Sujet 1 - L'idée républicaine en France de 1789 à 1870
Puisant à la fois dans l'histoire politique et dans l'histoire des institutions, un tel sujet nécessite de s'attarder amplement sur la polysémie du terme « république » en France entre 1789 et 1870. De fait, la France, de par son histoire, a progressivement associé ce terme à un autre qui lui paraît presque consubstantiel : « démocratie ». Du latin res publica (« chose publique ») pour l'un et du grec demos kratos (« pouvoir du peuple ») pour l'autre, ces deux concepts sont cependant radicalement différents et suivent leur propre généalogie historique. Il s'agira donc non seulement d'étudier ce qu'incarne, d'un point de vue institutionnel, la République entre 1789 et 1870 (trois régimes républicains sont proclamés : 1792-1804, 1848-1852 et à partir de 1870), mais plus amplement « l'idée républicaine », c'est-à-dire le concept même et les sensibilités culturelles qui s'y rattachent (c'est-à-dire la « culture politique républicaine ») ou s'y opposent (par exemple, les monarchistes). 1789 correspondant, évidemment, à la Révolution française et 1870 à la proclamation de la IIIe République suite à la défaite de Sedan.
Une problématique abordant cet aspect historique pourrait se formuler de la façon suivante : en quoi la maturation de l'idée républicaine en France dresse-t-elle une cohérence intellectuelle, culturelle et politique entre les débuts de la Révolution française et la proclamation de la IIIe République ? (Berstein, Serge. Les Cultures politiques en France, Paris, Seuil, 1999 ; Nicolet, Claude. L'Idée républicaine en France, Paris, Gallimard, 1982).
Sujet 2 - Le Second Empire, entre autoritarisme et libéralisme (1852-1870)
Le sujet invite à s'interroger sur une période riche de l'histoire de France, celle du Second Empire. Trop souvent mésestimée par les étudiants, il convient de s'appesantir sur l'évolution d'un régime qui a marqué le début de l'industrialisation à la française, mais d'une perspective politique. Traditionnellement en effet, les historiens soulignent deux périodes du régime : la période autoritaire (1852-1860) et la période libérale (1860-1870). Pour rappel, l'année 1852 correspond à la proclamation de l'Empire par Louis-Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon Bonaparte) élu président de la République en 1848 (IIe République) et ayant procédé à un coup d'État le 2 décembre 1851. Celui que l'on appelle alors Napoléon III gouverne pendant dix-huit jusqu'à la chute de l'Empire à l'occasion de la défaite de Sedan en 1870 face aux Prussiens, et la proclamation du rétablissement de la République par Léon Gambetta à Paris.
La problématique peut ainsi s'articuler de cette manière : dans quelle mesure le Second Empire parvient-il à progressivement libéraliser son logiciel politique entre 1852 et 1870 ? (Anceau, Éric. Ils ont fait et défait le Second Empire, Paris, Tallandier, 2019 ; Tulard, Jean. Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995).
Sujet 3 - 6 février 1934 : la République menacée ?
La forme interrogative doit toujours amener à une certaine prudence dans le traitement du sujet. Il faut se garder de la précipitation, prendre le temps d'analyser les termes du sujet. Le 6 février 1934 est une date marquante de l'histoire française contemporaine. Alors que la Troisième République est accablée de toute part (il faut dire que ses hauts dignitaires sont éclaboussés par des scandales qui s'étalent dans la presse grand public : L'Écho de Paris, Le Figaro, L'Action française, Le Petit Journal… : par exemple, l'affaire Stavisky en 1934), les ligues de droite radicale s'activent. Le 6 février 1934, elles se donnent rendez-vous lors d'une manifestation face au Palais-Bourbon. Le Parlement - le coeur de la Troisième République - se sent directement menacé. Les ligues composées de diverses sensibilités sont cependant divisées. Tandis que les Jeunesses Patriotes de Pierre Taittinger et l'Action française de Charles Maurras soutiennent une prise du Palais et souhaitent faire tomber la République, les Croix-de-Feu du colonel François de La Rocque ne souhaitent pas la chute du régime républicain, qu'ils veulent transformer en un régime présidentiel. Mais quelques mois plus tard, le Front populaire, une coalition de gauche arrivée au pouvoir, fait dissoudre pêle-mêle ces ligues factieuses.
Mais dans quelle mesure ce récit participe-t-il de la construction d'une mytho-histoire républicaine face à ce qu'elle désigne uniformément comme ses « adversaires » ? (Winock, Michel. La Fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques de 1871 à 1968, Paris, Seuil, 2009 ; Berstein, Serge. Le 6 février 1934, Paris, Gallimard, 1975).
Sujet 4 - Gaullismes (1940-1970)
Un sujet aussi lapidaire peut effrayer par sa concision. Pourtant, il est déjà très riche en informations à qui sait l'exploiter. Le choix de présenter le terme de « gaullisme » au pluriel (« gaullismes ») doit inciter à y regarder de plus près, notamment en fonction de la périodisation proposée. 1940 correspond ainsi à l'appel du 18 juin 1940 de Charles de Gaulle à la BBC de Londres. Quant à 1970, il s'agit de l'année de sa mort, deux ans après les événements de mai 1968 et un an après sa démission en 1969 de sa charge de président de la République après sa défaite au référendum sur la régionalisation. Deux périodes du « gaullisme » sont à identifier ici. D'abord, le gaullisme de la guerre (1940-1945) qui équivaut au gaullisme de la Résistance, avec la figure de Charles de Gaulle comme général et dirigeant du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Ensuite, le gaullisme politique (1945-1970) qui renvoie à la fois à un gaullisme d'opposition à la IVe République (la proposition d'un régime présidentiel étant portée par de Gaulle dès le discours de Bayeux de 1946) lors de sa traversée du désert et un gaullisme au pouvoir, entre 1958 (proclamation de la Ve République) et 1969.
Dès lors, il convient de s'interroger sur les nuances entre ces périodes et ces expériences du gaullisme à la fois à l'épreuve de la guerre, de l'opposition et du pouvoir entre 1940 et 1970. (Berstein, Serge. Histoire du gaullisme, Paris, Perrin, 2001 ; Petitfils, Jean-Christian. Le Gaullisme, Paris, PUF, 1994).
Sujet 5 - Le Front national aux portes du pouvoir (2002) ?
Ce sujet est également interrogatif. La prudence est donc de mise. Les portes du pouvoir font évidemment référence aux élections présidentielles françaises de 2002 qui ont confronté, au second tour, Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national (FN), et Jacques Chirac, candidat prétendant à sa réélection en tant que président de la République, du Rassemblement pour la République (RPR). Un sujet aussi proche dans l'histoire politique suppose une bonne connaissance des cultures politiques de droite et un sens de la nuance aigu.
Le fait que le FN soit au second tour ne signe-t-il pas le chant du cygne du bipartisme français ? (Winock, Michel. Les Élections présidentielles en France, Paris, Perrin, 2012 ; Histoire de l'extrême droite en France, Paris, Seuil, 2015).