Lutte contre le chômage des seniors réforme de la retraite.
I. Qu’est ce que le chômage ?
Le chômage peut revêtir différentes définitions, en fonction des époques et en fonction des pays.Néanmoins, pour simplifier, on peut définir le chômage comme un état dans lequel se trouvant les personnes en âge de travailler, sans emploi et cherchant un emploi. Cela exclut donc les inactifs, les personnes déjà en emploi, ainsi que les inactifs et ne recherchant pas un emploi.
Ainsi, la mesure du taux de chômage est une des données clés pour la mesure de la santé économique d’un pays. Il est coutume de dire que lorsque la santé économique d’un pays est excellente, il est fréquent que le chômage baisse et même que l’on atteigne une situation de plein-emploi (à savoir que le chômage est alors inférieur à 5% de la population active). Quand la situation économique est plus difficile, le taux de chômage a souvent tendance à augmenter. Dans les pays européens, le chômage est une donnée très observée, notamment en raison de son coût pour l’économie. En effet, le chômage pénalise l’économie, l’Etat indemnise les personnes à la recherche d’un emploi, et la croissance économique est forcément pénalisée.
Pour mesurer le chômage, le BIT émet la définition suivante : il faut être sans travail (même partiel), disponible immédiatement (dans les 15 jours), et rechercher activement un emploi. Cela exclut donc du calcul des chômeurs les chômeurs partiels, qui par exemple ont un contrat en temps partiel subi et seraient à la recherche d’un contrat à temps plein, sans succès. En France, la définition de Pole Emploi est un peu différente. Pole Emploi définit cinq catégories de chômeurs différentes, en fonction de l’occupation partielle ou non du chômeur partiel, par exemple.
II. Comment lutter contre le chômage ?
Il existe tout d’abord plusieurs types de chômages. Le chômage structurel est un chômage qui dure dans le temps, et qui nait suite à un mauvais fonctionnement du marché de l’emploi, entre offre et demande. Le chômage conjoncturel, lui, se renforce ou apparait quand la situation économique se dégrade, et s’améliore quand elle s’améliore. Enfin, il existe un chômage appelé frictionnel, né de l’absence de volonté pour certains chômeurs de réellement trouver en emploi, ainsi que du délai raisonnablement nécessaire pour trouver un autre emploi lors d’une période de chômage. Cela explique pourquoi un taux de chômage inférieur à 5% est considéré comme une situation de plein emploi.Pour lutter contre le chômage, l’Etat dispose de plusieurs leviers d’actions :
- Mettre en place des dispositifs d’incitation à l’emploi : facilitation des démarches, prime à l’embauche
- Améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail : par exemple en développant des formations permettant la reconversion de certains chômeurs de longue durée vers des métiers ou des secteurs qui manquent de main d’œuvre et qui vont embaucher plus facilement
- Relancer la consommation : pour les économistes d’inspiration keynésienne, la demande crée la croissance, qui crée l’emploi par un cercle vertueux. Ainsi, en soutenant la demande (par le biais de mesures de soutien du pouvoir d’achat et de stimulation de l’investissement, par exemple), l’Etat peut parvenir de façon indirecte à soutenir l’emploi et même à favoriser la création de nouveaux emplois, destinés à répondre à cette demande additionnelle.
On observe des politiques très différentes en fonction des pays. En Europe, globalement, le marché de l’emploi est peu flexible et les indemnisations des chômeurs assez élevées. Aux Etats-Unis, le marché de l’emploi est très dynamique et très flexible, et les indemnisations chômage très faibles, ce qui conduit à un bon niveau d’emploi.
Depuis une quarantaine d’années, en Europe, de nombreuses politiques liées à l’emploi ont été développées et mises en place, par époques, dans certains pays. On a ainsi assisté à la flexibilisation du contrat de travail, qui promettait d’apporter plus de souplesse pour les employeurs, et donc moins de réticences à l’embauche en cas de surcroit d’activité (même temporaire), ou encore à la défiscalisation des heures supplémentaires après l’entrée en vigueur de la politique des 35 heures. Dans les années 2000, la mode est tournée vers la flexisécurité, qui devait apporter flexibilité aux employeurs, et plus de sécurité aux salariés. Néanmoins, l’effet positif a été limité.
Les politiques ont tenté tour à tour d’agir sur le volume de travail, le niveau des salaires, les incitations financières à l’embauche, le niveau global de l’économie et de la consommation. Aucune recette n’est miracle, et l’amélioration du taux de chômage résulte toujours de la combinaison de plusieurs facteurs entre eux.
