1. Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
2. L'inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
3. Sommes-nous responsables de l'avenir ?
4. Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?
5. Bien parler, est-ce bien penser ?
1. Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
Rhétorique, philosophie, Platon, Socrates, Rousseau, Weber
I. Discuter est un pacifisme
“Le Bien est ce vers quoi tend tout être”, Aristote. On peut croire que les hommes chercheront d’abord à se comprendre avant de vouloir s’anéantir. « l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même ; mais qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes », Rousseau. Rejoint le même postulat qu’Aristote. Voir la philosophie de Platon et Socrates, le pouvoir de celle-ci sur les hommes, et son utilité dans les discussions où la raison doit primer sur la rhétorique.
II. Discuter peut être un état transitoire à la violence
Voir Hobbes : « L’homme est un loup pour l’homme » -> il faut se méfier de ses semblables, manquer de prudence pourrait mener à notre perte. La société ne suffit pas à nous rendre inoffensifs. Voir Rousseau : « Qu’il sache que l’homme est naturellement bon, qu’il le sente, qu’il juge de son prochain par lui-même ; mais qu’il voie comment la société déprave et pervertit les hommes »)
III. La violence peut être la seule réponse efficace à la violence
Weber : concept de violence légitime : « un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l'usage légitime de la force physique sur un territoire donné ».
Intro : A la fois un objet d’art et de guerre, l’art de la parole est l’une des plus importantes préoccupations du monde ancien et actuel. En effet : d’après les Grecs, qui maîtrise l’art de la parole possède le pouvoir sur la foule, et donc le pouvoir tout court. La discussion, particularité de l’art de la parole, advient notamment quand il faut trancher à propos d’un sujet. Discuter quelque chose, c’est trouver de quoi le contredire, c’est s’opposer sans faire l’usage de la force. Alors discuter, est-ce renoncer à la violence ? Nous suggérerons premièrement que la discussion est un pacifisme, puis nous nuancerons en supposant que la discussion peut être un état transitoire raisonnable à la violence. Puis, nous nous demanderons si la violence peut être la seule réponse efficace à la violence, avant de conclure.
Conclusion : Nous avons vu que la discussion semblait être un pacifisme parce qu’elle permet de débattre, de se débattre, de s’opposer sans faire couler de sang, mais qu’elle était aussi et souvent transitoire à la violence : vers l’agression de l’autre ou envers soi-même (les immolations des moines bouddhistes lors de leurs protestations). Ainsi, la violence semblait être inévitable, tant les passions des hommes sont fortes et les enjeux, grands. Il faut une menace équivalente, voire plus grande à une autre menace pour qu’elle daigne réagir, et discuter vraiment. Nous pouvons nous demander, pour ouvrir notre questionnement, en quoi consiste la liberté au milieu de la discussion et de la violence.
2. L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
Descartes, Freud, Jung
I. L’inconscient est par définition, inconscient
Descartes : « Je pense donc je suis », la conscience est la seule permettant une perception réflexive de nos propres pensées. En ce sens, ce qui échappe à la conscience n’est quasiment pas constitutif de ce que nous sommes. L’étudier serait impossible. «En toute connaissance, il faut distinguer la matière, c'est-à-dire l'objet et la forme, c'est-à-dire la manière dont nous connaissons l'objet », Kant. Il faudrait percevoir une chose pour pouvoir la connaître : or, puisque l’inconscient est inconscient, il paraît impossible de pouvoir l’étudier puisqu’on ne le perçoit pas
II. L’inconscient peut être rencontré par hasard
Freud : En fait l’inconscient peut être rencontré, au détour d’erreurs de la part de notre conscience : les lapsus, les actes manqués… voir les topiques de Freud. Leibniz parle de « perceptions inconscientes ».
