Dans cette pièce, l’un des personnages principaux, Winnie, est enterrée vivante dans un gros mamelon et s’enfonce de plus en plus profondément. Personne ne l’entend, personne ne s’adresse à elle, personne ne lui répond. Le texte est composé de didascalies très nombreuses, souvent plus longues que le texte lui-même.
Samuel Beckett
L’auteur de la pièce, Samuel Beckett, est un auteur et dramaturge du XXe siècle. Il est d’origine irlandaise et né en 1906. Il écrit d’abord des romans, notamment Molloy ou L’Innommable, puis se spécialise ensuite dans le genre théâtral. Il est célèbre pour son style dramatique, mais empreint d’humour, connu pour dénoncer l’absurdité de certaines situations et notamment de la condition humaine, profondément pessimiste. Il reçoit le prix Nobel de Littérature en 1969 pour l’ensemble de son oeuvre, souvent critiquée comme étant trop lapidaire et trop abstraite. Il publie En attendant Godot en 1952, qui sera très vite l’un de ses plus grands succès. Son texte crée de vives polémiques, par écrit ou lors des représentations théâtrales. Beckett refuse systématiquement d’expliquer ses textes, ce qui participe au mystère qui entoure certaines pièces.
La pièce a été rédigée peu de temps après la Deuxième Guerre mondiale, qui a amené les dramaturges et de nombreux auteurs à s’interroger sur le sens de la vie, la mort, l’absurdité des guerres, etc.
Les personnages principaux
Deux personnages principaux forment la pièce Oh les beaux jours.
La protagoniste s’appelle Winnie, elle est une femme d’environ cinquante ans. Elle réalise un immense monologue, peu cohérent, et semble vouer une obsession aux objets du quotidien tirés de son sac à main. Toute la pièce est centrée sur Winnie. Beckett démontre ici le poids du quotidien, pour les gens qui vivent jour après jour les mêmes choses, et choisissent de vivre en attendant que le temps passe.
Son mari, Willie, ne lui répond quasiment jamais, ou par onomatopées. Il tente en vain de gravir la pente du mamelon géant dans lequel sa femme est enterrée. Mais son discours est toujours très bref, peu cohérent.
Résumé de l’oeuvre
Oh les beaux jours est une pièce de théâtre en deux actes.
Dans le premier acte, Winnie est enterrée vivante dans un mamelon géant et monologue pendant que Willie est assoupi juste à côté d’elle. Willie est endormi et ne se réveille pas malgré les multiples sollicitations de Winnie.
Winnie converse toute seule, semble ne pas interagir avec l’environnement. Elle est focalisée sur le contenu de son sac à main, sort des objets, les range, les ressort, boit, range, etc. Elle se plaint de ne pas parvenir à occuper sa journée, seule dans le désert. Elle sort puis range un revolver qui est dans son sac à main, dont le contenu semble infini. Son monologue lui aussi semble infini, puisque Willie ne lui répond jamais.
Au bout d’un certain temps, Willie prend enfin la parole, mais cela ne dure pas longtemps. Et Winnie reprend son monologue de lamentation, de prière et l’observation de ses objets banals du quotidien, en attendant la sonnerie qui marquera la fin de la journée et de la souffrance de Winnie.
Dans l’acte II, la sonnerie retentit de nouveau. Winnie est enfoncée encore plus profondément dans la terre. Willie continue de ne pas répondre à ses sollicitations. Winnie se plaint une nouvelle fois de sa solitude et de la longueur de sa journée. Elle ne prie plus. Le monologue continue encore et encore, devient de plus en plus incohérent.
À la fin de la pièce, Willie finit par sortir de sa cachette derrière le mamelon, et venir sur le devant de la scène. Malgré les multiples demandes de Winnie, il ne lui répond pas. Il s’approche d’elle, et finit par prononcer WIN, une seule syllabe. La scène se termine sur un long regard échangé entre les deux protagonistes.
Les thèmes abordés dans l’oeuvre
Les principaux thèmes abordés par Beckett sont :
- Le rejet de la convention théâtrale. Le lieu de la pièce n’est pas conventionnel (un mamelon), de même que les dialogues qui sont non conventionnels voire sans grand intérêt. Becket veut marquer ici sa désapprobation des scènes lisses et classiques, habituelles, vues et revues. Winnie est vue comme un personnage antithéatral, de même que son monologue.
- La banalité de la vie. Beckett veut ici montrer la banalité de la vie, la répétition infinie de gestes sans importance (utilisation ici du comique de répétition). Beckett se moque ici de l’inconscience fataliste de Winnie qui ne semble pas avoir réalisé que sa mort est très proche, et continue encore de se rapprocher.
- L’angoisse du temps qui passe et du temps mort. Winnie tente de meubler ses journées, de trouver de quoi s’occuper alors qu’elle est coincée et immobile, comme si cela lui permettait de reculer l’heure de sa mort. Elle choisit de vivre même si son existence n’a aucun intérêt, pour contrer son angoisse du temps qui passe.
Oh les beaux jours est une pièce à la fois tragique et comique, ironique et pessimiste, et pourtant teintée d’humour. Beckett y manie avec brio plusieurs procédés stylistiques, et dénonce ainsi la banalité de la vie, l’ironie du genre humain.