« Le cri du sentiment est toujours absurde ; mais il est sublime, parce qu’il est absurde. » est une citation de Charles Baudelaire. Poète français, ce dernier est né en 1821 à Paris, et est décédé en 1867 à Paris également. Le XXe siècle est un siècle marqué de rouge, par le biais de la Première et de la Seconde guerre mondiale. L’absurdité des guerres, et des idéologies défendues, soulève notamment la question de l’absurdité. Le mouvement de l’absurde dans le domaine littéraire s’étend environ de 1939 à 1960. Bien entendu, plusieurs exemples sont présents après 1960, il s’agit d’un bornage chronologique cependant représentatif. Nous allons aujourd’hui nous pencher sur l’étude de l’absurde dans le domaine de la littérature. Comment l’absurde s’illustre-t-il dans la littérature ? Nous allons organiser notre analyse en trois parties. La première d’entre elles contextualisera historiquement l’étude. La seconde soulèvera les notions de l’absurde dans le théâtre. Pour terminer, nous aborderons plusieurs auteurs qui se sont illustrés dans le domaine de la littérature absurde.

Nous allons débuter notre analyse par le biais du contexte historique.

L’absurde est un courant de pensée étant né pendant l’époque de l’existentialisme. Ce mouvement, littéraire et notamment théâtral, a été fondé par Albert Camus. Ecrivain, romancier, philosophe et dramaturge, Albert Camus est né en 1913 en Algérie ; et est décédé en 1960 à Villeblevin, en France. Camus théorise ainsi l’absurde comme étant une référence à la condition humaine. En effet, les Hommes recherchent une explication à tout : à leurs actions, à leur existence… Seulement, selon le dramaturge, le monde n’a pas de sens. Le premier exemple d’absurde s’illustre à travers l’essai « Le Mythe de Sisyphe, essai sur l’absurde », paru en 1942.
Comme nous venons de le mentionner, l’absurde soulève la non-cohérence de la vie. En effet, les habitudes prennent souvent le pas sur la spontanéité, ce qui empêche selon Albert Camus de vivre pleinement sa vie. Selon ce dernier, trois thématiques sont soulevées par l’absurde dans la littérature : la liberté, la passion et la révolte. Ainsi, l’absurde dans la littérature permet de se révolter contre l’absurdité de la vie, et de retrouver la fougue de la vitalité. Le mouvement absurde dans la littérature est tout d’abord tiré de l’absurde dans la philosophie, qui soulève la question de l’absurdité de l’existence humaine, notamment.
Un des premiers exemples majeurs de l’utilisation de l’absurde dans la littérature est « L’Etranger », par Albert Camus, paru en 1942. Il s’agit du premier roman de l’auteur ayant été publié. Cet écrit prend place dans une tétralogie, un ensemble de quatre ouvrages, qui traitent tous de l’absurde. Ainsi, « L’Etranger » se tient aux côtés de « Caligula », une pièce de théâtre, « Le Mythe de Sisyphe », un essai, et « Le Malentendu », une pièce de théâtre. Nous pouvons à ce propos préciser qu’un essai littéraire est, selon les Dictionnaires Le Robert, un « ouvrage littéraire en prose, de facture libre ». « L’Etranger » a été traduit dans soixante-huit langues différentes ; et il s’agit du troisième roman français le plus lu dans le monde entier. L’incipit de l’ouvrage, à savoir la première phrase de l’écrit, est « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. ». Il s’agit certainement de la phrase la plus célèbre de la littérature française. Nous pouvons par le biais de cette phrase noter l’absurde de la situation. Le personnage ne sait plus quand sa propre mère est décédée, une information pourtant difficilement oubliable. L’incipit propose ici un saut dans le grand bain de l’absurde littéraire.
Plusieurs thématiques sont régulièrement reprises dans la littérature absurde. Ainsi, les limites du langage, l’absurdité de la condition humaine, la solitude de l’homme face au monde, l’écoulement du temps, et la mise en valeur du caractère machinal et répétitif de l’existence sont monnaie courante. Plusieurs procédés sont mis en place pour répondre à ces thématiques grâce aux auteurs. Un mélange comique est régulièrement présent, par le biais notamment d’humour relativement noir et d’une reprise des clichés les plus en vogue. Le registre tragique est souvent employé cependant. Ensuite, les jeux de mots et les dialogues n’ayant ni queue ni tête sont régulièrement utilisés : les personnages ne se comprennent pas, se font répéter, se répètent eux-mêmes… Ces situations participent notamment au comique de situation de la littérature absurde. Egalement, le héro n’est plus héro, mais plutôt considéré comme anti héro aux yeux du reste de la littérature. Tous les codes sont remis en cause.

