I. Comment se déroule une soutenance ?
La soutenance du mémoire comprend deux parties : d'une part, l'exposé oral qui dure entre 10 et 30 minutes selon les exigences de l'établissement et d'autre part, la partie questions-réponses.
A. L'exposé
S'agissant de l'exposé, il y a deux paramètres à prendre en compte : le fond et la forme.
1. Le fond
Le fond correspond aux critères sur lesquels vous serez notés et que vous aurez préalablement anticipés. Ainsi, s'ils existent, votre directeur de mémoire vous fera parvenir un barème ou une grille d'évaluation afin que vous puissiez respecter au maximum les exigences qui vous seront demandées. Si ce n'est pas le cas, partez du principe que la compagnie d'un PowerPoint et une prise de parole sans notes auront un effet positif sur le jury en matière d'investissement.
Comme précédemment dit, la soutenance est un exercice de synthétisation. Pour ce faire, il vous suffit de prendre le titre de vos parties et de vous demander ce que vous avez réussi à prouver, quelles sont les théories affirmées ou infirmées. Surtout, faites attention aux détails. Autrement expliqué, même si le jury est sensé avoir lu votre mémoire, évoquez des éléments précis afin soit de leur en apprendre plus sur votre mémoire, soit leur remémorer cet élément en question.
Les éléments obligatoires à évoquer pour votre oral sont : le choix du sujet (pourquoi ce sujet et pas un autre ?), la problématique, les instruments de recherche utilisés (ouvrages, vidéos...), les réponses aux théories avancées (les résultats), une éventuelle ouverture (ce n'est pas obligatoire, mais le jury apprécie toujours), les difficultés rencontrées (organisation de travail, sujet complexe) et les limites de votre travail.
Il faut qu'à travers vos explications, le jury comprenne là où vous voulez les emmener. C'est l'occasion également de faire votre propre autocritique (si vous le faites durant votre oral, c'est une question peut-être embarrassante que vous évitez pour la partie questions/réponses). Toutefois, l'objectif de l'autocritique n'est pas de vous dénigrer, mais d'apporter un oeil nouveau, avec du recul sur votre travail. Vous pouvez ainsi faire des remarques sur votre problématique ou encore sur une théorie que vous n'avez pas assez développée. Expliquez alors pourquoi.
Soyez dynamique ! C'est votre mémoire, alors personne mieux que vous ne sait de quoi il parle. Soyez vivant et sûr de vous pour votre oral.
2. La forme
Exemple de présentation typique pour la soutenance de mémoire :
- Exposé de 10 minutes en passant les diapositives au fur et à mesure (on ne s'en rend peut-être pas compte, mais en plus d'être la partie clé de la soutenance, l'exposé passe très vite et le temps imparti peut être dépassé. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose).
- Pas d'utilisation de fiches, mais uniquement les mots-clés des diapos pour vous aider.
- 10 minutes de questions (généralement, c'est 15 minutes, voire plus);
S'agissant de l'exposé :
Partie | Temps | Contenu |
Introduction | 2 à 3 min | - Vous rappelez le titre de votre mémoire : mon mémoire s'intitule : la discrimination fondée sur l'âge (par exemple). - Vous introduisez le choix de votre sujet par une accroche, de préférence anecdotique : je me baladais sur YouTube et je suis tombée sur une vidéo qui évoquait la maltraitance à l'égard des personnes âgées et ça m'a interpellé parce que je ne m'étais jamais interrogée sur ce sujet. - Vous définissez de manière très rapide les termes de votre sujet. Vous pouvez commencer votre phrase par : j'ai abordé la discrimination comme étant le fait de traiter une personne différemment d'une autre, l'âge comme... et ainsi de suite. - Vous évoquez votre problématique : vous rappelez son intitulé et expliquez ce qui vous a mené à elle. C'est également l'occasion de faire votre première autocritique : c'est-à-dire au jour de votre présentation, est-ce que vous la trouvez encore pertinente, si ce n'est pas le cas, expliquez pourquoi sans vous dénigrer vous ou votre travail. |