III. L’inconscient peut être étudié en utilisant des méthodes spécifiques
Freud : l’hypnose permet de communiquer avec l’inconscient, l’association libre, mais aussi l’interprétation des rêves. Voir l’interprétation des rêves, par Freud
Intro : Le cerveau est l’organe le plus fascinant, complexe et muant du corps humain. On a longtemps cherché à le comprendre, lui et ses milliards de connexions neuronales, pour tenter de percer à jour ses secrets. Par l’observation simple, on a pu déduire certaines facultés comme la raison, la pensée, la réflexion, l’analyse, et tant d’autres. Mais quelque chose nous échappe, quelque chose qui nous manipule et nous guide à notre insu : l’inconscient. Tapis dans notre cerveau, il est le siège de nos désirs et de nos peurs, de nos instincts les plus profonds. Terré sous d’innombrables strates de conscience, pouvons-nous estimer que l’inconscient échappe à toute forme de connaissance ? Nous suggérerons d’abord que l’inconscient est, par définition, inconscient donc méconnaissable. Nous nuancerons ensuite notre point de vue en remarquant que l’inconscient peut être rencontré par hasard, lors de nos temps de conscience. Nous poursuivrons en proposant que l’inconscient puisse être étudié, à condition d’utiliser des méthodes strictes et spécifiques. Nous conclurons finalement.
Conclusion : Nous avons vu que l’inconscient, bien que difficilement accessible, se manifestait tout de même malgré les filtres de notre Surmoi, et qu’il était même possible de l’étudier tant qu’on distrayait le Surmoi de son rôle d’inhibiteur de nos pensées et désirs profonds. Nous pouvons nous demander, pour ouvrir notre questionnement, dans quelle mesure notre conscience est nôtre ou commune à l’humanité.
3. Sommes-nous responsables de l’avenir ?
Kant, Jonas, Lévinas
I. Non, tant que nous ne nous en faisons pas
Jonas : « La responsabilité n'est plus conçue dans ses termes juridiques classiques: être responsable de ses actes, au sens usuel, c'est être en mesure d'en revendiquer la paternité, c'est-à-dire d'en répondre, notamment sous la forme de dédommagements (“responsabilité-imputablilité”). La responsabilité jonassienne est au contraire une idée morale et métaphysique. Responsabilité pour autrui-c'est-à-dire obligation où je me trouve de répondre d'autrui, même si aucune loi ne m'y oblige – et responsabilité devant l'avenir, c'est-à-dire responsabilité comme souci, ou encore sollicitude, et non pas capacité ou volonté d'assumer des actes ou des projets dont je serais partie prenante. Dans ces conditions, la responsabilité n'est pas le résultat de l'autonomie, elle en est le fondement. Elle n'est pas non plus une caractéristique particulière ou secondaire de l'humanité: tout au contraire elle en constitue le signe distinctif, voire la définition. » -> nous n’avons aucune responsabilité par rapport à l’avenir, tant que nous ne nous en inquiétons pas personnellement
II. Juridiquement, et tant que nous sommes nés dans une société, nous avons des droit et des devoirs, ceux-ci nous poussons à préserver l’avenir
Hobbes et Rousseau : le contrat social, qui consiste en un échange : la protection de l’Etat envers ses citoyens, contre des fonctions et des obligations à tenir.
III. Il est de toute façon moral et nécessaire que nous soyons responsables de l’avenir
Kant : agir par devoir. Lévinas : « “Le visage s'impose à moi sans que je puisse cesser d'être responsable de sa misère. La conscience perd sa première place“ -> l’autre, par son humanité, nous implore de l’aider. Il nous force à ressentir cette nécessité.
Intro : L’avenir est, de nos jours, un sujet particulièrement préoccupant : des revendications se font entendre partout, à propos de notre inclusivité, de notre sexualité, de notre environnement, de notre économie… Tout semble à reconstruire, à repenser. Pour cela, il faut que nous agissions. Mais qui est ce « nous » ? Qui doit porter la responsabilité de l’avenir ? Et d’ailleurs, qui que ce soit, sommes-nous responsables de l’avenir ? Nous suggérerons d’abord que cette responsabilité incombe à ceux qui la ressentent, avant de nuancer en invoquant nos devoirs juridiques. Nous appuierons ce second point en parlant de la moralité de cette prise de responsabilité, en plus de notre obligation juridique, rappelant aussi la nécessité de cette prise de position, puis nous conclurons.