Nous allons poursuivre notre étude par le biais des caractéristiques du théâtre de l’absurde.

L’absurde est défini par les Dictionnaires Le Robert comme étant ce qui est « contraire à la raison, au bon sens, à la logique. ». Les synonymes évoqués par ce même dictionnaire sont « déraisonnable », « inepte », « insensé ». Ainsi, si nous relions cette définition et ces synonymes à l’absurde dans la littérature, il semblerait que les écrits soient le contraire de ce que le spectateur attend. Les conversations sont caractérisées par la radioscopie du langage. Cela signifie par conséquent que les personnages utilisent des expressions communes, voire grossières. Les lieux des scènes et actions sont communs à tous, et les scènes et intrigues peuvent s’avérer communes.
Ensuite, les personnages dans les littératures absurdes ne sont pas travaillés en profondeur. Dans le cas du théâtre, de nombreux personnages ne possèdent pas de prénom. Les scènes peuvent être répétées plusieurs fois, les phrases reprises par plusieurs personnages. Les identités des personnages et figurants se substituent les unes aux autres. Un exemple de pièce de théâtre absurde peut être cité : « Rhinocéros » d’Eugène Ionesco. Les personnages qui possèdent une véritable identité sont destinés à représenter le peuple de manière générale, ou tout du moins un groupe conséquent d’individus.
Egalement, l’action n’existe bien souvent pas. Selon Sartre, le dessein d’un écrit absurde n’est pas « de raconter une histoire mais de construire un objet temporel dans lequel le temps, par ses contradictions, ses structurations, mettra en relief de façon saisissante ce qui est proprement le sujet ». Le temps n’a ici plus sa place, et les actions recommencent ainsi à l’infini, sans aucune durabilité ni inscription dans le temps. « En attendant Godot » de Samuel Beckett est un exemple d’abolition du temps dans des écrits absurdes. Ensuite, l’improvisation occupe souvent une grande place dans les pièces de théâtre absurdes. S’invitent alors les mimes et autres mimiques.

Dans le domaine de l’absurde, plusieurs auteurs sont reconnaissables.

Nous pouvons tout d’abord citer Albert Camus. Ce dernier est l’auteur de « Caligula », paru en 1944. Cet écrit exprime l’histoire d’un homme découvrant le monde et le malheur des Hommes de manière générale. A la recherche d’une liberté totale, il s’inscrit dans un affranchissement de toutes les règles en vigueur.
Ensuite, chez Eugène Ionesco, les personnages ont bien souvent des personnalités totalement absurdes et sans aucun caractère précis. « La Cantatrice chauve », parue en 1950, de nombreuses didascalies sont utilisées, mettant ainsi en avant l’absurde de cette comédie.
Dans le cas de Samuel Beckett, les personnages endossent le rôle d’allégories humaines comme dans la pièce « En Attendant Godot », parue en 1953. Aucune action n’est présente, et cet ensemble créé un contexte au bord du comique. Dans « Le Mythe de Sisyphe », il est inscrit « Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable […]. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. ». La notion de raison est ici de nouveau abordée, par Albert Camus, l’auteur.