Développement | 7 à 10 min | - Vous évoquez la méthodologie utilisée : j'ai principalement utilisé la méthodologique qualitative pour mes recherches, avec beaucoup d'articles et un auteur en particulier sur lequel je me suis énormément appuyée : Hélène Garner-Moyer (par exemple). - Vous présentez les grandes idées, hypothèses et théories de votre mémoire. Vous pouvez introduire cette partie par : je voulais démontrer que : ... (il est judicieux de lister vos théories sur une des diapositives pour par la suite pouvoir y répondre). - Vous répondez à vos idées, hypothèses et théories. Vous pouvez citer des auteurs qui ont marqué votre raisonnement. - Vous évoquez les compléments de recherche s'il y en a : interviews, enquête de terrain, questionnaires... - Vous évoquez l'enquête de terrain menée s'il y en a une. Vous comparez les résultats obtenus par l'enquête et ceux des théories vérifiées. |
Conclusion | 2 à 5 min | - Vous rappelez la réponse globale à votre problématique. - Vous évoquez les difficultés rencontrées (manque de communication avec votre tuteur, défaut d'organisation, manque de motivation, difficulté du sujet...). - Vous évoquez les limites de votre travail : des questions qui restent en suspens, des lacunes dans l'élaboration de certaines théories des auteurs... - Vous faites votre autocritique (ça prouve au jury que vous êtes capable de prendre du recul sur votre propre travail). Vous pouvez évoquer la pertinence de votre bibliographie, de votre sujet ou de votre problématique. |
B. Questions-réponses
Il ne faut pas oublier que la soutenance de mémoire est aussi une discussion. C'est l'occasion pour vous d'exposer votre réflexion.
Les questions du jury ne sont évidemment pas posées pour vous piéger puisque vous êtes censé connaître votre sujet, mais plutôt pour apporter un ou plusieurs éclaircissements sur ce que vous avez dit ou sur ce que vous n'avez pas dit.
De manière générale, les questions du jury portent sur la méthode de travail utilisée, les axes de votre raisonnement ou encore le thème évoqué en lui-même. Il est très rare d'échapper aux remarques sur la bibliographie, les notes de bas de pages ou sur la qualité d'écriture qu'elles soient négatives ou positives.
II. Conseils pour réussir sa soutenance
- Soyez synthétique : l'objectif n'est pas de réciter l'ensemble de votre mémoire ; déjà parce qu'il n'y aurait pas le temps, mais surtout parce que vous montreriez votre incapacité à savoir résumer votre propre écrit.
- Soyez transparent : il s'agit là de la partie sur votre autocritique, mais pas que : si vous n'avez pas la réponse à une question, dites-le ! Essayez de répondre, mais si vous ne l'avez pas, n'inventez pas non plus.
- Soyez dynamique : parlez avec les mains si cela vous aide. Aidez-vous seulement de votre diapo. Ayez un PowerPoint dynamique, avec des couleurs (tournez-vous par exemple vers des sites de design comme Canva).
- Relisez et faites relire votre PowerPoint pour éviter les fautes.
- Ne vous entraînez pas la vielle : certes, il s'agit d'un travail de plusieurs mois et vous le connaissez par coeur (en principe), mais il y a une différence entre l'écrit et l'oral. Entraînez-vous de sorte à vous chronométrer et être le plus à l'aise possible.
III. Exemple de script pour la soutenance
A. Introduction
=> L'intitulé de mon mémoire, c'est : Discrimination fondée sur l'apparence physique & RSE
=> Pourquoi ce choix de sujet : tout a commencé par une vidéo YouTube. Une youtubeuse abordait le thème du « pretty privilege » et ça m'a interpellé parce que je ne m'étais jamais questionnée sur l'influence que la beauté pouvait avoir dans les relations sociales et notamment dans le monde du travail.
=> Mais le thème du « pretty privilege » est un thème spécifique et qui apparaît en premier lieu comme un thème sociologique, mais je voulais rendre ce thème un peu plus général et juridique, donc c'est pourquoi, je me suis dirigée vers la discrimination fondée sur l'apparence physique parce que ça englobe diverses notions traitées par le droit et qui apparaissent dans le Code du travail. Aussi, ce sujet de mémoire me tenait particulièrement à coeur parce que je me sens concernée par la problématique de la discrimination notamment à l'embauche du fait de mon apparence physique ou de mon prénom et mon nom de famille. Le choix d'intégration de la RSE a été influencé par ma soeur qui fait un master en management de la RSE et du coup qui m'a un peu sensibilisé à cette notion de responsabilité, mais pas que au niveau de l'entreprise, au niveau individuel sur notamment notre consommation, c'est-à-dire notre manière de consommer, la fast fashion et sur l'environnement.
