Assister à une pièce de théâtre semble souvent aussi être élitiste, comme si cette activité n’était réservée qu’à une catégorie socio-professionnelle définie. La pandémie mondiale a encore plus jeté l’ombre et le silence sur ce type d’expression artistique déjà peu populaire. La sortie progressive de la crise sanitaire ne serait-elle pas une occasion de plonger à nouveau dans cette culture française ou internationale? Après un arrêt malheureux et imposé des spectacles pendant près de deux ans l’envie de s’intéresser à nouveau, ou pour la première fois, à ce loisir peut se faire sentir. Plongeons-nous dans les classiques du théâtre pour découvrir leurs bienfaits sur nos esprits.
« Roméo et Juliette » de Shakespeare (1597) : sans doute une des histoires d’amour tragiques les plus connues. Ici encore, la pression familiale vient entraver une idylle entre deux jeunes personnes. L’amour ici est plus fort que la mort, les amants ne se sentent libres de s’aimer que dans l’au-delà.
« Hamlet » de William Shakespeare (1607) : le prince du Danemark Hamlet qui doit venger la mort de son père assassiné par son oncle Claudius. A cette fin, il simulera d’être fou. Cette tragédie conduit à une réflexion sur le poids des traditions familiales, et ce qu’elles nous poussent à faire et à être en vue d’honorer ses fonctions.
« Mac Beth » de Shakespeare (1627) : Mac Beth, afin d’asseoir son pouvoir, se réfère à un oracle qui le pousse à assassiner le roi Duncan. La morale repose sur la démonstration qu’un crime en entraine un autre, et amène une culpabilité proportionnelle, sinon pire, que l’acte infamant lui-même.
« Le Cid » de Corneille (1636) : amour impossible entre Rodrigue et Chimène, et en parallèle une vengeance menée aussi par Rodrigue pour venger son père Don Diègue qui ne peut le faire par ses propres moyens au vu de son âge avancé. Rodrigue, porté par le sens du devoir, tuera le père de sa bien aimée.
« Dom Juan (ou le festin de pierre) » de Molière (1665) : seigneur et libertin, Don Juan tente d’échapper à son épouse qu'il a abandonné après l'avoir enlevée d'un couvent. Accompagné de son valet Sganarelle, il sera poursuivit sur les routes de Sicile par les frères de la jeune femme qui veulent laver son déshonneur. Les frères de la jeune femme se lancent alors à sa poursuite pour venger leur soeur et laver le déshonneur de la famille. Un Don Juan est depuis caractérisé par un caractère cynique et arrogant.
« Le jeu de l’Amour et du Hasard » de Marivaux (1730) : cette pièce traite du mariage arrangé par les parents, pratique courante à cette époque. Dans cette intrigue, Silvia et Doriante se déguisent et échangent leur identité avec leurs domestiques afin de scruter le comportement de leur promis et promise. La morale est que le sentiment amoureux est une donnée plus fiable que les préjugés sociaux.
« Le Mariage de Figaro » de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1778) : Comédie politique et satirique, Figaro s’attaque à son maître via la dénonciation des inégalités entre les classes sociales. Cette pièce est souvent perçue comme une anticipation de la révolution française.
« Cyrano de Bergerac » de Rostand (1897) : par sa verve aussi impressionnante que son nez, Cyrano aide Christian à séduire Roxane en se faisant passer pour lui. Le courage et le renoncement sont les qualités appréciables de l’époque mises en avant.
« Antigone » de Jean Anouilh, inspirée du mythe antique d’Antigone (1944) : Née d’un inceste entre Oedipe et Jocaste, Antigone, parfaite figure tragédienne, lutte pour enterrer dignement son frère décédé Polynice, malgré l’interdiction de son oncle Créon. Antigone revendique la supériorité des dieux par rapport à la loi humaine, ce qui en fait une pièce moderne encore aujourd’hui.
« En Attendant Godot » de Beckett (1953) : Deux hommes attendent leur mort sous un arbre en même temps qu’ils attendent un troisième homme, nommé Godot, qui ne vient pas. La pièce est qualifiée d’ « absurde », avec une réflexion sur la condition humaine. Elle fit scandale à l’époque.
Le théâtre est un domaine intellectuel plus accessible qu’on ne l’imagine. Inspiré des moeurs de la vie sociale, des affres de l’existence et du poids de la famille et des traditions, il détient des thèmes qui peuvent s’adresser à tout le monde, quel que soit la période à laquelle on vit. Le film « L’Esquive » (2004) d’Abdellatif Kechiche, dans lequel des jeunes gens habitant la banlieue de Paris jouent « Le jeu de l’Amour et du Hasard », en est un bel exemple. Ces différentes histoires, qu’elles soient tragiques, comiques ou absurdes captent une époque et, fortes de ce témoignage du passé, offrent à son spectateur une morale ou même simplement une réflexion autour de thèmes forts tels que l’amour, la mort, l’honneur. Les acteurs sont les passeurs, les vecteurs de ces sortes « d’exemples » qui éveillent et élèvent la conscience de son spectateur ou de son lecteur.