Dans le cadre du diplôme d'état d'assistant de service social, le mémoire peut aussi bien porter sur des notions théoriques, conceptuelles et abstraites (il s'agira alors d'un « mémoire de recherche » au sens stricte) ou bien sur des données davantage factuelles, concrètes et pratiques (l'on parlera alors de « mémoire professionnel »).
Lorsqu'aucune de ces alternatives n'est imposée à l'étudiant par son établissement de formation, le choix entre ces deux types de mémoires dépendra essentiellement des motivations, des ambitions et des préférences personnelles de ce dernier. Ainsi, un étudiant souhaitant entrer dans la vie active une fois diplômé aura davantage intérêt à s'inscrire dans une démarche professionnalisante (mémoire professionnel) tandis qu'un étudiant envisageant une poursuite d'étude à l'issue de l'obtention de son diplôme pourrait privilégier une approche davantage théorique (mémoire de recherche).
Sujet 1 - La médiation sociale
Thème : société et cohésion sociale
Problématique : dans quelle mesure les dispositifs de médiation sociale peuvent-ils participer à la lutte contre l'exclusion sociale et au développement du lien social ?
Introduction : les techniques et méthodes de médiation sont de plus en plus employées, tant à l'échelle nationale qu'au niveau mondial, notamment depuis les années 80. Logement, école, santé, administrations, transport en public, quartiers sensibles… la médiation s'exerce dans de nombreux espaces publics. Cependant, celle-ci intervient principalement en milieu urbain, notamment en vue de lutter contre les inégalités territoriales, sociales, économiques, de prévenir et de lutter contre la violence, de favoriser le bien-être des populations…
La notion de « médiation sociale » constitue un concept multidimensionnel qui doit faire l'objet d'une approche transversale. En effet, il n'existe pas de définition unanimement partagée, par l'ensemble des théoriciens et représentants publics, de cette notion. Néanmoins, la majorité des visions s'accordent à définir la médiation sociale en distinguant les deux principales composantes de cette dernière : la prévention et le règlement des conflits - l'on parle de « mode alternatif de règlement de conflits (MARC) ou de litiges (MARL) » (Hofnung, 2015)[1], d'une part, et la création et la restauration du lien social, d'autre part. Autrement dit, l'on peut ainsi distinguer « médiation des confits » et « médiation de lien social ».
Cette montée en puissance de la médiation sociale traduit un délaissement du recours aux institutions traditionnelles - pouvoir de police, de justice - au profit d'une plus grande implication de la société civile, des populations locales, des structures associatives, des acteurs de proximité. La médiation sociale constitue ainsi l'une des clés de voûte de la promotion d'une plus grande démocratie à l'échelon local.
À travers ce travail de recherche, nous souhaitons examiner les potentielles relations existantes entre médiation sociale, cohésion sociale et phénomène de délitement du lien social. La problématique qui orientera notre analyse est la suivante : dans quelle mesure les dispositifs de médiation sociale peuvent-ils participer à la lutte contre l'exclusion sociale et au développement du lien social ?
Sujet 2 - Le syndrome d'épuisement professionnel
Thème : risques psychosociaux en milieu professionnel
Problématique : quels sont les facteurs qui augmentent la probabilité qu'un individu intégré dans un milieu professionnel se retrouve en situation de burnout ?
Introduction : longtemps demeuré tabou et méconnu, et très peu, voire non médiatisé, le syndrome d'épuisement professionnel ou « burnout » constitue désormais un phénomène bien connu du grand public, lequel est aujourd'hui largement relayé par la sphère médiatique. À cet égard, il est important de rappeler que l'expression, bien qu'elle se soit popularisée ces dernières années, ne date pas d'aujourd'hui. En effet, « le terme de “burnout” est apparu dans la littérature médicale américaine au cours des années 1970 et a fait depuis lors l'objet d'une évaluation assez exhaustive dans la pratique des diverses spécialités dans le domaine de la santé » (Pascal Marie et al, 2004)[2]. Si ce syndrome a d'abord été identifié chez les professionnels de santé, de l'éducation et du travail social, celui-ci est en réalité susceptible d'affecter l'ensemble de la population active, quel que soit le secteur d'activité professionnel.
Le burnout désigne une fatigue extrême liée au travail, résultant d'un surmenage professionnel intense et d'un état de stress accru et prolongé. Cet épuisement est à la fois physique, psychologique, émotionnel et intellectuel. Ce concept fut théorisé par Maslach et Leiter[3]. Ceux-ci définissent le burnout comme un état à la fois psychologique, émotionnel et physiologique dégradé en raison d'une accumulation de stresseurs professionnels de natures diverses.