=> Apparence physique : c'est tout ce qui peut être vu. Mais l'une des difficultés que j'ai rencontrées, c'est qu'il n'y a pas de définition juridique de l'apparence physique donc c'est pourquoi j'ai pris des motifs prohibés de discrimination visuelle limitative : ethnie, sexe/genre, handicap ajoutés à la notion de beauté. Discrimination : c'est le fait de traiter une personne différemment par rapport à une autre personne pour des motifs prohibés par la loi. RSE : obligation éthique plus que juridique des entreprises. C'est la maîtrise de l'entreprise des conséquences de ses décisions sur la société, le bien-être de celle-ci et l'environnement de comportement.
Choix de la problématique : on sait que la discrimination existe, et que la loi l'encadre, mais je voulais vérifier si le droit encadrait de manière effective la discrimination fondée sur l'apparence physique.
=> J'avais des hypothèses avant mes recherches qui se sont avérées comme : le fait que la beauté c'est un plus dans la vie professionnelle et que ça commence dès l'embauche par exemple.
B. Développement
=> Ce que j'ai voulu démontrer et montrer.
=> J'ai en majorité utilisé la méthodologie qualitative pour mes recherches, avec beaucoup d'articles et un auteur en particulier sur lequel je me suis appuyée : Hélène GARNER-MOYER, je peux citer : « le poids de l'apparence physique dans la décision d'embauche » ou encore « La beauté : l'attention qui lui est allouée en phase de recrutement ».
=> Complément de recherche : plutôt de manière informelle. J'ai interrogé plusieurs personnes à mon stage sur l'impact de l'apparence physique dans le processus d'embauche par exemple (parler de ce que l'on m'a répondu).
=> Je voulais montrer que :
- Discrimination au travail, ça commence dès l'embauche avec le CV et l'entretien avec la notion de première impression.
- Différences de traitement, mais qui sont justifiées par des raisons objectives étrangères à toutes mesures discriminatoires, par exemple l'attitude du salarié. La discrimination doit obéir à une exigence professionnelle essentielle et déterminante, par exemple : l'objectif poursuivi de sécurité du personnel et des clients d'une entreprise qui impose une neutralité de l'apparence afin de prévenir un danger objectif.
- Physique de l'emploi avec pretty privilege : quand on est beau, on nous attribue des qualités positives telles que aisance à l'oral, compétence professionnelle, bonne facilité d'intégration, le fait aussi de bien présenté ça donne des indications à tort ou à raison sur la personnalité du candidat : par exemple, une personne qui présente bien sera perçue comme une personne qui prend soin d'elle, rigoureuse, si elle fait attention à son apparence, elle fera attention à son travail alors que je ne l'ai pas forcément évoqué dans mon mémoire, mais par exemple, une personne avec une silhouette moins fine sera vue perçue comme une personne fainéante.
- l'origine, le sexe et handicap = pouvaient faire l'objet d'une discrimination
C. Conclusion
Réponse à la problématique :
- Article L.1132 du Code du travail qui encadre la discrimination fondée sur l'apparence physique et ethnie, sexe, handicap.
- Principe de non-discrimination.
- Directive européenne n°2000/43/CE.
- Sanctions civiles et pénales.
- Actions positives : CV anonyme par exemple.
Difficulté rencontrée : une en particulier mise à part le fait de ne pas avoir de définition juridique de l'apparence physique, c'est qu'il s'agit d'un mémoire sociologique, mais pas juridique.
Limites de mon travail : j'ai été assez surpris dans mes recherches de ne pas avoir de nombreux arrêts en ce qui concerne la discrimination fondée sur l'origine entendue par la couleur de peau parce que de manière générale, ce qui est ancré dans les mémoires quand on parle de discrimination : c'est sur les origines.
Actions positives : on évoquait essentiellement des actions pour l'égalité professionnelle homme et femme et pas forcément pour le handicap et l'origine.
Autocritique :
- Choix de la problématique : je n’en sais pas si elle était vraiment appropriée par rapport à mon contenu, parce que j'ai employé le mot droit social et je voulais intégrer la RSE, mais finalement la RSE ne constitue qu'une petite partie de mon mémoire.