Conclusion : Nous avons vu que même si nous ne souhaitions pas prendre cette responsabilité, celle-ci nous était forcée tant que nous voulons appartenir à notre société, et revendiquer légitimement notre humanité. L’état du monde nécessite cette prise de position, et décidera du tournant que prendra le futur. Nous pouvons nous demander, pour ouvrir cette discussion, en quoi consiste la réelle liberté d’un citoyen.
4. Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?
I. La justice fonctionne grâce à l’obéissance du grand nombre : il est forcément injuste de désobéir aux lois
Rousseau : Contrat social. Kant : « Le juste ou l'injuste est en général un fait conforme ou non-conforme au devoir » -> il faut que tout le monde obéisse pour obtenir une société juste
II. La justice n’est réellement applicable qu’envers des personnes égales entre elles : dès qu’il existe un régime avec des oligarques, la justice n’est plus qu’un rapport de force, où les plus forts peuvent être exemptés de leurs devoirs
Rousseau admet que dans toute société, il existe un cas d’inégalité : l’Etat contre le reste des citoyens. Le pouvoir est, entre eux, mal réparti. Ce qui les maintient l’un et l’autre, c’est le devoir de l’Etat de protéger ses citoyens, et les citoyens doivent en échange respecter leurs devoirs. Expérience de pensée de Rawls : les gens choisiraient, s’ils le pouvaient, tous les traits qui leur permettrait de mieux vivre que les autres. Les citoyens choisissent naturellement l’inégalité, pour obtenir plus de confort.
III. L’injustice des forts mène à la désobéissance des faibles, qui veulent rétablir une forme d’égalité donc, de justice réelle, ou au moins restaurer ou enlever des avantages là où ils sont déséquilibrés
Eliot : « Il y a des moments où la violence est la seule façon dont on puisse assurer la justice sociale » -> la révolution semble être la solution la plus populaire contre l’oppression. Mao Zedung : « La révolution n’est point un dîner de gala, ce n’est pas comme si on écrivait un essai, peignait un tableau ou brodait une fleur. Elle ne peut s’accomplir avec autant de raffinement, d’aisance et d’élégance, avec autant de douceur, de calme, de respect, de modestie et de déférence. Une révolution est une insurrection, l’acte de violence par lequel une classe renverse le pouvoir d’une autre classe». Platon : « vertu par laquelle on respecte les droits des personnes en tant qu'elles sont considérées comme égales » -> sa définition de la justice. Par la révolution, on suspend le désir de vivre dans un Etat juste
Intro : La justice a été un sujet majeur de la philosophie à ses balbutiements, porté notamment par Platon, précurseur du débat autour de ce sujet. Ses travaux inspireront ses successeurs durant des siècles encore, jusqu’à nos jours. Si les questions politiques n’étaient pas les mêmes à l’époque des Grecs antiques, certaines questions ne sauraient perdre de leur intérêt : est-il toujours injuste de désobéir aux lois ? Nous répondrons à cette problématique en supposant que la justice exige l’obéissance du plus grand nombre. Puis, nous expliquerons qu’elle n’est réellement applicable qu’entre des égaux, pas des personnes de rang différent. Nous admettrons que les conflits contre la loi naissent d’injustice, pour rétablir une égalité ou des droits. Finalement, nous conclurons.
Conclusion : En conclusion, il est injuste de désobéir aux lois, mais il est parfois nécessaire de le faire pour instaurer une nouvelle justice. L’égalité entre les citoyens est la pierre angulaire de la discussion sur la justice. Rousseau disait même que les citoyens étaient « forcés d'être libres » au sein de la société, puisque c’est ce que le contrat social leur intimait, et plus, ce que le corps politique leur ordonnait par l’existence de leurs droits. Ce qui amène à la question suivante : le citoyen peut-il être ordonné d’être libre ?
