Selon le philosophe Charles Fourier (1772-1837), un des précurseurs du socialisme en économie, « dévoiler les intrigues de la Bourse et des courtiers, c'est entreprendre un des travaux d'Hercule ». Il est pourtant nécessaire d'étudier avec précision le monde de la bourse et de la finance pour expliquer le rôle fondamental que les marchés financiers jouent dans le fonctionnement de l'économie, à l'échelle nationale comme internationale, et qui est parfois révélé au grand jour par de grands krachs boursiers(le plus célèbre étant celui du Jeudi Noir à Wall Street, en octobre 1929), ou plus prosaïquement par les fortunes inouïes qui s'y créent et par les pertes énormes qui peuvent y être réalisées (l'affaire la plus récente étant bien sûr le « scandale de la Société Générale », mettant en cause le trader Jérôme Kerviel, qui a fait perdre près de 5 milliards d'euros à son entreprise, sur les marchés dérivés allemands). Les marchés financiers peuvent se définir comme, selon une définition de Frederic S. Mishkin, « le lieu de transfert des fonds des agents qui en ont inemployés vers ceux qui en manquent ». De manière plus générale, ils sont le lieu où s'effectuent les transactions sur les actifs financiers et sur les produits dérivés. Le terme de « marchés financiers », au pluriel, fait référence à plusieurs marchés précis, à savoir ceux des actions (vente/achat de participations dans le capital d'entreprises cotées) et des titres (vente/achat d'obligations et de titres de créance). Une autre classification dénombre le marché financier proprement dit -ou marché à long terme, portant sur le financement des agents économiques sur une période supérieure à cinq ans-, le marché monétaire -ou marché à court terme, avec des financement sur 10 jours à 5 ans- et, plus récents, les nouveaux marchés -ou marchés dérivés, ceux où les agents s'assurent-. Les sommes engagées sur les marchés financiers sont immenses : 2 672 milliards d'euros de capitalisation boursière (1 842 milliards en actions et 830 en obligations) fin 2006 rien que pour la place de Paris. 2 000 entreprises, parmi lesquelles les plus grosses de France, y étaient présentes, dont 500 étaient capitalisées dans le CAC ALL SHARES. Ce poids non négligeable, qui suscite parfois des critiques acerbes de la part de ceux qui le trouvent trop important, nous oblige par ailleurs à nous pencher sur l'action des marchés financiers et, pour tout dire, sur leur utilité. La question est donc posée : à quoi servent les marchés financiers ? C'est à cette question que nous tâcherons de répondre, d'abord en traitant de leur rôle traditionnel de financement des activités économiques et de cotation des entreprises, puis en abordant une certaine évolution dans les fonctions des marchés, avec une remise en question de leur utilité quant aux financement et l'apparition des « nouveaux marchés ».
[...] Un procédé assez ancien : les marchés de contrats à terme L'activité économique comporte par nature des risques, plus ou moins importants. Les marchés de contrats à terme trouvent leur origine dans le souhait des producteurs et des acheteurs de matières premières d'une part de s'assurer de la livraison effective des marchandises achetées et d'autre part de se protéger contre le risque de fluctuations des cours (ceux-ci étant liés étroitement à la production, elle-même dépendante des aléas climatiques, aléatoires par nature). [...]
[...] Les transactions à terme, en plus des matières agricoles et minérales concernées à l'origine, vont porter sur de nouveaux produits. En 1960, le Chicago Mercantile Exchange introduit des futures contracts sur des animaux vivants et des produits périssables. En 1974, des contrats à terme sur l'or sont à leur tour créés par plusieurs bourses américaines, rejoints en 1983 par des contrats à terme sur le pétrole brut (en réponse à l'instabilité des prix et à l'ère d'incertitude ouverte par le premier choc pétrolier de 1973). [...]
[...] En 1996, sur les marchés américains, ont été conclus 5,4 millions de contrats à terme sur le blé millions sur le yen millions sur les obligations du Trésor américain, et 19,9 millions sur le Standard and Poor's 500 (indice boursier de l'agence de notation S&P). Ces chiffres, quoiqu'un peu datés, montrent bien le volume et l'importance des contrats à terme dans l'assurance contre le risque dans les domaines des matières premières, des changes, des obligations et des indices boursiers L'expansion des marchés d'options A partir de 1973, et d'une manière discontinue jusqu'à aujourd'hui, les marchés d'options ont connu une expansion soutenue. Comme leur nom l'indique, sur ces marchés sont négociées des options, aussi appelées warrants en anglais. [...]
[...] La défaillance des marchés financiers dans leur rôle de financement de l'économie 1. La dérive spéculative des marchés financiers On peut définir la spéculation, selon la définition de Nicholas Kaldor, comme l'achat ou la vente de biens avec l'intention de revente à une date ultérieure, lorsque l'action est motivée par l'espoir d'une modification du prix en vigueur et non par un avantage lié à l'usage du bien, une transformation quelconque ou le transfert d'un marché à un autre L'économiste britannique John Maynard Keynes, dans sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) avait émis l'idée que le risque d'une prédominance de la spéculation tend à grandir à mesure que l'organisation des marchés financiers progresse De son côté, l'économiste français Dominique Plihon a plus récemment (en 1996) dénoncé la naissance d'une finance spéculative, suscitée par la déréglementation et la libéralisation des marchés financiers par les Etats occidentaux, à partir des années 80. [...]
[...] Cette pratique des stocks options, citée en illustration, est fort répandue dans les entreprises cotées, si bien qu'une partie importante de la rémunération de leurs cadres dirigeants se fait par cet intermédiaire. Secundo, les marchés vont également mettre à la disposition des actionnaires des outils de contrôle. Il s'agit là encore des exigences pointilleuses de publication des résultats, d'autant plus importante que l'entreprise est suivie de près par de nombreux bureaux d'analystes financiers et que l'information susceptible de faire fluctuer dangereusement les cours (ex. [...]
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