Le syndrome d'épuisement professionnel n'est pas sans conséquence à la fois au niveau individuel et au niveau collectif, il constitue en cela un enjeu réel de nos sociétés modernes. Ses effets potentiellement délétères, à la fois pour l'individu, pour l'entreprise et pour la société en font une véritable problématique sur le plan social, sanitaire et médical ; et ce, d'autant plus qu'il serait considérablement sous-estimé et minimisé.
Dans cette perspective, il nous a semblé intéressant de chercher à identifier et à analyser les facteurs déclencheurs du burnout et/ou susceptibles de favoriser l'émergence de ce syndrome. Pour ce faire, notre étude se proposera de répondre à la question suivante : quels sont les facteurs qui augmentent la probabilité qu'un individu intégré dans un milieu professionnel se retrouve en situation de burnout ? Nous verrons que le syndrome d'épuisement professionnel résulte essentiellement de la conjugaison de facteurs individuels, personnel (intrinsèques) d'une part, et de facteurs situationnels (extrinsèques), liés à l'environnement, à l'organisation et aux conditions de travail, d'autre part.
Sujet 3 - Protection sociale et justice sociale
Thème : économie et solidarité
Problématique : en quoi peut-on dire que les principes et dispositifs de protection sociale français contribuent à une plus grande justice sociale ?
Introduction : instituée en 1945, la Sécurité sociale est de plus en plus âprement critiquée. Ses détracteurs remettent notamment en question sa pertinence, son efficacité et ainsi sa légitimité en en soulignant les potentiels effets pervers (désincitation au travail, aléa moral…). De même, la question de son financement et l'endettement substantiel actuel induit par ce système sont souvent pointés du doigt. Pour ses défenseurs, celle-ci est au contraire indispensable en cela qu'elle permet de lutter contre les inégalités socioéconomiques et d'assurer, à tous, des conditions d'existence conformes à leur dignité.
De tout temps, plusieurs approches morales et sociopolitiques se sont opposées, cherchant chacune à imposer ses idéaux en matière de justice sociale. La justice sociale est un concept qui vise à instaurer et à assurer l'égalité et qui établit ce qui est juste ou non au sein d'une société. Ainsi, plusieurs visions de la justice sociale s'affrontent (modèle utilitariste, libertarien, égalitariste…), lesquelles défendent des conceptions différentes de l'égalité (égalité des droits, égalité des chances, égalité des situations).
La protection sociale comprend l'ensemble des mécanismes mis en place par les pouvoirs publics en vue de garantir une prise en charge collective des risques sociaux. La protection sociale repose ainsi sur des mécanismes de prévoyance collective qui permettent de garantir des ressources aux personnes ayant à faire face à des risques sociaux (maladie, accident, chômage) ou à des situations particulières conduisant à une perte de revenus (maternité, vieillesse…).
La protection sociale repose sur une double logique : une logique d'assurance, de tradition bismarckienne - s'inscrivant avant tout dans une conception méritocratique d'égalité des chances - mais également une logique d'assistance, inspirée du système beveridgien, qui entend quant à elle assurer l'égalité des situations. Ces deux logiques sont complémentaires.
La logique assurantielle, basée sur une redistribution horizontale, exclut les plus démunis et n'agit que faiblement sur les inégalités. C'est là qu'intervient la logique d'assistance, qui permet, grâce à la redistribution verticale, d'assurer un minimum de ressources aux individus les plus modestes qui n'auraient pas pu cotiser et ainsi bénéficier du système d'assurance.
Au regard de ces premiers constats, nous nous demanderons dans quelle mesure la protection sociale peut contribuer à la justice sociale.
Sujet 4 - Les relations entre appartenance sociale et scolarité
Thème : les inégalités scolaires
Problématique : comment peut-on agir sur les facteurs liés au milieu social et familial de l'enfant susceptibles d'exercer une influence sur le parcours et la réussite scolaire de ce dernier en vue de lutter contre les inégalités scolaires ?
Introduction : les inégalités scolaires ne constituent pas un phénomène marginal que l'on pourrait se contenter de reléguer au second plan. Le système éducatif français est l'un des plus marqués par les inégalités scolaires, celles-ci étant visibles dès le plus jeune âge. C'est notamment ce que révèlent les récentes enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).
L'environnement familial et le milieu social, économique et culturel au sein duquel évolue un enfant exercent une influence substantielle sur son parcours personnel et scolaire. Les élèves issus de familles de positions sociales modestes, voire défavorisées, tant d'un point de vue matériel et financier (capital économique) que du point de vue des qualifications et diplômes (capital culturel), ont davantage de difficultés à s'adapter et à répondre aux attentes du système éducatif et sont ainsi davantage exposés au risque d'échec scolaire.
