Jacques Sapir restitue le déroulement de la crise russe, entérinée par le krach du 17 août 1998. L'objet de son ouvrage est double. Il s'agit dans un premier temps de remonter le temps pour comprendre comment la Russie, libérée du communisme, à pu en arriver là. A ce titre, et sans jouer les prédicateurs de malheurs, il montre en quoi, au regard de certains indicateurs, cette crise était prévisible sinon hautement probable. Aussi son ouvrage, comporte-il des critiques assez musclées à l'encontre de l'ensemble des acteurs, qui selon lui n'ont pas bien joué leur rôle. Il établit aussi les responsabilités dans cette catastrophe économique et financière. Dans un second temps, il montre en quoi la crise russe, se origines et ses implications, s'établissent bien au-delà des difficultés inhérentes à la transition d'un pays communiste vers l'économie de marché. C'est pourquoi son analyse s'étend également aux sphères sociales et politiques de la Russie, montrant par exemple en quoi les puissances régionales, les oligarques ou encore la carence de démocratie ont contribué à la crise. L'exemple malheureux de la Russie devrait contribuer à l'émergence d'un « débat naissant sur l'émergence de nouveaux paradigmes économiques et sociaux »
[...] Pourtant ce chiffre, selon Sapir doit être lu avec précautions. En effet, le PIB doit autant s'analyser en termes d'évolution que de niveau. Or, il faut noter que le mode de calcul du PIB a changé pendant l'Hiver 1996-1997, les données ne devenant alors que partiellement comparables et pertinentes. Enfin, le PIB, ne prend évidemment en compte que les échanges faisant l'objet d'une transaction marchande, nous verrons pourtant ensuite, que la Russie postsoviétique fonctionne via un large marché parallèle, une économie du troc, qui fausse les données statistiques. [...]
[...] Une inflation nulle pourrait entraîner la disparition de la totalité du système productif de la Russie avant qu'il n'ait pu s'adapter et se restructurer Pour Jacques Sapir, l'école néo- libérale oublie totalement cette composante de l'inflation (par les coûts). Enfin, imposer une inflation nulle dans une économie en transition revient à donner tout le pouvoir aux détenteurs de la richesse ancienne au détriment des futurs entrepreneurs, puisque l'inflation facilite l'endettement : en faisant baisser le taux d'intérêt réel le poids de la dette est allégé. le mauvais état du système bancaire. [...]
[...] Pour Jacques Sapir, le bilan de la lutte contre l'inflation est simple et éloquent. La volonté de rechercher à tout prix la stabilité monétaire en Russie, a eu des conséquences calamiteuses. Les organisations internationales ont eu tord de réduire la problématique complexe de la stabilité financière et économique du pays à l'enjeu de la réduction de l'inflation. En cela il rejoint la thèse de Joseph Stiglitz, qui dans sa critique du FMI dénonce surtout l'exclusif objectif de maîtrise de l'inflation pour les pays en difficultés, et plus largement les politiques d'ajustement structurel. [...]
[...] le rôle des structures financières. Nous l'avons vue dans la première partie, le système bancaire russe est très éclaté, il existe de nombreuses micro banques à côté de quelques très grosses banques qui concentrent presque l'ensemble des prises de décisions. A cela s'ajoute les fonds de pension qui commencent à se développer en Russie (1milliards de dollars fin 1997), les compagnies d'assurance, les fonds d'investissements (MKF renaissance). En marge des investisseurs institutionnels les empires financiers se développent aussi. Ainsi, le groupe Alfa, crée autour d'une société de négoce d'hydrocarbure, fonde une banque Alfabank,, un fond d'investissement Alfa-capital, et se diversifie dans l'industrie ferreuse. [...]
[...] Dans l'ensemble le système bancaire souffrait d'une accumulation de mauvaises dettes difficilement remboursables. De plus, le système le système de protection, via les ratios prudentiels est resté à l'état embryonnaire, menaçant la pérennité des institutions bancaires. Enfin, de nombreuses micro banques banques de poche ont été crées, n'ayant souvent qu'un seul client, une entreprise, et contribuant à désorganiser un système bancaire encore naissant. La Russie ne disposait pas non plus de l'équivalent du trésor public en France, c'est-à-dire que la collecte des impôt, les prélèvements de taxes ou à l'inverses les dépenses de l'état passaient par des banques privées, (Onexim notamment). [...]
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