Chez les fous, Albert Londres
Les cinq premiers mots de l'ouvrage sont « Je ne suis pas fou ». Le lecteur désorienté est ainsi en droit de se demander qui est Albert Londres (enquêteur, Polémiste, journaliste, romancier, nouvelliste?) et surtout à quel genre littéraire appartient cet ouvrage.
[...] Je connaissais le docteur! En tenant compte de l'ensemble de l'ouvrage et des thèmes abordés, le lecteur peut supposer qu'Albert Londres a tenu à laisser une trace de ce qu'il a vécu. Par sa sensibilité d'écrivain et les démarches qu'il entreprend, il a une capacité de réceptions aux horreurs du monde qui l'oblige à témoigner. Pour cause, il connaît effroi, horreur, consternation, dégoût, écœurement devant Monsieur Psychiatre ( ) qui joue de la médecine comme d'autres jouent du cor de chasse Au-delà du simple rapport des faits, c'est une véritable dénonciation des pratiques médicales dans le milieu psychiatrique qu'effectue Albert Londres. [...]
[...] Il convient de préciser que la rhétorique n'est effective que dans le dernier chapitre du livre car tout au long de l'ouvrage, il n'y a pas de jugement de valeur, pas de critique, pas de blâme, seulement des descriptions et le constat qu'en tire le lecteur. Qualifier l'ensemble de l'ouvrage comme polémique relève donc de la démence. Pour finir, c'était un pari fou que de vouloir catégoriser cette oeuvre. Essayant toujours d'être le garde-fou d'un traitement respectueux des malades, Albert Londres fait voler les prétendues barrières entre les genres. Dans un style qui lui est propre, il met en scène des situations des plus romanesques afin d'informer le public. [...]
[...] Mais de là à affirmer qu'Albert Londres n'est pas journaliste, c'est nous qui serions prises pour folles . Certes le texte est engagé dans l'actualité, mais il en condamne aussi les travers, ce qui fait qu'il pourrait relever du genre polémique. Albert Londres souligne un système qu'il juge insupportable où la maltraitance prévaut et où rien n'est fait. Il jette un regard indigné sur le monde et donne au lecteur l'impression qu'il est le seul à détenir la vérité, d'où le caractère explosif de l'ouvrage. [...]
[...] L'écriture est immédiate, elle revient sans cesse à la situation d'énonciation. Il y a une simultanéité du discours et du vécu. Albert Londres décrit sa démarche, il annonce : je vais aller à St Anne ( ) puis il poursuit : J'arrive à St Anne Le lecteur le suit pendant son enquête dans les asiles mais également dans des endroits plus privés comme son hôtel. L'auteur décrit les visites de M.Manikoff, le fou qui se rend chez lui tous les jours. On rentre littéralement dans l'intimité de l'auteur. [...]
[...] De la même manière et jouant de la même ambiguïté, Albert Londres écrit ses articles à la manière d'un roman. Il détourne des histoires distrayantes pour transmettre son message . C'est en quelques sortes la doctrine classique du XVIIème siècle : plaire et instruire Au-delà d'un simple reportage, il met en accusation l'institution psychiatrique. Ses conclusions sont implacables et sans appel : Il est préférable pour un homme d'être plutôt bandit que fou ! S'il parle des fous (terme très large qui englobe sous une même dénomination, une population en marge et des malades mal connus comme les schizophrènes, les paranoïaques, les dépressifs . [...]
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