5. Bien parler, est-ce bien penser ?
I. Bien parler, c’est déjà maîtriser l’art de la parole
voir la tekhnê, soit la méthode apprise par la pratique permettant de créer des œuvres ou des objets
II. Mais les belles paroles peuvent être un artifice qui brouille la raison
Socrates : « Pour moi, je croyais que les orateurs politiques et les sophistes étaient les seuls qui n’eussent pas le droit de reprocher à celui qu’ils éduquent eux-mêmes d’être mauvais à leur égard, qu’autrement ils s’accusent eux-mêmes du même coup de n’avoir fait aucun bien à ceux qu’ils prétendent améliorer » -> la rhétorique et le sophisme sont, pour Socrates et Platon, une façon de détourner les autres de la vérité tout en échouant à les faire s’élever. Ce n’est qu’un apparat
III. Bien parler, d’après les philosophes antiques, c’est parler avec raison, donc penser avec l’esprit clair
La maïeutique de Platon et Socrates : c’est faire se découvrir les autres à eux-mêmes pour qu’ils exploitent leurs richesses. Platon : « Il faut appeler philosophes ceux qui s'attachent en tout à l'essence, et non amis de l'opinion » -> philosopher, c’est une pratique ! C’est un effort conséquent de ne pas s’abandonner à nos passions, pour pouvoir avoir un discours clair, cohérent et raisonné.
Intro : Le langage est une pratique et un art, et ce depuis l’antiquité. La poésie vient du terme « poien » grec, signifiant « créer ». Ainsi, la parole permet de créer : créer un discours, créer une œuvre, mais aussi créer une réflexion. Mais existe-t-il une bonne façon de parler ou de penser ? Si oui, bien parler, est-ce bien penser ? Nous y répondrons en supposant que bien parler, c’est maîtriser l’art de la parole, et qu’une bonne tekhnê ne devrait être dépourvue d’un bon esprit ; puis nous nuancerons, en supposant qu’une bonne parole (au sens de belle parole) peut être un artifice qui brouille la raison et qui par conséquent, ne peut être bonne. Nous approfondirons le second point en explicitant les concepts de la maïeutique et de la rhétorique, avant de conclure.
Conclusion : Nous avons vu qu’une belle parole n’était pas nécessairement une bonne parole (au contraire !), et qu’il était sain de chercher à raisonner avec méthode, pour ne pas embrouiller l’esprit et le cœur de l’autre, ne pas le priver de sa réflexion propre et ne pas le tromper avec de belles paroles. Nous pouvons nous demander, pour ouvrir notre questionnement, si dire la vérité est toujours nécessaire.
Sources :
https://la-philosophie.com/citations-de-platon
https://la-philosophie.com/philosophie-platon
https://la-philosophie.com/le-gorgias-platon
https://la-philosophie.com/visage-levinas
https://la-philosophie.com/kant-morale#Kant_et_la_bonne_volonte_La_purete_des_intentions
https://la-philosophie.com/contrat-social-rousseau-resume
https://la-philosophie.com/la-conscience-philosophie
https://la-philosophie.com/critique-de-la-raison-pratique-kant
https://la-philosophie.com/philosophie-morale
https://la-philosophie.com/principe-responsabilite-jonas
https://la-philosophie.com/inconscient-definition-philosophie
https://la-philosophie.com/citation-aristote
https://la-philosophie.com/kant-paix-perpetuelle-projet
https://la-philosophie.com/pouvoir-de-la-non-violence-pourquoi-la-resistance-civile-est-efficace
https://la-philosophie.com/guerre
https://la-philosophie.com/la-republique-platon
https://la-philosophie.com/libertarianisme-nozick-anarchie-etat-utopie
https://la-philosophie.com/la-raison-detat-chez-kant-machiavel
https://la-philosophie.com/homme-nait-bon-societe-corrompt-rousseau
https://la-philosophie.com/la-violence-en-philosophie
https://la-philosophie.com/letat-detient-le-monopole-de-la-violence-legitime-weber
https://la-philosophie.com/faiblesse-de-la-violence
https://la-philosophie.com/philosophie-hobbes
https://la-philosophie.com/philosophie-rousseau