A l’intérieur de la société, on observe des tendances diverses selon les catégories socio-professionnelles étudiées. Des études approfondies montrent que les femmes, les jeunes, les seniors, sont beaucoup plus susceptibles de faire face à une période de chômage, que d’autres catégories socio-professionnelles. L’emploi est le meilleur remède contre le chômage, mais le cercle vicieux est difficile à rompre, notamment pour des catégories socio-professionnelles moins élevées dans l’échelle sociale.
III. Le chômage des seniors
Le chômage des seniors est une problématique à l’intérieur de la problématique du chômage global, notamment en Europe. Compte-tenu de la démographie européenne et du vieillissement de la population, la question de l’emploi des seniors jusqu’à la date de la retraite pose de véritables questions. Ces questions sont au cœur d’un débat brûlant et houleux dans le cadre de la réforme de la retraite proposée par Emmanuel Macron en février 2023. Cette réforme a généré de nombreux conflits sociaux et des grèves à répétition, notamment car elle prévoit de retarder l’âge de départ officiel à la retraite, pour le régime général français.Néanmoins, de nombreux salariés arguent (à juste titre) que pour certains d’entre eux, la situation de chômage rencontrée après 55 ans est entièrement indépendante de leur volonté et résulte de décisions de leur employeur et de recruteurs potentiels. Certains rechignent en effet à employer des profils seniors, notamment en raison des coûts associés et du manque de flexibilité des contrats à l’approche de la retraite.
Le gouvernement Macron a pour ambition de favoriser l’emploi des seniors (plus de 55 ans) en entreprise :
- En favorisant l’emploi de salariés plus âgés
- En facilitant la fin de carrière et la transition (parfois douce) entre emploi et activité
- En améliorant l’accès à la formation et à la réorientation professionnelle.
Le projet de Macron est fortement décrié par les salariés du privé comme du public, ainsi que par les chômeurs. Néanmoins, il semble important et urgent de réformer les retraites en profondeur et d’améliorer les possibilités de travail des seniors, pour permettre de mieux vivre l’allongement des délais de cotisations qui semblent désormais inévitables compte tenu de nos pyramides démographiques et des besoins d’une population globalement vieillissante. Depuis déjà plus de dix ans, les entreprises n’ayant pas mis en place de plan pour l’emploi des seniors sont passibles d’une amende. Cela démontre les difficultés de l’Etat à encadrer le chômage de cette frange de la population de manière efficace.
La population de seniors est pénalisée par différents freins à l’emploi des seniors. Les seniors ayant généralement bénéficié d’augmentations salariales au cours de leur carrière, le coût de l’emploi d’un senior est souvent plus élevé que celui d’un junior, en début de carrière. Par ailleurs, certains seniors peinent à s’adapter et expriment une sorte de résistance au changement, de difficultés à s’adapter aux évolutions notamment technologiques en entreprise. En France, seuls 56% des seniors (55-64 ans) disposaient d’un emploi en 2021. Dans d’autres pays européens, ce pourcentage atteint 76% comme par exemple dans les pays nordiques. Cela s’explique peut-être par la durée élevée d’indemnisation pour les chômeurs seniors. En cas de chômage à plus de 54 ans, la durée d’indemnisation est de 36 mois, contre seulement 24 mois pour les moins de 53 ans. Cela peut être partiellement désincitatif pour les chômeurs de ces catégories d’âge. Les seniors héritent aussi d’un passif et d’une histoire faites de différents mouvements. Dans les années 1980, les politiques publiques avaient plutôt pour ambition de raccourcir les délais de départ à la retraite des travailleurs. Dans une période de chômage élevé, l’objectif était de permettre en quelque sorte de libérer de la place pour les plus jeunes qui accédaient au marché du travail. Néanmoins, face aux pressions démographiques et économiques, il a ensuite été rendu indispensable de prolonger la durée de cotisation et de reculer l’âge du départ à la retraite. Il s’agit désormais également de changer progressivement les mentalités et de mettre en avant les bénéfices d’employer des seniors, notamment en matière de partage des connaissances et des compétences.
L’emploi est un sujet central en économie aussi bien qu’en sociologie, et l’emploi des seniors également. Il s’agit en effet d’une frange spécifique de la population, avec des besoins, des codes, des habitudes, et des difficultés particulières à prendre en compte, notamment quand on étudie leur rapport au travail et au chômage.
SOURCES
document (hal.science)
Travail, emploi, chômage - TES - Fiche bac Sciences économiques et sociales - Kartable
SES : La lutte contre le chômage - AuFutur
Seniors : accord et plan d'action (journaldunet.fr)
L’emploi des seniors | Brief.eco