondité et un mauvais développement des enfants. [...]
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