En effet, le niveau d'éducation et le niveau de diplôme des parents (en particulier de la mère), la catégorie socioprofessionnelle des parents, leur situation économique et leur niveau de revenu, l'origine sociale ou géographique… constituent tout autant de caractéristiques susceptibles d'exercer une influence sur la scolarité. Ainsi, à niveau de capacités égales, un enfant issu d'un milieu socialement, économiquement et/ou culturellement moins favorisé connaîtra davantage de difficultés à entrer dans les apprentissages scolaires. De nombreux sociologues, parmi lesquels Bourdieu et Passeron[4], ont largement contribué à étayer cette réflexion.
Ces faits - qui soulignent un phénomène d'immobilité sociale - étant désormais largement connus et étayés, il convient dès lors de chercher les réponses à apporter à ces inégalités socioculturelles et économiques afin d'éviter que celles-ci ne se traduisent en inégalités scolaires.
Cette analyse s'inscrira dans cette ambition en se proposant de traiter la problématique suivante : comment peut-on agir sur les facteurs liés au milieu social et familial de l'enfant susceptibles d'exercer une influence sur le parcours et la réussite scolaire de ce dernier en vue de lutter contre les inégalités scolaires ? Autrement dit, comment peut-on assurer l'égalité des chances et favoriser la mobilité sociale ?
Sujet 5 - Les principales sphères d'action et professionnels associés à la prise en charge de la maltraitance infantile
Thème : la maltraitance infantile
Problématique : quels sont les principaux champs d'action et professionnels médico-sociaux associés à la prise en charge de la maltraitance infantile ?
Introduction : la maltraitance infantile peut prendre différentes formes : elle se traduit par de mauvais traitements allant de la négligence (carence alimentaire, absence de soins de santé et d'hygiène, manque d'encadrement, d'affection, de stimulation, d'attention, de valorisation, de protection…) à la violence (physique, psychologique, sexuelle).
Les mauvais traitements infligés à un enfant, qu'il s'agisse de négligence ou de violence, ont des conséquences non négligeables sur celui-ci, à la fois à court et à long terme : retard de développement moteur, physiologique ou cognitif, troubles du comportement, agressivité, addictions, difficultés sociales et relationnelles, troubles anxio-dépressifs, état et santé mentale et physique degradés…
En outre, même si la majorité des enfants ayant subi de mauvais traitements parviennent à « sortir de cette spirale », il n'en reste pas moins qu'environ 30 % d'entre eux reproduiront, sur leurs propres enfants, des actes maltraitants. En cela, les problématiques de maltraitance infantile constituent un véritable enjeu de santé publique.
Quels sont les champs d'action à l'oeuvre en matière de prise en charge de cas de maltraitance infantile ? Quelles sont les différentes parties prenantes impliquées dans cette prise en charge ? Telles sont les principales interrogations qui constitueront le fil directeur de cette analyse.
Notre recherche a vocation à souligner la diversité et la multitude de services, de structures et de professionnels concourant simultanément à la prise en charge d'enfants victimes de maltraitances. Ces acteurs interviennent à différents niveaux, du diagnostic à la prise en charge médico-psychologique et sociale des enfants, et de leur famille, exposés à un risque de maltraitance ou à des actes de négligence ou de violence avérés.
À cet égard, nous formulons l'hypothèse de recherche suivante : la communication, la concertation, la coordination, le travail en partenariat des différents services et professionnels, actuellement insuffisants, représentent pourtant des facteurs clés de la qualité et de l'efficacité de l'intervention en matière de protection infantile.
[1] Guillaume-Hofnung, M. (2015). Tentative de clarification : La médiation et les modes de règlement non juridictionnels des litiges. Dans : Michèle Guillaume-Hofnung éd., La médiation (pp. 49-64). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.
[2] Marie, P., Mazeran-Lumley, V., Faruch, C., Pinel, C. & Fernandez, P. (2004). « Burn-out » : éléments sur les logiques de l'effondrement professionnel: Réflexion autour du risqué d'effondrement chez les professionnels de santé mentale. Empan, 3(3), 27-33.
[3] Maslach Ch. et Leiter M. P. (2001). Burn-out. Le syndrome d'épuisement professionnel, Les Arènes, 270 p
[4] Fournier, M. (2008). « Les Héritiers ». Dans : Jean-François Dortier éd., Pierre Bourdieu: Son œuvre, son héritage (pp. 19-24). Auxerre, France: Éditions Sciences Humaines.